Le monde arabe entre patrimoine et modernité

1 Avant propos
A la croisée des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication (NTIC), des contraintes mondialisées liées au développement durable et à la transition écologique et énergétique qui s’annoncent pour le 21ème siècle, ce travail tend à montrer dans quelle mesure les enjeux de la mondialisation constituent une opportunité plus qu’un danger sur la culture et les droits fondamentaux des peuples arabes.
Plus généralement, le caractère systémique des paradigmes technologiques propre à la mondialisation, accentue la stérilité de la paranoïa politique des dirigeants arabes et sanctionne sévèrement leur incompétence.
Dans les civilisations arabo-islamiques, le discours religieux officiel, fut constamment au service des classes dirigeantes et lié à l’élite et au pouvoir. Les régimes politiques souffrent de cet héritage et le crédo politico-religieux qui les fonde tout au tant, ait suffisamment résisté à l’érosion générale des valeurs. La plaque tournante du 12ème siècle (étouffement de toute liberté de création par conjugaison des despotismes politiques et des intégrismes religieux) est toujours d’actualité. En stoppant le développement scientifique, ils privèrent les peuples arabes de leur avenir qui se cristallise dans l’assimilation des bases scientifiques et technologiques occidentales pour la création des technologies originales, l’acceptation d’une «identité multiple» et la maitrise des facteurs culturels de développement !
Par ailleurs les enjeux politiques et financiers de plus en plus intégrés et mondialisés, soulèvent différentes interrogations sur la gouvernance des Etats ainsi que sur l’administration de compétence en matière de gestion à haut rendement des tissus économiques nationaux, en rapport avec la problématique des inégalités et de la démocratie économique et politique soulevée avec rigueur par les organisations de développement mondiales.
la dérision conviviale dessine un portrait passionnant : celui du monde arabe éclaté , sans quiescence, sans persévérance et en pleine mutation, qui s’apprête à entrer dans un nouveau monde complexe et à multiples facettes, sans pouvoir assimiler avec quiddité les paradigmes de la modernité nourris de l’universalisme scientifique , de l’efficacité technologique, de l’esprit critique et de la démocratie. Le progrès dépend indéniablement aujourd’hui du degré de corroboration et de l’utilisation à bon escient des leviers mondialisés de la technologie et du développement.
Il a fallu que le monde arabe devienne un immense espace de mouvements sociaux (non porteurs de la quintessence de la Renaissance, sans identité historique propre et sans paradigmes de développement), pour qu’un changement relatif s’opérât. Mais de la manière la plus confuse : il subit la pire aliénation qui s’exprime dans le blocage qui immunise la culture démocratique et interdit le développement.
Bien en amont des mouvements de l’intifada, les dirigeants (dont le pouvoir est à dominante ancestrale) ont leur part de responsabilité dans la préparation de ces circonstances favorables à l’émergence de la crise de la pensée politique arabe contemporaine.
2 La question de développement :
La permanence du sous-développement du monde arabe n’est pas seulement le produit (historiquement constitué) de la domination capitaliste mondiale (facteur extérieur), mais elle est avant tout le fait d’une défaillance des compétences (à l’intérieur) en matière d’assimilation des pensées universelles, de conception de modèle économique de développement, d’adaptation aux nouvelles innovations technologiques et de maîtrise des sciences fondamentales et des sciences sociales et humaines.(1)Le sous-développement spécifiquement araboislamique, est aussi le fait d’un malentendu théorique et historique qui s’est formé autour du concept de démocratie. Elle n’a pas le même sens dans notre patrimoine et dans la pensée politique rationnelle occidentale : Sa signification dans notre patrimoine oscille entre l’Achoura-الشورى -(référence théorique et historique) et les visions de réforme(2) qui posaient méthodologiquement l’unique nécessité d’apporter des améliorations au pouvoir au moyen de conseils et de discours rhétoriques sans lui opposer une alternative de changement radical(3).
Alors que la «démocratie», en occident, est issue d’un combat direct et ouvert contre le despotisme et la tyrannie pour lui substituer un régime politique issu de la volonté populaire et le multipartisme et où la nouvelle autorité légitime, exprime et «engage sa responsabilité devant le peuple et non devant Dieu» (M. A. Jabri ) sans s’ériger en institutions sacralisées susceptibles d’être incarnées par des éventuels détenteurs charismatiques du pouvoir aristocratique.
Aux défaillances des compétences, s’ajoutent le rattachement excessif au patrimoine(4) , la reproduction de son volet « irrationnel » («imparfait»)(5) et obscurantiste(6), qui s’érigent en obstacles culturels et structurels au progrès et à la Renaissance !
Nous trouvons dans ces paradigmes théoriques et méthodologiques, les paramètres qui permettent de mettre en exergue les handicaps majeurs à la reconstruction d’un modèle idéal de démocratie et à l’élaboration de modèle de développement de la Renaissance à la hauteur du patrimoine philosophique et scientifique arabo-islamique.
Le décalage des pays arabo-islamiques (y compris le Maroc) par rapport aux nations anciennement industrialisées et aux pays nouvellement émergent, réside justement dans cet abandon progressif et constant des pensées fondatrices de la renaissance et des méthodologies universelles de construction de la démocratie en tant que paramètres incontournables d’un réel changement (7) alternatif au despotisme politique et aux incompétences flagrantes des élites dirigeantes en matière de développement économique et de gestion de bonne gouvernance.
La permanence d’un tel abandon a durablement mis les dirigeants arabes dans l’impossibilité de se présenter aux «rendez-vous de l’Histoire» : de développement rationnel et séculaire, de maîtrise des sciences et techniques, d’innovation, de formation de l’esprit critique et de conception de démocratie adaptée aux cultures et aux droits fondamentaux des peuples.
En dehors de la problématique du « changement» (ou transition) que les élites intellectuelles arabes n’arrivent pas à appréhender et à assimiler équitablement au double plan politique et philosophique, sans se démarquer méthodologiquement de la pensée historiciste (plaidant pour la préservation du statut quo et non pour un changement alternatif radical), la question de «développement» (en tant qu’ ensemble d’actions qui fait passer une collectivité d’un type de société à un autre, défini par un degré plus élevé d’intervention sur elle-même et une maîtrise réelle des sciences et techniques..), demeure mal posée, en raison de l’abandon du volet rationnel du patrimoine, à l’origine de l’immobilisme politique et de la paralysie de l’intelligentsia arabe .
Cette double imperfection a indéniablement contribué à la reproduction permanente de l’idéologie officielle de l’obéissance engendrant ainsi un décalage irrémédiable des élites intellectuelles et politiques par rapport à l’essence de l’esprit critique qui marqua les débats philosophiques entre les représentants de la «modernité» et de la «postmodernité», voire de l’ «hyper-modernité».(8)
Nonobstant les apports des éminents penseurs du Renouveau de la première moitié du 20ème siècle, tels que
Ali Abderrazik)(9) (critique du processus de légitimation à caractère religieux et de la nature despotique des régimes politiques qui s’inspiraient du «califat») et Khalid Mohamed Khalid ( lien organique entre démocratie et progrès ), la pensée de la Renaissance (Annahda) reste lettre morte dans les programmes de formation du monde arabe, sans corroborer et mettre en exergue les apports méthodologiques :
*des premiers innovateurs (de l’islam) de la Rationalité Universelle (52patrimoine politique et moral hérité des «Khalifes bien guidés» - خلفاء الراشدين-) ;
*de l’Ecole de pensée philosophique classique initiatrice de la neutralité de la raison philosophique vis-à-vis de la raison religieuse (Alkindi, Ibn Roshd, Ibn Khaldoun-) ;
*des fondateurs du réformisme de la Renaissance(Afghani, Abdou.);
*et des récentes innovations philosophiques élaborées par les représentants du «renouveau» de la pensée arabo-islamique.
L’abandon des grandes méthodologies de pensée de la Renaissance (tout au long des siècles passés depuis l’âge d’or abbasside ) qui font la fierté de l’islam que nous avons recensés dans l’histoire arabo-islamique, et qui ont largement contribué à l’enrichissement de la pensée philosophique et politique universelle, fut consolidé ( depuis l’accès à l’indépendance politique formelle du milieu du 20ème siècle) par l’incompétence généralisée et gravissime ayant affecté la formation des élites et des dirigeants politiques arabes en matière de conception de démocratie, d’élaboration de réels modèles de développement économique et d’assimilation des sciences et techniques .
En l’absence d’institutions démocratiques, les dirigeants politiques du monde arabe se sont éloignés significativement des ambitions sincères des élites intellectuelles de leurs pays de la première moitié du 20ème siècle, qu’Anouar Abdelmalek (10) ait pu répertorier et intégrer au concept de «pensée politique arabe contemporaine», en prenant en compte le rôle déterminant des «facteurs de l’unité nationale et culturelle du monde arabe» ( la langue arabe et le mouvement national arabe), et des «courants de pensée» les plus influents ( le «réformisme islamique», le «modernisme libéral», le «socialisme» et le marxisme arabes) solidement soudés tout au long de la deuxième moitié du 20ème siècle par la « révolution palestinienne ».
Les imperfections d’ordre méthodologique de la pensée politique arabe (qui se sont combinées à l’abandon durablement entretenu du volet rationnel du patrimoine tout au long de l’histoire), ont connu plusieurs étapes :
*Etape charnière de la Renaissance éphémère qui fut marquée par les mouvements d’indépendance nourris de l’éclosion culturelle égyptienne de la première moitié du 20ème siècle et enrichis de l’apport du réformisme de la Renaissance
(d’A. A. Afghani et de M. Abdou) porteur du concept central de l’ «unité de la communauté islamique». Cette étape charnière fut suivie de la prise de conscience de l’échec (enregistré à partir des années 1970) des modèles de développement économique et de formation de la démocratie au sein des «régimes sécuritaires» arabes d’obédience libérale (Maroc, Tunisie, Liban), nationaliste (Algérie), baâssiste (Syrie, Irak), nassérien (Egypte) ou aristocratique (monarchies du golf);
*Etape de la dégénérescence de la pensée politique arabe contemporaine (à partir des années 1980), marquée par les incompétences affichées des élites politiques et intellectuelles à se mettre au niveau avec les nouvelles exigences mondialisées de développement (gestion rationnelle de l’économie et de la finance, assimilation des nouvelles technologies, intégration maitrisée dans la mondialisation) au fondement de la consolidation des économies des pays émergents.
C’est pourquoi la victoire légitimement politique et populaire des islamistes au cours de la concrétisation des premières élections libres post-Intifada, a engendré une grande secousse politique mondiale et régionale : La conversion des mouvements de contestation populaires en guerre civile en Syrie, l’instigation du coup d’Etat militaire contre le président islamiste légitimement élu par le peuple en Egypte, l’embargo orchestré par l’occident sur le Conseil National de Transition en Libye en raison de l’emprise des islamistes modérés sur les nouvelles institutions politiques et militaires , constituent des illustrations d’un nouveau plan global élaboré par les services secrets américains, israéliens et égyptiens, en accord avec les monarchies arabes pour mettre à terme aux nouveaux acquis politiques réalisés par les islamistes majoritaires après l’Intifada. Il s’agit d’interrompre le processus historique qui générerait la naissance des premiers actes fondateurs de la démocratie et de la Renaissance dans le monde arabo-islamique, à savoir la réhabilitation de la volonté du peuple et l’élection libre et démocratique des nouveaux dirigeants arabes.
Les mouvements de l’Intifada arabes doivent être dotés de visions universelles du changement qui avaient nourri les célèbres révolutions à l’origine du progrès scientifique et technique et du développement de la démocratie transparente et participative plus particulièrement en Europe et aux Etats Unis.
En l’absence de vision théorique de modèle de développement et de l’ignorance affichée des principes universels qui sont au fondements de la lutte des peuples contre le despotisme, les mouvements de l’Intifada d’ampleur national ou régional risqueraient de devenir des proies faciles de leurs opposants (extérieurs et intérieurs), comme ils seraient condamnés à fonctionner à moyen terme comme des contestations éphémères, manipulables, voire récupérables. Les mouvements de jeunes de l’Egypte ( de l’après coup d’Etat) constituent l’illustration la plus significative de cette défaillance de l’histoire contemporaine arabe!
3 LE DÉCALAGE DU MONDE ARABE PAR RAPPORT AUX EXIGENCES ÉCONOMIQUES ET TECHNOLOGIQUES DE LA MONDIALISATION
Au moment où l’Occident entama à partir de la fin du 20ème siècle sa 3ème révolution technologique ( grâce aux Technologies Numériques) pour améliorer la qualité de vie des citoyens et préserver les droits fondamentaux des générations futures, le monde arabe continua de reproduire les aspects structurels du sous-développement et de maintenir encore une fois son décalage par rapport aux exigences de développement durable, de l’investissement dans le savoir, de l’assimilation des nouvelles technologies ayant servi aux pays émergents de moteurs de leur intégration maitrisée dans la mondialisation.
D’autant plus que les contraintes technologiques, énergétiques et écologiques ainsi que les perspectives de développement qu’impose la mondialisation, sont consolidées par la mise en œuvre de nouveaux outils de gestion hautement perfectionnés du monde de l’économie et de la finance qui supposent une assimilation des T.I.C.( Technologies d’Information et de Communication) et des techniques liées à la S.E. (Sécurité Economique) et à l’I.E.(Intelligence Economique) dans le cadre nouvellement crée de la généralisation et de l’interconnexion informatiques des services, des activités économiques, des marchés et des banques.
Ils se conjuguent au processus de dématérialisation de la monnaie et aux nouvelles capacités des Etats et des institutions financières internationales à créer d’importantes masses monétaires pour consolider leur emprise sur les économies des différents pays retardataires. Comme ils posent la nécessité d’assurer à l’intérieur le «développement durable» qui tiendrait compte des contraintes écologiques et énergétiques susceptibles de consolider l’investissement dans le savoir, de protéger la santé publique et de préserver les droits fondamentaux des citoyens et des générations futures.
Dans ce nouveau monde qui nécessite et recommande la formation de puissants pôles de développement ( Etats-Unis, Europe, Chine, pays émergents en l’occurrence), nous ne voyons pas comment les nations arabes pourraient réaliser leur mise à niveau avec les enjeux complexes de développement durable, de la maîtrise des nouvelles technologies et des modes de gestion de plus en plus perfectionnés de l’économie et de la finance internationale, sans la création d’une Union inter-arabe (à l’instar de l’Union Européenne), en tant que cadre institutionnel et spatial qui permettrait de corroborer la «culture arabe» en tant que paramètre de changement, d’assimilation du progrès scientifique, de diffusion de la «fonction technologique» et d’intégration au processus de développement économique.
Ahmed SAIDY)
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NOTES
(1)*Tout en étant conscient des problèmes épistémologiques et méthodologiques posés par le comparatisme et pour paraphraser A.Laroui, le modèle occidental est retenu ici comme un « élément de comparaison, non comme un terme de référence» (Voir A. Laroui : «Islam et modernité »- Centre Culturel Arabe- 2001) ; *Hassan Hanafi : souhaite transformer les «sciences traditionnelles» en sciences humaines, les «sciences du fikh» en méthodologie de recherche et en sciences économiques, le soufisme en psychologie et morale ; *Mohamed Arkoun : Sur la base de recherche pluridisciplinaire (sciences humaines, anthropologie, philosophie, science de l’histoire), appelle au dépassement de la pensée juridique islamique qu’il considère introvertie ( تجاوز الانغلاق الفقهي) et au «renouveau» de la pensée religieuse ( تحديث الفكر الديني ) en conciliation avec la modernité (الحد ا ثة).
(2)Il s’agit de modèles inspirés des fondateurs de la pensée de la Renaissance (J. A.Al-afghani, Alkawakibi, M. Abdou) et des théoriciens du salafisme radical (H. Elbenna, Said Kotb,) en l’occurrence.
(3) *-A. Laroui considère la «pensée arabe» comme étant de nature d’«expression et de langue» et non de « réalisme et d’action», à l’instar de Mohamed Abid Jabri qui relève sa nature idéaliste ; elle n’est pas liée selon lui à la Raison( العقل ), de prédominance littéraire(اللغة), d’éloquence(الفصاحة), de style et de communication ( البيان) .
*-M. A. Jabri minimise l’apport de la «pensée arabe» qui n’oppose pas de concept suffisamment élaboré de «démocratie» réellement alternatif aux régimes despotiques. Sur le plan philosophique, il s’appuie méthodologiquement sur les apports d’Aristote et d’Ibn Roshd , tout en optant pour les visions idéalistes de Kant et de Hegel ; il fonde ses propositions en matière de reconstruction de la «pensée arabe » ( العقل العربي) sur de nouveaux critères formulant des questions cruciales, telles que : L’identité ( الهوية ) qu’il lie historiquement à la cohésion nationale(القومية ); la démocratie( الديمقراطية) ; la question culturelle ( القضية الثقافية ).
(4) Abdellah Laroui relève le caractère ambigu et incomplet des concepts de : liberté, de pensée, de l’histoire, de l’Etat dans la « pensée arabe » et l’attachement unilatéral et excessif au patrimoine, qu’il considère comme des raisons de la stagnation des sociétés arabes ;
(5) Zaki Najib Mahfoud pose la nécessité d’écarter le «volet négatif » de notre patrimoine ( الجا نب الامعقول في الثرات العربي) et de préserver l’autre «volet positif ou rationnel»(الجانب المعقول في الثرات)
(6) Hassan Hanafi : Nos sociétés ont besoin de réhabiliter la Raison contre les superstitions ; l’homme musulman est «assiégé» entre les «divinités» et les «sciences» de la sagesse», absorbé et mis à mort au moyen du soufisme------
(7) La méthodologie développée par Karl Popper en tant que représentant du «rationalisme critique», qui remet fondamentalement en cause la méthodologie historiciste et stationnaire platonicienne, complète les thèses marxienne et khaldounienne, en ce sens qu’elle définit les éléments universels du changement social, au lieu d’opter pour la préservation du statu quo et de la stagnation. Pour Karl Popper, il y’a nécessité pour toute étude qui prône la rigueur scientifique, du recours à la «technologie sociale» ou l ’introduction de la critique et de la démocratie comme fondements de la Raison, qui doit se combiner à la «sociotechnique», c'est-à-dire une conjugaison des lois naturelles de la société et la création d’institutions susceptibles de protéger la critique et la démocratie, bref d’une structure étatique susceptible de garantir la maitrise des Sciences et de protéger la liberté de pensée et les droits de l’Homme.
(8) Si la «modernité»(الحداثة) est issue de la philosophie des Lumières (Locke, Kant, Spinoza, Rousseau, Montesquieu, Descartes, Hegel), la «postmodernité»(ما بعد الحداثة) a connu deux étapes : la première , marquée par les apports critiques de Nietzsche et de Heidegger ayant remis en cause la «volonté de puissance» du rationalisme occidental (engendrant des imperfections tels que : le colonialisme, le racisme, l’européocentrisme, le fascisme, l’antisémitisme), et la deuxième marquée par les critiques formulées par Foucault, Darida, Léotard, Vatimo ainsi que par les philosophes de l’Ecole de Francfort tels que Adorno et Habermas. Alors que l’hyper-modernité ( الحداثة الزائدة) entamée par Lipovetsky et Marc Augie qui relèvent l’importance que prend l’individualisme dans une société plus libertaire et plus critique à l’égard de la mondialisation accélérée, annonce l’amorce des risques liés : à la «fin de l’Histoire» (نهاية التاريخ ) , au temps chaotique (ازمن فوضوي وأعمى), à la catastrophe nucléaire (كارثة نووية), à l’emprise sur les Libertés des technologies d’Information et de Communication et à la révolution des nouveaux besoins…
(9) Ali Abderrazik : «..Par tous les moyens ils ( les Sultans) font croire aux gens, qu’obéir aux imams c’est obéir à Dieu, que leur désobéir , c’est désobéir à Dieu (…) Tel a été le crime des rois et leur tyrannie vis-à-vis des musulmans; ils les ont détournés du droit chemin (..) au nom de cette même religion, les ont tyrannisés, humiliés, et ont interdit l’étude des Sciences politiques. Ils les ont trompés et emprisonné leur raison… », ce qui « provoque une extinction des facultés de recherche et de la spéculation intellectuelle chez les musulmans, qui furent atteints de paralysie en matière de philosophie politique et en tout ce qui touchait au califat et aux califes.. » « Rien dans la religion, n’interdit aux musulmans d’entrer en compétition avec les autres nations dans les sciences de la société et de la politique…Rien ne leur interdit..d’édifier les règles de leur royauté et l’ordonnance de leur gouvernement conformément à ce que les esprits humains ont inventé récemment, et que les exigences des nations ont démontré être ce qu’il y’a de plus solide en matière de bons principes de gouvernement » (In : «وأصول الحكم الاسلام » “L’islam et les fondements du pouvoir » - Le Caire 1925 ;
(10) Anouar Abdelmalek : « La pensée politique arabe contemporaine » -Editions du Seuil – Paris 1970.