mardi 4 septembre 2018



 Echec de la politique de la décentralisation, reproduction du caractère théorique des dispositions constitutionnelles et bureaucratisation des partis politiques

1°-Echec de la politique de la décentralisation

Des efforts incessants de réformes ( particulièrement depuis l’avènement des gouvernements d’alternance) pour réaliser progressivement le passage d’une vision étatique centralisée à une gestion décentralisée et de déconcentration qui visait en principe l’instauration et la dynamisation d’une gouvernance locale, en symbiose avec la mise en œuvre d’une démocratie locale de proximité et du « nouveau concept d’autorité».

Mais une telle structure régionale, n’a pas pu répondre positivement (en tant qu’acteur économique dynamique) aux exigences extérieures de croissance et de développement (renforcement de la compétitivité, maîtrise des processus de délocalisation industrielle, création d’entités de production réellement technologiques à la hauteur des défis et des exigences de la mondialisation économique).
L’ensemble de ces réformes (de régionalisation, de décentralisation et de déconcentration, voire même de «régionalisation avancée»), n’ont malheureusement pas abouti jusqu'ici à l’instauration d’une gestion de bonne gouvernance des affaires locales et régionale et de proximité, en raison de l’incompétence et de l’absence de formation de haut niveau des élus locaux, de la permanence de la bureaucratisation de l’administration (rongée par la démotivation , la corruption et la déficience du sens du devoir national sans initiatives efficaces de gestion des ressources humaines), et de la gestion irrationnelle des ressources financières et du patrimoine culturel et matériel.
Plus gravement encore, ce modèle de gouvernance locale et régionale n’eut pas été doté au préalable de moyens matériels et humains pour s’inscrire dans les perspectives de développement durable (activités d’investissements créatrices de richesses et d’emplois, formation scientifique et technique, formation professionnelle de haut niveau, maîtrise des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication- N.T.I.C., recherches et développement, transition écologique et énergétique ) ;
Pire encore, les structures fonctionnelles issues de la décentralisation n’ont pas seulement échoué en matière de gestion de bonne gouvernance et de proximité, mais elles ont servi jusqu’ici de leviers économico-financiers à la consolidation des intérêts et des groupes privés au détriment des populations en situation précaire.
Ces grands groupes privés sont soudés par un système complexe et maîtrisé de clientélisme et de relations privées hautement efficaces et qui sont aménagés et supervisés par des hommes obéissants et sélectionnés sur mesure en dehors des compétences des cadres du peuple, pour enfin former une sorte de toile d’araignée sur l’essentiel des secteurs clés de l’économie marocaine ( agro-alimentaire, services, transports, téléphonie mobile, immobilier, exploitations agricoles, pêche, banque et assurance, grande distribution, tourisme, partenariats avec les grandes entreprises étrangères, exploitation et promotion des secteurs du grand luxe et des grandes marques
Ainsi en raison de cette symbiose des intérêts privés et des actions économiques publiques et suite à la concentration faramineuse des richesses et de la mainmise quasi-totale de ces groupes de pressions et de leurs alliés satellites sur le secteurs d’activité à haut rendement et sans risques , l’économie marocaine se trouve ainsi prise en otage par le système complexe de leur clientélisme affiché et bien encadré, et toute politique de modernisation du pays passe nécessairement et obligatoirement par l’enrichissement des grandes familles qui les contrôlent et les représentent
Même les projets et les traités conçus dans le cadre de la diversification des échanges internationaux (Afrique subsaharienne, monde arabe en l’occurrence), inscrits dans la nouvelle lignée de la politique étrangère du pays, profitent essentiellement aux grands «groupes de pression», sous couvert du «nationalisme» teinté exclusivement d’esprit d’élitisme économique et de recherche de plus de richesses et de profit , alors que les couches populaires, la grande partie de la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises (PME) non intégrées au système de clientélisme et de parenté de ces «groupes de pression», continuent de supporter le coût d’une gestion économique de monopole et d’exclusion entretenue au double niveau intérieur et extérieur.

Quatre concepts opératoires doivent être pris en compte pour servir de grilles d’appréciation de toute réforme structurelle liée à la décentralisation et à l’aménagement du territoire :
1*La proximité (gestion de bonne gouvernance et de proximité);
2*La simplification ( gestion administrative et procédures liées à la vie quotidienne des citoyens et des investisseurs) ;
3*La compétence ( définition des compétences des nouvelles structures en matière de développement d’infrastructures liées aux équipements sociaux, à la recherche et à la maitrise des contraintes écologiques et énergétiques);
4*L’économie (maîtrise des dépenses et perfectionnement de la fiscalité locale ).

2°) Reproduction du caractère théorique des dispositions constitutionnelles et bureaucratisation des partis politiques

Il ne s’agit pas d’inscrire des orientations en termes de développement, de décentralisation et de régionalisation etc. dans le texte-même de la Constitution pour faire croire à leur relance et à leur mise en application !
Ce ne sont pas des discours et des productions littéraires et législatifs à caractère théorique qui font bouger et réformer les sociétés. Ce sont plutôt des conditions préalables concrètes liées essentiellement à une réelle volonté politique qui émanerait du haut de la pyramide du pouvoir, à la formation de partis politiques non bureaucratiques aptes à «produire» des élites dirigeantes hautement efficaces, à la formation d’une classe dirigeante soucieuse des intérêts supérieurs de la nation, à l’ouverture aux compétences nationales dans divers domaines de connaissances liées plus particulièrement aux méthodologies des sciences de développement et à une bonne gouvernance, voire à une gestion d’excellence !;
Les Sciences politiques ayant servi d’outils méthodologiques d’élaboration des Constitutions et des différentes institutions démocratiques fonctionnelles en occident (Europe et Etats-Unis en l’occurrence), nous enseignent que la discordance entre l’énonciation constitutionnelle (y compris par un chef d’Etat charismatique et de bonne volonté ) et la mise en œuvre de politique de réformes structurelles ( plus particulièrement de séparation réelle des pouvoirs et des politiques économiques de développement qui en résultent ), constitue durablement un obstacle aux changements structurels et à la mise en œuvre d’une gestion rationnelle de développement, et seule une réelle volonté politique de l’ensemble des acteurs en présence ( classe dirigeante, partis politiques, cadres de l’Etat, organisations de la société civile ), pourrait permettre de dépasser le caractère théorique de ces énonciations constitutionnelles et juridiques.
De même qu’elles nous enseignent que dans les pays à régime politique despotique ou obscurantiste, certaines dispositions constitutionnelles engendrent généralement un «verrouillage» juridique des options politiques démocratiques essentielles qui ouvriraient droit aux élus locaux de promouvoir une bonne gouvernance et à l’institution du gouvernement d’opérer des changements structurels et de jouer pleinement son rôle d’instigateur de développement !
Nous estimons que ce ne sont pas les textes législatifs ou les options constitutionnelles nouvelles théoriquement permissives de développement et démocratie, qui manquent au pays pour entamer un développement durable et se mettre à niveau par rapport aux grandes démocraties modernes, mais plutôt la gestion rationnelle de compétence qui se combinent aux déficiences des attributions réelles et fonctionnelles d’un gouvernement représentatif de la majorité politique issue des urnes. Celui-ci doit nécessairement être libéré des limites constitutionnelles et idéologiques qui l’empêchent de jouer pleinement son rôle d’instigateur de développement et d’intégration des compétences nationales et internationales dans divers domaines des sciences et techniques, de l’économie et de la finance, à l’instar des attributions dont bénéficient les différentes majorités politiques au sein des démocraties modernes !;
Seuls des partis minoritaires et incompétents (en raison du caractère bureaucratique de leur organisation interne et de l’absence de l’ouverture aux compétences nationales), eurent été désignés (du haut de la pyramide du pouvoir) pour gérer d’une manière technophile les affaires générales du pays.
La consolidation de la démocratie passe avant tout par une réforme approfondie des partis politiques en tant qu’acteurs dynamiques et producteurs rationnels des élites dirigeantes compétentes du pays.

Les réformes des partis politiques exigent au préalable :

-le dépassement de l’étroitesse de l’esprit partisan et la consolidation d’une formation axée sur le civisme, la primauté à la défense des intérêts supérieurs de la nation et le recensement des compétences dans divers domaines de connaissances en rapport avec la formation de la démocratie et le développement économique du pays ;
-la consolidation de la démocratie interne ;
-la lutte contre le sectarisme et la nature bureaucratique de leur organisation interne en vue du renouvellement de leurs cadres dirigeants ;
-La constitution d’une Autorité de contrôle externe, indépendante et certifiée des comptes de gestion, de financement et de campagne des partis, qui aura pour rôle : d’éviter les dérives de leurs dépenses, de réglementer le financement privé qui doit être justifié, transparent et plafonné pour chaque personne, d’auditer leur gestion au cours et après les campagnes électorales.
Ahmed SAIDY

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1 commentaires:

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