Les principes de la pensée théologique chiite (Sunnisme et chiisme TITRE II)
Les principes de la pensée chiite
+Les Chiites font une « occultation de l’imam », et croient au cycle continu de la wilayat en prolongement du cycle du Prophète Mohamed . Ce cycle post-prophétique est permanent jusqu’à la fin des temps : il s’agit de « prophétie ésotérique » (Annoubouwa albaténya ) ;
+La prédominance de l’état de l’«attente» : tout est suspendu face aux hommes en raison de croyances spécifiquement chiites vers un futur incertain : celle de la Justice de Dieu, celle de la wilayat de Ali, et puis celle de l’imam attendu Elmahdi ;
Il s’agit fondamentalement pour les Shiites, d’un « modèle idéal de gouvernement islamique » qui aurait pu fonctionner comme tel, si les Khalifes successeurs du Prophète ( en l’occurrence Abid Bakri et Omar ) n’avaient pas (selon eux) «confisqué » et arraché injustement le « pouvoir » en écartant Ali qu’ils vénèrent comme successeur naturel et explicitement désigné par le Prophète !!.
+ L’Imamat est considéré comme le sixième pilier de l’Islam, du fait d’une éventuelle recommandation prophétique ;
L’imamat en tant que principe politique à base religieuse, est réservé exclusivement à Ali et à ses descendants. Il contredit donc le système sunnite de khalife en tant que chef temporel. La source du pouvoir des imams est donc divine prolongeant ainsi le pouvoir du Prophète , dont ils reçoivent par l’intermédiaire de Ali les enseignements qui leurs sont spécialement destinés.
+Les saints Imams (Al’a’imma almâssoumine) sont considérés dans leur tradition et leur recommandations , comme des sources de la loi et des jugements ( après le Coran et la Sunna ) destinés à gérer la vie des musulmans.
+Le Coran comporte un double sens : Un sens apparent ( Almâna adhahir) attribué à la réflexion et à l’interprétation sunnites ( ! ) et sens latent (Almâna albaténe ), celui qui ne peut être perçu et appréhendé que par les saints imams.
Plus gravement encore, ils donnent à ce sens caché une dimension qui consolide méthodologiquement et idéologiquement leur divergence avec les Sunnites, en ce sens, qu’il incarne du point de vue du chiisme une nouvelle pensée et une vision différente de la compréhension de l’Islam en général, tout en interdisant aux Sunnites la possibilité d’accéder au sens réel et caché du Coran ! (sens caché réservé selon les Shiites à leurs saints imams).
+L’interprétation de la loi est donc réservée aux imams. De ce fait, les enseignements des imams se substituent aux techniques et aux investigations relevant de l’ijamâ (ou consensus ) retenues par les Sunnites.
+Les Chiites élargissent les sources des hadiths aux imams, au lieu de se limiter comme le font les Sunnites aux compagnons du Prophète
+Ils contestent la succession de Abi Bakri au Prophète, car celui-ci avait explicitement souhaité et même recommandé Ali comme son successeur, et croient que la succession devrait se limiter à ses descendants directs et écartent fondamentalement l’un des principes de l’établissement du pouvoir en Islam suivant les recommandations du Coran, à savoir : la nécessité de la large consultation suivie de l’approbation populaire ;
a- L’orientation chiite duodécimaine (des deuze saints imams «jaâfarite»)
a1-Présentation
L’orientation du Chisme imamiste duodécimain ou « Shiites des douze saints imams », est la plus dominante de la pensée islamique shiite et se distingue par rapport aux autres orientations en se référant aux douze imams, à commencer par Ali ben Abi Talib ( premier saint imam ), suivi successivement de ses fils Elhassan et Elhossein et ensuite des descendants exclusifs de ce dernier et en finissant par le douzième saint imam ( Mohamed ben Elhassan Elmahdi – M.255 H./873Gr.), absent et vivant destiné à ressusciter dans le futur pour rétablir la justice sur terre ( justice qu’ils croyaient confisquée en violation de la légitimité de succession de Ali au Prophète), qui n’est autre que Elmahdi l’attendu ( Almahdi almountadhar).
En partant de Ali ben Abi Talib (Premier saint imam ), et de Hassan (2ème saint imam) , la chaine de succession des «Douze Saints Imams» qui se limitent exclusivement aux descendants d’Elhossein (3ème saint imam), se présente :
Alhossein(3) - Ali Zayn Alâbidine(4) – Mohamed Albakir(5) – Jaâfar Assadik (6ème imam ) qui continue avec Moussa Alkadhim (7ème imam) au lieu d’Ismaél retenu par l’orientation ismaélite ) – Ali Al’réda(8) - Mohamed Aljawad(9) – Ali Alhadi(10) – Hassan Al’askari(11) – Mohamed Almahdi (12ème imam caché et attendu).
a2-Evolution politique du chisme imamiste duodécimain ( الا ما مية الا ثنا عشر ية )
A l’instar des déviations du système politique sunnite de la «khilafa», qui l’éloignaient progressivement du principe coranique de consultation ou «achoura» ( adopté au préalable par les Eminents premiers Khalifes dits «Arrachidyoune») pour fonctionner sur la base de la succession du pouvoir transmis du père en fils («Mulk»), le Shiisme alide (Attachayouê Alâalaoui ) a connu à son tour une évolution déviationniste spécifique ( depuis le 16ème siècle ) vers un pouvoir théocratique obscurantiste : Le «chiisme Safavide» (Attachayouâ assafawi –التشيع الصفوي -) ;Le fanatisme, l’obscurantisme et l’esprit d’exclusion des Shiites «Safavides» en Iran, n’a conduit finalement à aucune situation de progrès, et l’immobilisme politique combinée au sous-développement socio-économique, ont purement et simplement empêché toute possibilité d’engager des réformes susceptibles d’engendrer la renaissance de la société iranienne.
b–L’orientation chiite «zaydite»
-le sens du sacrifice dans son engagement effectif au combat au moyen du sabre (symbole de toute appréciation politique) ;
-la reconnaissance de Ali en tant que successeur potentiel mérité au Prophète .
Cette fraction chiite a pris de ce fait la dénomination de Zaydite par référence à ce saint imam Zayd ben Ali ben Hossein ben Ali ben Abi Talib (M. 122 H.) qui remplissait les conditions souhaitées et retenues.
Zayd ben Ali, qui avait guidé un mouvement de révolte contre le Khalide omayyade Hicham ben Abdelmalik en 122H./740Gr. Fut en même temps un personnage de référence pour les Muâtazilites, qui le considéraient comme le fervent défenseur de leur Ecole de pensée sans aucun lien avec le chiisme zaydite.
Il faut préciser, que contrairement à l’orientation imamite des douze saints imams qui reste dans son ensemble fidèle au principe de légitimité éternelle de la succession de Ali au Prophète, la plupart des fractions Zaydites reconnaissent les successions effectives de Abi Bakr et de Omar, puisque Ali avait admis lui-même une telle succession en acceptant d’accéder au poste du quatrième Khalife.
Si l’orientation des douze imams limite définitivement la légitimité de la succession au Prophète à Ali et aux descendants exclusifs d’Elhossein, les Zaydites admettent cette succession aux descendants des deux fils de Ali, que ce soit Elhassan ou Elhossein ( lignée hassanite et hosseinite), et ce, conformément aux enseignements de leur premier imam de référence : Zayd ben Ali ben Elhossein ben Ali ben Abi Talib.
Quant à la succession de leurs descendants , elle doit être réglée dans le cadre de la concertation et de consultation («Achoura») , et sans reconnaitre le principe de l’hérédité de l’imamat.
c-L’orientation chiite «ismaïlite»
En refusant cette décision ( jugée trop arbitraire) de destitution et de priver Ismaël du statut initialement prévu de «successeur saint imam», une fraction décida de se détacher de l’orientation «jâfarite» des «douze saints imams», pour suivre une voix nouvelle se réclamant d’Ismaïl tout en sauvegardant fondamentalement leur orientation imamite.
En partant donc du sixième imam Jaâfar Assadek, les Ismaéliens se détachèrent de l’orientation des « douze saint imams » - الا ما مية الا ثنا عشر ية, pour poursuivre postérieurement la succession suivante de leurs saints imams avec Ismaïl :
Ismaïl – Mohamed – Ahmed – Hossein – Ali Almu’il.
La chaine se poursuit avec les Kalifes Fatimides historiques suivants : Alqa’im(1) – Almansour (2) - Almou’iz(3) – Alaziz(4) - Alhakim(5) – Alzahir(6) – Almustansir (7) - Almoustâli(8) - Alâmir (9) – Alhafidh (10) – Adhafir (11) –Alfa’iz (12) – Alâdil (13).
Obeid Allah Almahdi ( Kalife qui ne faisait pas partie de la lignée des Fatimides, avait contribué à bâtir (après le khalife Hossein) le premier Etat fatimide au Maghreb vers 298 hégire.
L’orientation ismaïlite, en fondant et en consolidant un imamat politique, a réussi à bâtir des réelles structures politiques, entre le 3ème et le 6ème siècle Hég.
Il s’agit de l’Etat dit Fatimide ou Oubaïydite (Addawla aloûbaydya alfatémya), dont une première structure fut installée au Maghreb (premier Etat fatimide en Afrique après l’Etat du Yémen ).
L’Etat fatimide au Maghreb avait été initiée d’abord par le shiite ismaïlite Elhossein ben Ahmed Abdellah ( mort en 298H.) et dirigée ensuite par Oubaïyde Allah Elmahdi.
Cette première structure a connu une expansion en Syrie ( dont découlèrent les Druzes ) et en Egypte ( en bâtissant un solide Etat politique de 359 H. / 970 Gr. Jusqu’à 567 H./1170Gr.) .
De même qu’ils avaient fondé le Caire en la gardant comme Capitale ainsi que la célèbre université d’Alazhar.
Le pouvoir fatimide prit fin avec d’abord la conquête de la Syrie et Jérusalem par des Sunnites d’origine turque, les Saljoukides-السلجوقيون - ( vers 1070 Gr. Et ensuite avec la libération de dernier bastion des Fatimides en Egypte par le célèbre dirigeant Sunnite Salah Addine Elayoubi ( Saladin ) qui avait mis définitivement fin au pouvoir chiite fatimide en 1171Gr.
définitivement fin au pouvoir shiite fatimide en 1171Gr.
