mardi 4 septembre 2018



la radicalisation des mouvements de l’Intifada populaire (en en continuité et en renouvellement qualitatif du Mouvement du 20 février) se profile à l’horizon en raison de la mauvaise gouvernance des affaires régionales et nationales, de la non maîtrise des modèles de développement et de l’absence d’une culture démocratique chez les élites dirigeantes du pays sur fonds de la crise économique et sociale.

(TITRE I) : L’étude de la réalité politique et économique du Maroc : à propos des problèmes d’ordre méthodologique

Nous nous permettons de lancer un bulletin d’alerte par lequel nous essayerons d’attirer l’attention de la classe politique marocaine sur le risque gravissime qui pèse lourdement aujourd’hui sur notre pays (chargé d’histoire et plein de vitalité de sa jeunesse) de ne pas se présenter ( à l’instar des pays émergents) au rendez-vous des révolutions technologiques, de l’intégration rationnelle et maîtrisée à la mondialisation économique accélérée, de l’investissement dans le savoir et de la mise en œuvre des politiques de développement durable qui s’annoncent pour le 21ème siècle.
Notre appréciation-sanction des compétences (voire des incompétences) des élites politiques marocaines est fondée sur les paradigmes sociopolitiques de développement suivants:
-*Premier paradigme : Une nation ne peut s’inscrire dans la perspective de développement durable, du progrès et du bien-être sans assurer sa «transition effective de l’hérédité aristocratique à l’hérédité de mérite (de compétence) » ! Il s’agit dans le cas du Maroc de ce début du 21ème siècle de la mise à l’écart systématique du critère universel de compétence pour le compte du système obscurantiste hérité des deux grandes périodes historiques : dynastique (hérédité de type familial et féodale engendrant la généralisation du clientélisme à tous les niveaux sociaux et économique du pays) et coloniale(soumission de l’ensemble des citoyens et des cadres de la nation à la hiérarchie pyramidale rétrograde issue de la colonisation).
L’exemple de la France est hautement significatif à ce sujet : l’ambition de Bonaparte d’assurer la «transition effective de l’hérédité aristocratique à l’hérédité de mérite (de compétence) », fut réalisée grâce au rôle primordial des élites dirigeantes issues des Grandes Ecoles ( ENA, Ecole Polytechnique, Sciences po. Etc.).
-*Deuxième paradigme qui permet malheureusement de sanctionner les élites dirigeantes de la société politique marocaine, nous l’avons repéré dans la symbiose méthodologique d’Ibn Khaldoun/Machiavel résumé avec excellence par Machiavel lui-même, à savoir que: «Tout Etat atteint de corruption …ne peut plus être sauvé même si on lui donne les meilleures lois et la Constitution la plus rationnelle» !
En effet, la modernisation de façade qui a profité jusqu’ici aux seules élites dominantes ralliées aux lobbys économiques, financiers et commerciaux engendra progressivement depuis l’«indépendance» une généralisation de la corruption (devenue une culture enracinée dans les esprits des acteurs politiques et sociaux : partis politiques, représentants de la société civile, agents de l’administration, élus nationaux et locaux etc.) en tant que «culture» de substitution à l’esprit civique.
-*Troisième paradigme : En plus de la prééminence des hérédités passéistes (féodale et coloniale) sur la compétence (premier paradigme) et de l’enracinement de la culture de la corruption au détriment de l’esprit civique ( deuxième paradigme), nous avons à relever une déficience gravissime de l’Etat de droit combinée à une prohibition absolue de la liberté d’expression au double niveau politique ( prééminence de la raison d’Etat sur la liberté de manifester et de critiquer le pouvoir charismatique) et théologique (contrôle systématique du champ religieux ou prééminence obligatoire de l’islam officiel ) .
De plus, la complexification des procédures juridiques et administratives, la reproduction et la consolidation de l’Etat sécuritaire et le rétrécissement de plus en plus grave du droit de défense face aux agents de l’Etat, compliquent gravement la vie du citoyen marocain qui ressent une insatisfaction réelle vis-à-vis de sa communauté et de ses gouvernants( Le taux de satisfaction du marocain vis-à-vis de la communauté et de ses gouvernants – IDH- suivant l’évaluation du Programme des Nations Unies pour le Développement –PNUD est inférieur au taux retenu comme IDH faible classant ainsi le Maroc au 123ème rang mondial, soit :
1.-IDH théorique très élevé : 85,9%-
2.-IDH théorique élevé : 79,9%
3.-IDH théorique moyen : 76,1%
4.-IDH théorique faible : 72,2% = Maroc : 69%
Suite à la présentation des «paradigmes de développement» qui font réellement défaut dans notre pays, les enseignements théoriques et méthodologiques issus directement des grandes Ecoles de pensée économique au fondement des relations internationales et de la reproduction des démocraties occidentales, nous interpellent sérieusement aujourd’hui en nous permettant d’établir un pronostic gravement pessimiste sur l’avenir de l’économie marocaine à l’échéance 2025-2030 :
Dans le cadre des nouvelles conditions technologiques, économiques et financières de la mondialisation et compte tenu de la gestion d’incompétence de la classe dirigeante marocaine combinée à la concentration exponentielle des richesses entre les mains d’une poignée de familles égocentriques et clientélistes et à la déficience du secteur productif, qui s’ajoutent à l’absence de l’investissement dans le savoir scientifique et technologique, nous ressentons le droit légitime de «tirer la sonnette d’alarme» sur le risque de plus en plus confirmé d’une situation caractérisée par des mouvements sociaux permanents très coûteux pour le pays, voire d’une faillite de la gestion technophile et dépassée des secteurs publics et privés fondée essentiellement sur la rentabilité au cours des prochaines décennies ! Une telle faillite engendrerait fatalement des dérapages sociaux à l’instar des mouvements de l’Intifada arabe, vu l’accentuation des inégalités, la concentration des richesses et l’absence des perspectives de formation et de recrutement de la jeunesse marocaine à court et à moyen terme!
Une seule issue demeure probable pour éviter provisoirement ce «scénario catastrophe» : sous-traiter la gestion des secteurs les plus vifs de la société marocaine en faveur des sociétés étrangères, y compris l’administration et les services économiques de l’Etat pour faire du Maroc une nation néo-colonisée économiquement et culturellement en raison de l’incompétence de ses dirigeants et de la nécessité posée de banaliser les droits fondamentaux des citoyens pour le compte de la sacralisation de la stabilité politique .
Les règles déontologiques de la sociologie politique qui sont au fondement de la démocratie moderne, nous enseignent :
le système politique, qu'il soit monarchique, républicain ou parlementariste, l’essentiel est que la nature du régime soit fondée sur les paramètres universel de la démocratie et du progrès tels que :
-la consolidation de la démocratie participative ;
-la concrétisation du développement économique durable axé sur l’investissement dans le savoir scientifique et technologique ;
-la prise en charge sociale en faveur des couches défavorisées;
-l’égalité des chances et la répartition juste et équitable des richesses de la nation en faveur de l’ensemble des couches de la population du pays.
Les monarchies du nord de l’Europe (Suède, Norvège, Danemark, Hollande) en constituent les meilleurs exemples.
Trois facteurs conjoncturels complémentaires sont à recenser relatifs à la mauvaise gouvernance chez les élites dirigeantes marocaines :
1-*-Le premier facteur : La faillite de la culture démocratique au Maroc se résume dans le fait de recourir exclusivement au seul roi pour résoudre pragmatiquement les problèmes cruciaux du peuple et appliquer efficacement les décisions des pouvoirs publics en tant qu’expression d’une crise de confiance gravissime vis-à-vis des institutions et des élites politiques du pays.
La situation exceptionnelle de blocage créée par Hirak Arrif qui pousse aujourd’hui toutes les élites du pays à s’adresser au roi pour trouver une issue honorable à l’ampleur sans précédant pris par ce mouvement en retirant toute confiance aux deux pouvoirs législatif (parlement) et exécutif (gouvernement), est un exemple hautement significatif à ce sujet.
2-*-Le deuxième facteur conjoncturel : La composition forcée du gouvernement issu théoriquement des élections législatives du 7 octobre 2016 ( suivant l’article 47 de la constitution) en faveur d’un parti ayant obtenu 30 sièges (celui du représentant du Makhzen économique Akhannouch) au détriment du parti arrivé en tête de ces élections avec 125 sièges ( le PJD d’El’Öthmani), est un autre exemple hautement significatif du mépris de la «démocratie» et de la volonté du pauvre peuple marocain.
Nous ne voyons pas comment développer une culture démocratique quant les hauts décideurs politiques de l’Etat impose à l’ensemble de la nation un tel choix irrationnel et incompatible avec toutes les normes internationales de la démocratie et de la modernité !
3-*- Le troisième facteur conjoncturel : La vision explicitement assumée par une partie des élites politiques et intellectuelles islamistes ou laïques (représentatives de l’Etat historique
–الدولة العميقة -) d’identifier la NATION à la CLASSE DIRIGEANTE sans se soucier de l’accaparement des richesses du pays par une poignée de familles richissimes représentative de cette même classe dirigeante, reflète l’ignorance et l’incompétence de nos élites politiques en matière de conception de développement, de démocratie et de modernité !
Comme nous assistons à l’apparition d’une nouvelle «race» de «provocateurs de discorde» (les «baltajas») qui tiennent un discours de haine (خطاب الكراهية) et appellent aux actes de violence et de vengeance(التحريض على العنف) particulièrement sur les réseaux sociaux contre les mouvements de protestations du Rif.
Malgré leur apparition publique qui les rend parfaitement identifiables, le gouvernement qui a fait preuve de laxisme depuis plusieurs mois, n’a pris aucune mesure pour sanctionner ces prêcheurs de haine conformément aux dispositions du droit pénal marocain.
Face aux paradoxes engendrés par ces trois paramètres d’ordre méthodologique et à ces facteurs conjoncturels spécifiques du Maroc d’aujourd’hui (à l’instar de l’ensemble des pays arabes) reflétant une crise de la pensée politique axée sur la modernité et la rationalité démocratique, les couches défavorisées du pays se trouvent marginalisées au double niveau de la liberté d’expression et du droit légitime à vivre dignement et à jouir des richesses du pays.
La conséquence logique d’un tel paradoxe, est la tendance à la radicalisation des mouvements populaires constitués essentiellement de jeunes (jouissant de l’efficacité et de la liberté garanties par les NTIC –Nouvelles Technologies d’Information et de Communication marquant l’espace d’Internet) et issus des couches de la population démunie des droits économiques et sociaux les plus élémentaires.
De ce fait, l’intifada qui se déclenchera inéluctablement sous de nouvelles formes (en continuité et en renouvellement qualitatif du Mouvement du 20 février) se profile à l’horizon, alors que les élites dirigeantes (épaulées par des médias corrompus et incompétents et des partis politiques domestiqués), deviennent de plus en plus aveuglées par leur jouissance des richesses nationales et par leur mépris des couches marginalisées et appauvries de la population, en s’appuyant sur la complicité des idéologues de la haute sphère du pouvoir politique du pays.

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