mardi 2 octobre 2018



A propos du taux de chômage dans les statistiques officielles : Réponse au chef de gouvernement et à la Présidente de la CGEM 



Au niveau du statut juridique et économique du chômage, il est nécessaire de formuler les précisions d’ordre méthodologique suivantes :

+ Première précision : 

 Les critères de définition du taux de chômage et du statut de «chômeur» diffèrent d’un pays à un autre, et surtout quant il s’agit du rapprochement entre une économie capitaliste développée et une société désarticulée en voie de développement (cas du Maroc et de la France par exemple). En France, l’Agence pour l’emploi ( telle que l’ANPE) retient comme critère de définition du chômeur, toute personne à la recherche d’un emploi qui occupe moins de 78 heures de travail par mois (qui touche donc un Revenu Minimum d’Insertion (RMI ou RSA) correspondant à la moitié du salaire minimum, soit environ 750 euros ou 8000 dirhams). Si nous retenons le critère français correspondant à la moitié du salaire minimum, soit environ 900 dirhams dans le cas du Maroc pour définir le statut de « chômeur », le taux de chômage dans notre pays tournerait donc (en permanence) autour de 40%. Il ne pourrait être recensé à l’intérieur de la fourchette de 8 à 12% telle qu’elle est délimitée par les instances officielles de statistiques !!

+Deuxième précision : 

Suivant les critère du Bureau International du Travail ( BIT ), la définition du «chômeur» est liée obligatoirement à l’existence d’Agences officielles chargées de recenser les situations de l’emploi dans différents secteurs sur la base d’une définition rigoureuse de la population active à l’instar de l’ANPE en France. Or dans un pays désarticulé comme la Maroc, c’est la marginalisation à une grande échelle des masses de la population (engendrées essentiellement par l’extension des activités informelles) et l’absence totale d’organismes fiables susceptibles de donner un sérieux statut social à une personne sans revenu et sans emploi, qui prédominent au niveau de l’ensemble des secteurs d’activités économiques du pays. Ainsi, toute publication de statistiques officielles sur d’éventuel taux de chômage sur la base de conditions socio-économiques et juridiques inexistantes , devient une supercherie entachée d’hypocrisie et de mépris des droits légitime au travail et à la vie digne des peuples !!

A propose de la prise de position ultra-conservatrice exprimée par la présidente de la CGEM (Bensaleh) :

La réaction virulente de la CGEM à la mesure aussi modeste et naturelle, voire rudimentaire prise par le gouvernement en mai 2014 pour valoriser (en deux étapes) le salaire minimum de 10%, est l’exemple d’attitude réellement inquiétante et égocentrique sans soucis d’améliorer le sort des classes les plus démunies du pays . *A titre de comparaison (en valeurs relatives et non en valeurs absolues) : le salaire moyen pratiqué en France dans les deux secteurs public et privé (soit 2750 euros environ) est plus de deux fois supérieur au salaire minimum (1200 euros environ), auquel s’ajoute le RSA en tant que Revenu Minimum garanti, alors que le «seuil de pauvreté» en France est fixé à 889 euros( 9800 dh environ)!. *Ce qui est encore plus paradoxal c’est que la directrice générale du FMI (voir supra note e- page 32) semble plus soucieuse des questions du marché du travail, des inégalités et du chômage dans notre pays que les responsables de la CGEM , qui ont sèchement déclaré que l’augmentation du salaire minimum (170 dirhams - soit la moitié du prix d’une visite médicale chez un généraliste - ou 15 euros environ) aura des effets négatifs sur la compétitivité des entreprises marocaines ( sans commentaires! ).

*Deux arguments non équivoques sont à opposer à la réaction ultraconservatrice, dépassée et inadaptée de la CGEM :
- Argument théorique : 

La faible compétitivité au Maroc ne dépend pas du coût du travail (schéma économique explicatif qui date du milieu du siècle dernier) qui est déjà très bas au Maroc, mais de la faible capacité productive de l’économie ( ou faible part de la Formation Brute du Capital Fixe- FBCF-) reflétant un faible effort d’investissement dans des activités génératrices de richesses et créatrices de valeur et d’emplois, plus précisément du faible niveau d’investissement dans la formation et les activités hautement technologiques exigé par la mondialisation ; 

 - Argument pratique : 

En partant du cas français, ( en valeurs relatives et «toutes choses égales par ailleurs» ), le salaire moyen qui aurait du être pratiqué au Maroc est d’au moins 6000 dirhams mensuel sans compter les indices des prix, la protection sociale et le droit de travail . Or, le salaire moyen national pratiqué dans le secteur privé ( salaire moyen entretenu dans le secteur privé dépendant de la gestion de la CGEM ) est inférieur au salaire théorique légal ( qui est de 2200 dirhams environ), ce qui met la Confédération dans le paradoxe et le ridicule, teintés de mépris à l’égard des masses travailleuses et laborieuses du pays !


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