mardi 2 octobre 2018


Option libérale et reproduction des aspects du sous-développement économique

La plupart des gouvernements des pays africains et arabes anciennement colonisés ont fait subir à leur peuple les conséquences sociales les plus négatives, par ignorance des modèles théoriques de développement ( élaborés à l’intérieur des grandes Ecoles de pensée économique qui ont fait la force de l’Europe depuis le début du 20ème siècle). Il s’agit d’une confusion majeure entre ces modèles de développement (axés sur l’investissement dans le savoir et la maitrise technologique) et les recommandations des institutions financières internationales ( FMI et Banque Mondiale) sur fonds d’idéologie libérale qui n’ont abouti finalement qu’à l’accentuation de la dépendance technologique, économique et financière, assurant ainsi la reproduction des aspects structurels du sous-développement.
Le Maroc s’inscrit très fortement dans cette lignée de gestion adoptée par un certain nombre de pays qui n’ont pas su modifier à temps les vieux schémas de développement ( voir de sous-développement) imposé par les institutions financières internationales et les multinationales au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle.
A partir des années 196O, les Ecoles tiers-mondistes ( théories « dépendantistes », rapports Centre/Périphérie, Ecole cépalienne en Amérique Latine etc.), n’ont pas conduit à l’élaboration de véritables modèles de développement, et l’échec des politiques économiques initiées par ces Ecoles (développement « autocentré », industrie « industrialisante» ), a poussé un grand nombre de pays à s’incliner ( voire à se soumettre) dès le début des années 1980 aux recommandations des institutions internationales qui imposaient les options d’obédience libérale, consolidées par des politiques d’ «ajustement structurel».
A partir des années 1990, c’est l’échec des politiques économiques libérales dans la plupart des pays en voie de développement ( cas du Maroc) engendrant une dégradation de leur situation économique et sociale en combinaison avec l’état de surendettement qui les a empêchèrent de réaliser leur intégration maîtrisée dans la mondialisation.
Au cours de la même période, on assiste en même temps à l’apparition sur la scène internationale des pays dits émergents qui marquèrent une forte croissance économique («dragons de l’Asie», Chine, Inde, Brésil etc.).

Le Maroc en dehors des options émergentes de l'économie exigées par la Mondialisation

La libération des mouvements des capitaux au cours de deux derniers décennies du siècle dernier annonce des changements structurels dans l’économie mondiale et les nouvelles orientations dans les relations internationales à l’ère de la mondialisation. Elle ouvre la voie au développement des crises financières et à l’aggravation des écarts en matière de développement et de maîrise des technologies nouvelles entre l’occident et les pays sous-développés («quart monde») qui ne font pas partie des pays émergents.
Suite au Japon, l’ensemble des pays émergents la Chine et l’Inde en l’occurrence) ont réussi à maîtriser leur intégration dans la mondialisation. Ils ont abandonné dès les années 1980 les politiques de substitution aux importations pour développer une politique de valorisation des exportations dite d’ouverture contrôlée qui leur a permis de maîtriser les industries de base ( chimie lourde, bien d’équipement, sidérurgie, chantiers navals ), ouvrant la voie à la production des biens de haute technologie et de large consommation mondialisés.

Ces modèles de développement sont fondés sur:
* le recours aux technologies avancées étrangères en créant un environnement favorable aux multinationales qui leur a permis de bénéficier des transferts technologiques et d’acquérir des brevets d’invention et des licences étrangères;
* l’ouverture sur le marché des capitaux pour consolider les investissements, relancer la croissance et assurer le développement des produits manufacturés ;
* l’expansion du marché intérieur ( modèle entretenu de développement) ;
* l’émergence d’une classe moyenne en raison de la répartition égalitaire des ressources ;
* des capacités de financement des projets industriels grâce au recours au financement contrôlé extérieur et à la consolidation de l’épargne intérieur .

Or, dans le cas du Maroc qui s’est attaché au modèle dépassé d’industrialisation par substitution des importations, c’est tout le contraire qui s’est produit : Il s’est heurté jusqu’à présent à la permanence d’une dépendance technologique de biens d’équipement, qui engendra fatalement le déséquilibre de la balance des paiements et par conséquent une dépendance structurelle accrue dans le cadre de la sous-traitance internationale pour se trouver enfin dans l’incapacité de rompre avec la spirale interminable des contraintes budgétaires, de désinvestissement et de non-croissance, en raison de la faiblesse des débouchés intérieurs faute de l’émergences d’une véritable classe moyenne, du manque de capitaux, des difficultés techniques, de la déficience du personnel hautement qualifié et des contraintes des devises pour importer matériel et technologies !
Après avoir abandonné le modèle d’ «industrialisation industrialisante» depuis le début des années 1960, le Maroc a raté encore une fois la double chance que lui offrit la mondialisation dès les années 1970-1980, d’opter pour un modèle de développement par la valorisation des exportations (à l’instar des quatre dragons de l’Asie), ou d’élaborer un «modèle de développement entretenu» qui suppose le recours aux technologies étrangères, l’émergence d’une classe moyenne, l’élargissement du marché intérieur et la répartition égalitaire des ressources, qui lui auraient permis d’acquérir la capacité de financer des industries génératrices de valeurs et de richesses etc.
La gestion technophile et le modèle libéral de l’économie n’ont conduit en réalité qu’à l’enfermement du pays dans la spirale de la dépendance technologique, des déficits financiers, des contraintes budgétaires permanentes, des retombées financières de l’expansion démographique, des lourdes charges de fonctionnement et du coût élevé du service de la dette, obligeant l’Etat à abandonner son rôle primordial de protecteur social ( Etat-Providence) et d’instigateur de développement durable qui se combine au rôle asphyxiant d’un système bancaire fondamentalement usuraire et sans rôle social et aux effets paralysants des lobbys économiques, tout en le mettant dans l’incapacité d’innover une véritable politique d’investissement et de croissance !

Reproduction du sous-développement et égocentrisme de la classe politique

Le constat politique et économique amère de l’état de sous-développement de la société marocaine d’aujourd’hui et la gestion à caractère technophile sans référence à un réel et ambitieux modèle théorique de développement et de maîtrise technologique adoptée par les différents gouvernements depuis l’indépendance, posent la nécessité absolue pour les dirigeants futurs d’opérer des changements structurels qui permettraient à notre pays de se mettre à niveau au moins par rapport aux options de développement, aux techniques de gestion économique hautement perfectionnées et de l’intégration rationnelle des compétences nationales et internationales initiées par les pays dits émergents à l’ère de la mondialisation économique et de la globalisation financière.
Nous insistons dans la présente étude sur les aspects les plus sombres de la société marocaine qui forment des obstacles structurels au développement et à la réalisation de l’épanouissement et du bien-être du peuple marocain, et qui s’expliquent par l’échec du modèle pseudo-libéral et des politiques économiques adoptés depuis les années 1960, sans référence aux orientations théoriques des grandes Ecoles de pensée économique et sans perspectives de réformes structurelles, en rappelant le constat politique et économique suivant :
le Maroc ne souffre pas uniquement que des imperfections de la gestion dépassée des pouvoirs publics, mais aussi de la nature bureaucratique des partis politiques en présence (qui continuent en permanence d’exclure les compétences nationales sans être capables de fournir des cadres dynamiques et efficaces à une éventuelle majorité politique et à l’institution du gouvernement qui lui permettraient de jouer son rôle d’’instigateur de développement) .
Comme il est handicapé par le caractère égocentriste (et non soucieux de la préservation des intérêts supérieurs de la nation) d’une classe dominante affiliée au pouvoir politique central, qui interdit par le biais de sa mainmise sur les lobbys ( économique, commercial, financier, agro-alimentaire, foncier etc. ) toute option de réformes structurelles susceptibles de répondre aux besoins essentiels des larges couches de la population, de relever les défis de développement et d’élever le pays au moins au rang des pays émergents à l’ère de la mondialisation économique accélérée et des nouvelles révolutions technologiques…
Tels sont les trois volets de la spirale politico-économique ( bureaucratie des partis politiques, faiblesse de l’institution du gouvernement, égocentrisme de la classe économique dominante) dans laquelle s’est enfermée la société marocaine, sans que leurs représentants ne voient à l’horizon ce qui se dessine comme Nouvelle Division Internationale formée en :
- Pays intégrés rationnellement et efficacement à la mondialisation économique, technologique et écologique ( anciens pays industriels et pays émergents).
- Pays simples consommateurs de produits intermédiaires sans perspectives de développement et sans maîtrise des révolutions scientifique et technique ( le quart-monde).

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