mardi 2 octobre 2018

La société marocaine ne souffre pas uniquement que de l’immobilisme politique qui exige des changements structurels (constitutionnels) nécessaires, mais aussi d’imperfections d’ordre économique et social qui s’expriment essentiellement dans :
1- L’absence tragique depuis les années 1960 d’un modèle de développement économique axé sur l’industrie «industrialisante» (génératrice de nouvelles technologies) et l’agriculture de subsistance ( combinée à une réelle réforme agraire susceptible de satisfaire les besoins essentiels des larges couches de la population).
2 - l’étroitesse du marché intérieur, rendant impossible toute relance de la consommation (en dehors de celle portant sur des produits de luxe assurée par la bourgeoisie compradore et les classes aristocratiques) et de l’investissement ( à part celui défini exclusivement dans le cadre de la sous-traitance internationale, des activités portant sur les produits intermédiaires et de l’industrialisation par substitution d’importation) ;
Il faut noter que du point de vue de la théorie économique (new-classique et keynésienne), ces types de consommation et d’investissements évoqués qui furent les caractéristiques essentielles du modèle économique pseudo-libéral du Maroc indépendant, ne sont pas générateurs de création de valeurs et de richesses, compte tenu des rapports de dépendance internationale qui les consolident au profit du Centre capitaliste dominant ( en l’occurrence l’ancienne métropole).
3- Le façonnement du libre marché par la prédominance des lobbys (économique, financier, commercial, foncier) ;
4 - Le maintien d’un niveau extrêmement bas des salaires ;
5- L’absence du rôle de l’Etat en matière de protection sociale ;
6- L’extension gravissime et l’hypertrophie du secteur informel ;
Les enseignements théoriques (par références aux grandes Ecoles de l’économie new-classique et keynésienne en l’occurrence) ayant engendré le développement sans précédent des forces productives en occident et qui ont conditionné les politiques économiques des Etats industriels occidentaux, ont pu engendrer une déontologie de gestion des pouvoirs publics qui consiste à recommander l’élaboration des deux orientations évoquées combinant politiques de réformes structurelles et plans de relance économique continus et soutenus, en temps de croissance et en tant de crises périodiques du capitalisme mondial !
Le modèle chinois a fait du pays l’une des grandes puissances économiques du monde moderne en combinant les deux orientations évoquées et des politiques soutenues de développement et de maitrise des technologies avancées, car les dirigeants communistes ont réussi à intégrer au développement socio-économique les deux philosophies politiques qui furent de véritables innovations par rapport aux options capitalistes dominantes, à savoir :
a- la consolidation et la permanence de la pensée de Mao Tsé Toung (conciliant : données sociologiques locales, réforme agraire antiféodale, autocritique intellectuelle et système de discipline et de mise au travail),
b- et l’élaboration du programme économique pragmatique de Deng Xiaoping ( dit des «quatre modernisations» qui posait la nécessité de développer et de maitriser un secteur capitalistique et hautement technologique orienté vers l’extérieur ).
Un tel secteur fut géré en parfaite neutralité (en séparation) de la société chinoise à dominante socialiste, tout en étant ouvert directement aux outils rationnels de gestion de l’économie et de la finance internationales ainsi qu’aux innovations technologiques développées au centre capitaliste mondial .
Une telle combinaison grandiose et unique dans le monde non capitaliste, a fait de la chine une puissance économique, financière et technologique mondiale.
La Chine est devenue à l’ère de la mondialisation le plus grand atelier du monde en créant plus de 7 millions d’emplois dès les cinq premières années du 21ème siècle, alors que la crise des pays de l’OCDE a engendré 7 millions de chômeurs ! .
Or, malgré les résultats positifs et les acquis des différents modèles de développement expérimentés dans les PED formant aujourd’hui les économies en phase de «démarrage- rattrapage» (pays émergents), la classe politique du Maroc indépendant, continue de s’attacher aveuglément à la gestion technophile et aux schémas dépassés de l’extraversion extérieure non contrôlée qui se sont soldés par un échec total et un cumul des défauts à caractère structurel :
- Lente et non productive administration ;
- Bureaucratisation des partis politiques ;
- Confiscation du pouvoir et des richesses par un étroit groupe de dirigeants affiliés au « groupes de pressions » ;
-Mainmise quasi-totale des lobbys économiques et financiers sur les activités les plus lucratives et les plus vives de la nation ;
- Lente démocratisation et échec de la formation d’une majorité politique issue de la volonté populaire interdisant durablement l’émergence d’un gouvernement dans sa fonction primordiale d’instigateur de développement etc.
Les gouvernements marocains qui ont eu la charge de gérer les affaires générales du pays, tout en étant privés des attributions constitutionnelles et politiques, ont purement et simplement perdu la volonté politique pour se contenter d’une «gestion de boutique» du patrimoine collectif. Ce qui est frappant c’est que malgré la participation des cadres représentatifs de l’opposition dite progressiste et nationaliste, les différents gouvernements n’ont jamais réussi à tirer profit des enseignements théoriques(3) et des expériences de développement des pays émergents pour faire du Maroc l’une des grandes nations économiques et technologiques du monde !
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(3)En partant de ces aspects essentiels du sous-développement qui se reproduisent depuis au moins quatre décennies, sans que les gouvernements successifs ne réussirent à briser et à dépasser le double processus dégénérant de désinvestissement intérieur et des déficits extérieurs, nous pouvons établir sans pessimisme un constat tragique, en relevant d’une manière certaine sur la base des deux règles de la théorie économique les imperfections de gestion étatique qui mettent le Maroc de ce début du 21ème siècle dans l’impossibilité d’opérer des changements structurels susceptibles de relancer la croissance économique et d’élaborer un vaste programme de développement durable, à savoir :
- Première règle :
 En cas de permanence du déficit de la balance commerciale , c’est tout un processus dégradant pour l’économie nationale qui se déclenche : diminution de la Demande globale en raison de la contraction des moyens de paiement, réduction du taux de profit général, désinvestissement, effets déflationnistes, situation de sous-emploi des facteurs de production (impossibilité de réalisation du plein emploi ) se traduisant par un ralentissement de l’activité économique.
Les obstacles structurels précités empêchent en plus la maitrise des importations et la stimulation des exportations qui permettraient de revenir à l’équilibre de la balance commerciale et à l’absorption progressive du déficit commercial initial. Ainsi, le processus de non-croissance, de désinvestissement et de non-développement continue à l’infini, sans que l’Etat puisse briser la chaine imposante combinant dépendance économique et contraintes budgétaires..
- Deuxième règle :
Une économie qui se trouve prisonnière du déficit commercial, se trouve contrainte de mener une politique de soutien à l’exportation qui maintient donc une réduction de l’investissement et une faible consommation (demande globale) à l’intérieur, alors que l’investissement et la demande globale constituent du point de vue de la déontologie théorique économique les conditions de base de toute option de croissance et de relance de développement économiques .
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