lundi 15 octobre 2018



les grandes déviations politico-religieuses à l'origine de l'immobilisme et du sous-développement des sociétés arabo-islamiques : du rationalisme philosophique de la Renaissance à l'obscurantisme religieux radical

Le présent texte, se propose de développer une «Réponse méthodologiquement élaborée» à l’orientation déviationniste qu’adopte actuellement le débat politique orchestré en occident (plus précisément en France et aux Etats Unis ), portant sur des thèmes à connotation idéologique de : Islam, Laïcité et modernité (celle qui a accouché de l’ISLAMOPHOBIE , particulièrement depuis le11 septembre 2001). Comme elle se définit essentiellement et modestement comme une contribution à la «reconstruction» de la « pensée arabo-islamique » .
Une telle orientation est l’œuvre des forces idéologiquement obscures (apparemment antagonistes mais partagent la même philosophie raciste et fasciste), celles de l’extrême droite occidentale (Europe et Etats-Unis ) et du sionisme mondial.
Dans le cadre d’un nouveau partage du monde ( réalisé au moyen de nouvelles techniques de communication sophistiquées et hautement médiatisées dans le cadre de la «mondialisation»), ces forces dominantes et influentes au niveau des secteurs à haute pression médiatique, agissent dans une dangereuse et curieuse symbiose, en défendant les « bases culturelles» de la «civilisation judéo-chrétienne» contre la «barbarie» ( sous entendue islamique). Une telle « civilisation » est en réalité et dans son essence, qu’une idéologie raciste et ethnocentriste liée à un nouvel « intégrisme laïciste », qui fonctionne politiquement en contradiction avec les principes de la laïcité elle même, telle qu’elle est issue fondamentalement du rationalisme de la Philosophie des Lumières .
L’« idéologie laïciste » bénéficie du privilège des chemins modernes de médiatisation ainsi que d’autres réseaux publics et privés de communication dans le cadre de la «mondialisation en entravant tout accès rationnel aux patrimoines culturels universels et toute libre sortie de cette sphère infernale médiatique.
Elle est destinée essentiellement à banaliser les valeurs universelles de l’islam soupçonné de porter un projet alternatif au modèle capitaliste aliénant et immoral.
En dehors des propositions d’ordre théorique et méthodologique, la présente étude s’est réalisée en apportant aux lecteurs une Réponse rationnelle au programme xénophobe et à la campagne médiatique islamophobe d’origine occidentale destinés à combattre l’islam . Elle contribue à faire connaitre les fondements à caractère universel de l’islam et de ses valeurs rationnelles, humanistes et morales prônant les droits de l’homme, la tolérance, le rapprochement entre les peuples, la défense du principe de l’unicité de l’homme dans le respect de la liberté de pensée et de la diversité culturelle.
Nous essayerons de montrer sans aucun panégyrique, que le projet de société ( philosophiquement et méthodologiquement ) humaniste de l’islam coranique ( fondé essentiellement sur les principes universels précités), est l’antithèse des situations historiquement, idéologiquement et anti-démocratiquement négatives nées en occident, telles que le colonialisme, le fascisme, le racisme ainsi que sa version perverse et irrationnelle, celle du sionisme combiné avec l’anti-islamisme.
En dehors de la méthodologie coranique , nous avons retenu deux grands tournants d’ordre théorique et méthodologique qui ont façonné la pensée islamique globale classique et contemporaine (fruit de l’ijtihad), et qui ont mis la communauté et la civilisations islamiques sur la voie de la stagnation, de l’immobilisme et du sous-développement :

1- Le premier grand tournant s’exprime dans le grand débat classique au sein de IlmAlkalam entre l’Ecole littéraliste dite « naciste » et l’Ecole rationaliste qu’incarnaient successivement les partisans d’Ahmed ben Hanbal et les Muâtazilites ;
2- L’autre grand tournant s’exprime dans le célèbre débat méthodologique (indirect) entre A.H.Alghazali et Ibn Roshd : Il s’agit pour ces deux géants de l’islam de définir le sort et l’évolution de la communauté islamique en se positionnant par rapport à deux voies de développent :
- La voie passéiste et obscurantiste qui opte pour la primauté de l’ésotérisme individualiste (fixant l’objectif exclusif de la béatitude intérieure -اليقين en dehors de tout développement rationnel de l’Homme et sans vision de projet de société ) et de l’espace irrationnel par rapport à la raison philosophique ;
- La voie futuriste et rationaliste qui doit nécessairement inscrire la civilisation islamique dans la logique du développement séculaire, de la consolidation de la libre pensée, de la maîtrise des Sciences etc. , en ouvrant la voie à la Renaissance.

Malheureusement pour la communauté islamique, les deux grands tournants ont engendré la double victoire de la vison littéraliste et de la méthodologie ghazalienne sur les deux autres voies rationalistes, à savoir:

+ L’Ecole littéraliste tracera durablement et jusqu’à aujourd’hui la méthodologie de réflexion et de traitement de toutes les questions juridiques ( orientation du fik’h islamique) et sociopolitiques qui touchent la vie des musulmans. Celle-ci seront traitées en l’occurrence par les thèses salafistes formées autour des deux leitmotivs :
- L’ « islam est la solution » ( إلا سلام هو الحل) qui trouve dans le retour aux sources( Texte et Sunna) une sorte de panacée ;
- La préservation de l’authenticité ( الا صالة). combinée avec un attachement excessif au patrimoine ( الثرات).

En dehors de ces slogans bien connus et toujours d’actualité , la victoire de l’Ecole littéraliste sera consolidée par l’apport théorique d’Ibn Taymya, pour engendrer plus tard la pensée salafiste intégriste : Il s’agit des réactions en chaines à la domination européenne de la deuxième moitié du 19ème siècle, engendrant la montée de la pensée réformiste (à dominante salafiste), qui tournera le dos aux visions modernistes d’un J.D. Al afghani, au théoricien de l’anti-despotisme politique et religieux d’un A. Alkawakibi et à l’œuvre synthétique d’un M. Abdou..
Ce grand tournant de la pensée islamique a essentiellement forgé ce qu’on peut appeler l’axe théorique et méthodologique qui marquera à jamais l’évolution des sociétés arabo-islamiques et leurs rapports complexes avec l’occident, à savoir :

Hanbal– Achâari– Alghazali- Ibn Taymy– M- Abdelwahab– H. Elbenna– S.Kotb

+ C’est la méthodologie d’A. H. Alghazali qui sera retenue à l’encontre des visions grandioses et rationnelles d’Ibn Roshd, dont les implications sociopolitiques sur l’évolution de la communauté islamique sont aussi imposantes et pertinentes que celles engendrées par la victoire des littéralistes, à savoir :
* Si Ibn Roshd a réussi à trouver une solution idéale à l’immobilisme et à la stagnation de la communauté islamique en optant pour l’issue du développement séculaire et rationnel qui doit fonctionner sur la base de la neutralité de la Raison philosophique par rapport à la raison religieuse (avant qu’une telle condition méthodologique servirait aux Européens d’outil dynamique et de stimulateur de la Renaissance avec l’avènement de la philosophie des lumières et du système de pensée de la laïcité), Alghazali par contre, a complètement échoué dans l’élaboration d’un tel projet civilisationnel, en optant pour l’extension de l’espace irrationnel de la pensée islamique en retenant exclusivement le soufisme comme seule science vraie de l’islam.
* Ainsi, sans le souhaiter ni le penser, Alghazali se rangea du côté de l’Ecole littéraliste conservatrice qui voit dans le retour aux sources une panacée, bloquant ainsi l’esprit libre, l’innovation, et l’accès nécessaire et sans limites à la Science, et par conséquent relancera durablement l’option conservatrice, qui atténuera et affectera durablement la Renaissance de la communauté islamique ;
* Un tel débat est toujours d’actualité, car c’est l’axe théorique et méthodologique d’obédience salafiste ( entamée par A. Ben Hanbal au 9ème siècle, consolidé par Ibn Taymya au 13ème siècle pour finir avec S. Kotb au 20ème siècle ), combiné avec les déviations graves du soufisme des congrégations, qui façonnera pour toujours et jusqu’à aujourd’hui même, l’évolution sociopolitique des sociétés islamiques, en réconfortant la vision irrationnelle et obscurantiste passéiste ghazalienne et en tournant le dos à l’innovation rationnelle et futuriste de la Renaissance d’Ibn Roshd.

Il faut retenir essentiellement de cette double victoire trois leçons philosophique et politique complémentaires :

1- Ni Ibn Roshd ni Ibn Taymya, n’ont pu arrêter l’impact négatif et durable de la méthodologie de «Houjjat Alislam» sur le volet rationaliste de la pensée religieuse et politique islamique, ni empêcher l’évolution gravement déviationniste du soufisme ;
2- Si « Sheikh Alislam » a eu son écho et le mérite de mettre la pensée politique islamique sur la voie de l’action et de l’engagement grâce à son impact théorique sur les programmes réformistes d’obédience salafiste (systématisation et consolidation de la méthodologie littéraliste hanbalite), par contre le plus grand et le plus rationaliste philosophe de l’islam sera tantôt censuré, tantôt mal interprété, voire interdit et c’est l’Europe qui saura mettre en valeur son ambitieux projet théorique et rationnel en l’orientant dans le sens de la maîtrise des Sciences et du développement séculaire en dehors de toute emprise confessionnelle obscurantiste .
3- De même que les actions courageuses d’un J.D. Al’afghani et le travail synthétique de conciliation générale d’un M. Abdou, n’ont pas pu malheureusement atténuer et désorienter pragmatiquement les deux volets théoriques et méthodologiques de cette double victoire du hanbalisme littéraliste et de l’Alghazalisme isotérique individualiste ;

et c’est la voie intégriste satafiste réconfortée par IbnTaymya ( et sytématisée par H. Elbenna et S.Kotb) qui déterminera et définira la nature de l’évolution de la pensée politique islamique.
Plus gravement encore, c’est sous cette dernière forme intégriste que la pensée politique islamique sera exportée vers le monde, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis, faisant table rase des volets philosophique, rationnel et spirituel ( à caractère universel ) du patrimoine islamique issu essentiellement du Coran, et des investigations grandioses des hommes de l’islam, tels que Ibn Roshd et les Ecoles rationalistes arabo-islamiques .
Contrairement à la tendance dominante de la littérature abondante actuelle sur l’étude de la «pensée arabo-islamique», nous tenterons de présenter d’abord l’islam tout d’abord dans un souci de vulgarisation ( en tant que religion , que système de croyance et méthodologie de pensée ), avant d’entamer l’exercice intellectuel et périlleux de la nécessité de la «reconstruction» de la «pensée islamique» en tant que produit de l’ijtihad et de l’investigation intellectuelle humaine.
Une telle «construction » suppose un traitement objectif des problématiques théoriques et des implications d’ordre méthodologique engendrés par la double «conjugaison historique» du patrimoine islamique ( en tant que philosophie et méthodologie de pensée) avec d’abord, la pensée hellénique aristo-platonicienne et new-platonicienne, et ensuite avec les systèmes de pensée engendrés par la civilisation industrielle occidentale, telle qu’elle s’est développée à l’occasion de la renaissance européenne entamée depuis le17ème siècle.

Tout en optant pour la clarté, la transparence, sans aucun panégyrique et sans autocensure, la présente étude pose la nécessité de définir au préalable la double DISTINCTION :
1- Entre l’islam en tant que «Religion»( العقيدة), définie conformément à l’esprit c o r a n i q u e :
« آليو م أكملت لكم دينكم وأتممت لكم نعمتي ور ضيت لكم إلا سلا م د ينا »
ET l’islam en tant que « pensée» issue de l’ ijtihad , développée depuis sa phase dite « classique » de « codification » ( عصر التد وين )
( المذاهب الفقهية علم اصول الدين علم اصول الفقه وتا سيس ), suivie de la prédominance des méthodologies de pensée dites classiques incarnées par les grands précurseurs et fondateurs les plus influents tels que Alachâri, Alghazali et Ibn Taymya en l’occurrence.
2- Entre la « méthodologie coranique» ET les méthodologies de pensée issues de l’évolution de la pensée islamique ( الفكر الا سلا مي ) dans ses aspects classiques et contemporains les plus variés (philosophie, Ilm Alkalam, soufisme), combinés avec les différentes théories du réformisme de la renaissance représentées par Afghani, M. Abdou, Alkawakibi, R.Réda,entre autres.. et des recherches actuelles dites de «reconstruction » et de « renouveau » ).

Plus précisément, l’étude suppose deux conditions méthodologiques nécessaires, permettant de répondre à deux problématiques :
- La nécessité de préserver l’Islam en tant que religion et en tant que méthodologie de pensée (partant de cette double distinction ) des orientations intellectuelles déviationnistes;
- La nécessité de recenser ce qu’on peut appeler les imperfections de notre patrimoine limité au développement des volets juridique, théologique et politique, telles qu’ils ressortent des efforts de l’ijtihad dans les espaces de réflexion sunnite et chiite.
Pour définir ces imperfections, nous relevons quatre types de déviations (qui se sont développées depuis l’assassinat de Ali ben Abi Talib رضلعه), par rapport à la méthodologie coranique, aux enseignements prophétiques et aux vertus éternelles des Khalifes Arrachidyounes. Elles sont fondamentalement à l’origine de l’immobilisme des sociétés arabo-islamiques avant la mise en contact de la communauté islamique avec l’occident au stade de sa renaissance :
1- La prédominance du dogmatisme fik’histe traditionaliste contre le Muâtazilisme et la philosophie (forgé et consolidé avec la victoire de l’Achârisme au Kalam engendrant la séparation définitive du Kalam de la philosophie et achevé par la marche arrière paradoxale d’Alghazali exprimée dans ses critiques de la rationalité philosophique et sa défense du soufisme comme domaine exclusif des sciences islamiques) ;
2- L’extension de l’obscurantisme et de l’espace irrationnel du soufisme (particulièrement depuis le13ème siècle G.), en contradiction avec la philosophie soufie orthodoxe définie préalablement comme révolution spirituelle;
3- La conciliation du dogmatisme fik’histe traditionaliste ( ayant fonctionné comme barrière à la grande innovation de l’ijmaâ dans le cadre de l’ijtihad en instaurant un monopole en matière d’interprétation ou tafsir ) avec le fanatisme salafiste ( conciliation de la pensée conservatrice traditionaliste Hanbalite avec la vision salafiste initiée préalablement par Ibn Taymya ) ;
4- Le maintien et la reproduction du processus de formation du pouvoir politique de la Khilafa (depuis Muâwya jusqu’à aujourd’hui dans le monde sunnite ), fondé sur le système Mulk, et l’obligation d’«obéissance à qui détient le commandement»( واطيعوا اولي الامر منكم ) en violation des recommandations coraniques posant préalablement la nécessité de la légitimation du pouvoir issue de l’Achoura et la Bayâ (بينكم وامركم شورى ) (وشا وروهم في الا مر ).
Un tel processus de légitimation politique en dehors de la volonté populaire ( ارادة إلا مة ) a contribué à rendre ainsi impossible ( tout au long de l’histoire islamique) toute innovation en matière de conception de l’Etat de droit issu de la volonté populaire et de démocratie spécifiquement islamiques ou arabo-islamique.
L’ensemble des ces éléments théoriques et historiques, ayant placé la communauté islamique dans une situation d’immobilisme politique et de stagnation de la pensée libre et de l’accès à la science, vont inéluctablement et fatalement rendre possible la réalisation des tâches fixées par l’occident (dans sa phase impérialiste et de domination économique dès la fin du 19ème siècle), d’avorter les projets de réformes entreprises par les pouvoirs ottomans et en Egypte et ailleurs, de mettre fin au système de la khilafa islamique, et par conséquent transformer l’ensemble des nouveaux Etats arabo-islamiques nouvellement crées à l’occasion de l’accès à l’indépendance, en nations divisées, affaiblies, sous traitées et sous-développées.
Dans les quatre cas, la pensée arabo-islamique a évité de placer l’Homme au centre de toute investigation, tout en se formant dans le seul but de préserver la soumission de l’homme musulman aux dogmes théologiques et son obéissance permanente au pouvoir fondé sur l’idéologie obscurantiste et irrationnelle de l’hérédité et de la sainteté.
L’ensemble de ces voies d ’évolution ( engendrant l ’extension de l’espace irrationnel) , ont ralenti l’accès à la Science, suspendu la liberté de pensée, interdit toute innovation en matière de démocratie, détruit la personnalité et l’identité de l’homme arabo-musulman, et ont contribué par conséquent à creuser l’écart en matière de développement avec l’occident ascendant, tout en consolidant le sous-développement.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------










Quintessence Connaissance Tolérance 2018 Copyright. All rights reserved. Designed by رواد المعلوميات