vendredi 22 février 2019


Le décalage par rapport aux normes modernes et mondialisées de développement durable et de maîtrise technologique

Les nouveaux enjeux complexes de la mondialisation économique et de la globalisation financière qui se combinent aux nouvelles révolutions technologiques ( technologie numérique, technologies d’information et de communication, techniques liées à l’Intelligence économique-I.E.- et à la Sécurité Economique –S.E-.) et la course vigoureusement engagée (entre les anciens pays industrialisés et les pays émergents) pour le recensement rationnel des compétences hautement rémunérées en vue de leur affectation optimale aux nouvelles méthodes de gestion à haut rendement et au moindre risque, nous interpellent en tant qu’intellectuels sur la nécessité de contribuer à tracer pour notre pays la trajectoire de développement et de la croissance et de définir le plus rationnellement possible des recommandations théoriques et pragmatiques en matière de politique générale de réformes structurelles susceptible de relever les défis multidimensionnels de la mondialisation !.
Pour cela nous nous permettons de lancer un bulletin d’alerte par lequel nous essayerons d’attirer l’attention de la classe politique marocaine (en l’occurrence la Majorité politique qui formerait le prochain gouvernement) sur le risque gravissime qui pèse lourdement aujourd’hui sur notre pays (chargé d’histoire et plein de vitalité de sa jeunesse) de ne pas se présenter ( à l’instar des pays émergents) au rendez-vous des révolutions technologiques(a), de l’intégration rationnelle et maitrisée à la mondialisation économique accélérée, de l’investissement dans le savoir et de la mise en œuvre des politiques de développement durable qui s’annoncent pour le 21ème siècle. Ces orientations et ces objectifs ne représentent rien d’autres que le monde nouvellement crée prônant la bonne gouvernance, la compétition à la compétence et à l’excellence. Il s’agit de tracer pour notre pays une trajectoire méthodologique de développement qui suppose un programme ambitieux de réformes fondé sur des politiques d’investissement hautement productif, le développement des compétences, la création d’institutions de bonne gouvernance, la redynamisation de l’intégration régionale et internationale, en vue de bénéficier du «rééquilibrage de la puissance économique mondiale» qui s’annonce à l’ère de la mondialisation .

Les conditions de la reprise économique de développepent:

Il s’agit de promouvoir des «technologies de compétence» bien ciblées génératrices de valeur et de richesse, à l’instar des choix opérationnels de développement et de maîtrise réelle des technologies avancées qui ont engendré la montée en puissance des pays émergents ( la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique) et des «quatre dragons» de l’Asie (Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong, Singapour) ; les dépenses en Recherches et Développement doivent dépasser les 3% du PIB, si le pays aspire à rattraper le retard et à élever le secteur productif au niveau atteint par les pays émergents.
Compte tenu des récences données fournies par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en matière d’évaluation de l’ensemble des critères qui définissent globalement l’I.D.H.- Indicateur de Développement Humain classant ainsi le Maroc au 130ème rang mondial en 2012, et des appréciations des Institutions financières internationales ( en l’occurrence le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale), les responsables politiques de la majorité future doivent nécessairement gérer l’économie sur la base d’un taux de croissance quasiment constante et ininterrompue de 7% d’ici 2025 pour :
- Réduire la pauvreté et les inégalités (NOTE b);
- faire reculer le chômage et la marginalisation des jeunes ;
- remédier aux déficits budgétaires et au fardeau de la dette qui pèsent lourdement sur le développement du pays.

Autres données non idéologiques qui constituent des obstacles au développement :

*Les droits fondamentaux de la femme sont totalement bafoués : inégalités économiques et juridiques, non application des dispositions juridiques et constitutionnelles, l’ignorance est plus importantes que chez les hommes, la nationalité des enfants des étrangers non reconnus etc.;
Des efforts incessants de réformes (particulièrement depuis l’avènement des gouvernements d’alternance) pour réaliser progressivement le passage d’une vision étatique centralisée à une gestion décentralisée et de déconcentration qui visait en principe l’instauration et la dynamisation d’une gouvernance locale, en symbiose avec la mise en œuvre d’une démocratie locale de proximité et du «nouveau concept d’autorité».

Le caractère non dynamique du programme de décentralisation et de régionalisation

A titre de rappel, quatre concepts opératoires doivent être pris en compte pour servir de grilles d’appréciation de toute réforme structurelle liée à la décentralisation et à l’aménagement du territoire:
1* La proximité ( gestion de bonne gouvernance et de proximité);
2* La simplification ( gestion administrative et procédures liées à la vie quotidienne des citoyens et des investisseurs) ;
3* La compétence ( définition des compétences des nouvelles structures en matière de développement d’infrastructures liées aux équipements sociaux, à la recherche et à la maitrise des contraintes écologiques et énergétiques);
4* L’économie ( maitrise des dépenses et perfectionnement de la fiscalité locale ).
L’ensemble de ces réformes ( de régionalisation, de décentralisation et de déconcentration, voire même de «régionalisation avancée»), n’ont malheureusement pas abouti jusqu’à aujourd’hui à l’instauration d’une gestion de bonne gouvernance des affaires locales et régionale et de proximité, en raison de l’incompétence et de l’absence de formation de haut niveau des élus locaux, de la permanence de la bureaucratisation de l’administration (rongée par la démotivation , la corruption et la déficience du sens du devoir national sans initiatives efficaces de gestion des ressources humaines), et de la gestion irrationnelle des ressources financières et du patrimoine culturel et matériel.
Plus gravement encore, ce modèle de gouvernance locale et régionale n’eut pas été doté au préalable de moyens matériels et humains pour s’inscrire dans les perspectives de développement durable (activités d’investissements créatrices de richesses et d’emplois, formation scientifique et technique, formation professionnelle de haut niveau, maitrise des nouvelles technologies d’Information et de Communication- N.T.I.C., recherches et développement, transition écologique et énergétique ) ;

Les obstacles structurels

De plus, nous assistons à l’extension et à consolidation d’un espace triangulaire qui fonctionne comme un handicap structurel majeur à la reprise de développement. Il est fondé sur :
- la superpuissance des lobbys économiques ou «groupes privés» (sous emprise d’une poignée de familles) aux connotations hégémonique, clientéliste et égocentrique, formés autour du «Makhzen économique»(q);
- l’affaiblissement de l’Etat, devenu prisonnier de l’endettement et des déficits budgétaires qui l’empêchent de jouer son rôle primordial de protecteur social et d’instigateur de développement ;
- la permanence de la nature bureaucratique des partis politiques, sans perspectives de changements structurels, sans légitimité populaire et incapables de s’ouvrir aux compétences nationales.

La permanence du caractère théorique et non fonctionnel des réformes constitutionnelles 

nous devons dire que ce ne sont pas des discours et des productions littéraires et législatifs à caractère théorique qui font bouger et réformer les sociétés. Ce sont plutôt des conditions préalables concrètes liées essentiellement à une réelle volonté politique qui émanerait du haut de la pyramide du pouvoir, à la formation de partis politiques non bureaucratiques aptes à «produire» des élites dirigeantes hautement efficaces, à la formation d’une classe dirigeante soucieuse des intérêts supérieurs de la nation, à l’ouverture aux compétences nationales dans divers domaines de connaissances liées plus particulièrement aux méthodologies des sciences de développement et à une bonne gouvernance, voire à une gestion d’excellence !;
Les Sciences politiques ayant servi d’outils méthodologiques d’élaboration des Constitutions et des différentes institutions démocratiques fonctionnelles en occident (Europe et Etats-Unis en l’occurrence), nous enseignent que la discordance entre l’énonciation constitutionnelle (y compris par un chef d’Etat charismatique et de bonne volonté ) et la mise en œuvre de politique de réformes structurelles ( plus particulièrement de séparation réelle des pouvoirs et des politiques économiques de développement qui en résultent ), constitue durablement un obstacle aux changements structurels et à la mise en œuvre d’une gestion rationnelle de développement, et seule une réelle volonté politique de l’ensemble des acteurs en présence (classe dirigeante, partis politiques, cadres de l’Etat, organisations de la société civile ), pourrait permettre de dépasser le caractère théorique de ces énonciations constitutionnelles et juridiques.
De même qu’elles nous enseignent que dans les pays à régime politique despotique ou obscurantiste, certaines dispositions constitutionnelles engendrent généralement un «verrouillage» juridique des options politiques démocratiques essentielles qui ouvriraient droit aux élus locaux de promouvoir une bonne gouvernance et à l’institution du gouvernement d’opérer des changements structurels et de jouer pleinement son rôle d’instigateur de développement !
Nous estimons que ce ne sont pas les textes législatifs ou les options constitutionnelles nouvelles théoriquement permissives de développement et démocratie, qui manquent au pays pour entamer un développement durable et se mettre à niveau par rapport aux grandes démocraties modernes, mais plutôt la gestion rationnelle de compétence qui se combinent aux déficiences des attributions réelles et fonctionnelles d’un gouvernement représentatif de la majorité politique issue des urnes. Celui-ci doit nécessairement être libéré des limites constitutionnelles et idéologiques qui l’empêchent de jouer pleinement son rôle d’instigateur de développement et d’intégration des compétences nationales et internationales dans divers domaines des sciences et techniques, de l’économie et de la finance, à l’instar des attributions dont bénéficient les différentes majorités politiques au sein des démocraties modernes !;
Seuls des partis minoritaires et incompétents ( en raison du caractère bureaucratique de leur organisation interne et de l’absence de l’ouverture aux compétences nationales), eurent été désignés ( du haut de la pyramide du pouvoir) pour gérer d’une manière technophile les affaires générales du pays.
La consolidation de la démocratie passe avant tout par une réforme approfondie des partis politiques en tant qu’acteurs dynamiques et producteurs rationnels des élites dirigeantes compétentes du pays.

Les exigences des réformes des partis politiques :

- le dépassement de l’étroitesse de l’esprit partisan et la consolidation d’une formation axée sur le civisme, la primauté à la défense des intérêts supérieurs de la nation et le recensement des compétences dans divers domaines de connaissances en rapport avec la formation de la démocratie et le développement économique du pays ;
- la consolidation de la démocratie interne ;
- la lutte contre le sectarisme et la nature bureaucratique de leur organisation interne en vue du renouvellement de leurs cadres dirigeants.
- La constitution d’une Autorité de contrôle externe, indépendante et certifiée des comptes de gestion, de financement et de campagne des partis, qui aura pour rôle : d’éviter les dérives de leurs dépenses, de réglementer le financement privé qui doit être justifié, transparent et plafonné pour chaque personne, d’auditer leur gestion au cours et après les campagnes électorales.

Les grands défis qui s’imposent au Maroc :

- Faire entrer les jeunes dans la «société du savoir» et dans le monde des T.I.C. (technologies d’Information et de Communication) issues de la T.N. (Technologie Numérique) non pas seulement en tant que simples consommateurs naïvement connectés à l’internet, mais en tant qu’utilisateurs à bon escient (aux fins de développement durable) du savoir hautement technologique dans des activités efficacement opérationnelles, telles que l’I.E. (Intelligence Economique), la S.E.(Sécurité Economique), la biotechnologie et le langage à caractère universel de l’interconnexion informatique etc.;
- Remettre l’économie sur le chemin d’un développement original et durable, en dépassement de la gestion obsolète et technophile , de la dépendance technologique et financière et de la «planification du sous-développement» adoptées jusqu’à présent par les différents gouvernements ;
- Mettre en œuvre une politique de redistribution des revenus et des richesses qui s’exprime dans une nouvelle volonté de prise en charge du social : l’instauration d’un barème fiscal proportionnel et progressif sur les grandes fortunes et les revenus occultes, la défiscalisation du capital des PME et des prestations sociales, la valorisation des salaires plus particulièrement du revenu minimum, l’élargissement des prestations sociales, susceptibles de relancer la demande globale et l’investissement, favoriser la croissance, réduire les inégalités, améliorer l’égalité des chances et faire reculer la pauvreté et le chômage (r) ;
- Restaurer l’autorité de l’Etat en tant que régulateur économique et social, et réhabiliter l’institution du gouvernement en tant qu’instigateur de développement , en dépassement de l’hégémonie des organismes financiers et de la mainmise des lobbys (financier, commercial, agro-alimentaire, foncier …) sur les activités vitales de l’économie du pays.
- Impliquer l’ensemble des acteurs économiques et sociaux (pouvoirs publics, entreprises, banques, associations de la société civile..) autour de l’Etat ( réhabilité en tant qu’Etat-providence et instigateur de développement), pour élaborer durablement une nouvelle politique de distribution, d’aide incitative aux jeunes ( Centre de formation en technologies avancées, investissements ciblés, contrat de formation et emploi, initiations aux recherches et aux innovations) et de lutte soutenue contre la pauvreté et les inégalités.
- Convertir le volet consommatoire, les objectifs liés strictement à la rentabilité et le caractère illusoire de l’option des «grands chantiers», non accompagnée de politique d’investissement dans le savoir et non fondée sur un programme ambitieux de formation scientifique et de maitrise technologique, dont profitent exclusivement les «groupes de pressions» privés nationaux et les détenteurs des «fonds d’investissements» (et «fonds souverains») étrangers.
Il faut rappeler que depuis le début de l’indépendance, le Maroc n’a enregistré que des échecs flagrants et gravissimes en matière de politique de protection sociale et de formation d’une «majorité politique législative», susceptible de refléter la volonté du peuple et de répondre aux besoins essentiels des couches moyennes et pauvre qui forment la majorité de la population du pays(s).
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(NOTE a)

La création d’un conseil supérieur (ou cellule de haute compétence) chargé du Numérique ou des T.I.C. (Technologies de communication et Technologies d’Information), et d’études comparatives des différents modèles de développement adoptés par les «pays émergents», s’impose nécessairement pour permettre au Maroc de tirer des enseignements en matière de maîtrise technologique, de bonne gouvernance et d’intégration efficace et rationnelle dans la mondialisation économique . 

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(NOTE  b) 

Ce qui est plus grave, c’est que même Christine LAGARDE présidente du FMI ( en tant qu’institution connue pour ses visées hégémoniques sur les PED), en visite au Maroc au début de mai 2014, a mis en garde le Maroc sur l’ampleur du « chômage des jeunes » , la «croissance des « inégalités» (non « propice à une croissance durable»), la faible classe moyenne et l’absence de la compétitivité des PME ; le «redressement» relatif des «comptes de l’Etat» et l’augmentation naturel du PIB ne suffisent pas selon elle à assurer un développement durable sans réduction des inégalités et en l’absence politiques de bonne gouvernance et de réformes structurelles.

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