dimanche 26 avril 2020

Le gestion du temps amazigh, un volet du patrimoine culturel et historique (origine et évolution) 

- La reconnaissance précipitée et équivoque du «calendrier berbère» : A propos de la célébration du nouvel an berbère «Yennayer» (aqerru useggas), le 12-14 janvier de l’année grégorienne

1°)Présentation de la problématique générale :

Sans chercher à provoquer la polémique autour de la problématique politicienne en vogue centrée sur les implications politiques des effets dévastateurs de «l’invasion arabe» sur la civilisation berbère au Maghreb, je dirai en tant que défenseur de la culture amazighe et convaincu de la nécessité de reconstruire et de réhabiliter les fondements de cette culture hautement raffinée et riche en histoire, que les instigateurs du calendrier berbère (NOTE 1) qui ont décidé arbitrairement de se contenter des modifications apportées par les romains à leur modèle de gestion du temps pour retenir finalement la célébration du nouvel an «Yennayer», le 12 janvier de l’année grégorienne, n’ont pas fait preuve d’innovation pour préserver la spécificité et l’originalité de la culture amazighe.
Il faut rappeler que la datation de la célébration du jour de l’an amazigh fut d’abord une proposition très récente (1978) de Ammar Negad (en tant qu'adhérent à l'Académie Berbère de Paris et militant de la cause berbère) avant son adoption officielle par le CMA –Congrès Mondial Amazigh. Sur la base de nombreuses recherches, il choisit l’an 950 avant Jésus-Christ (qui correspond à la date d’occupation de l’Egypte et de la Palestine par le dirigeant berbère Sheshonq 1e ou Chachnaq) comme datation du point de départ (date zéro) de son calendrier.

2°) Le caractère arbitraire du choix de la datation du point de départ du calendrier berbère (la «vérité historique» sacrifiée au nom de l’unité des Amazighs) :

Nous devons préciser de prime abord que malgré nos critiques formulées à l'égard des décisions précipitées (que nous considérons comme étant méthodologiquement et historiquement non fondées) relatives au calendrier berbère (débutant avec l'accès au pouvoir de Sheshonq 1er vers 545 avant J. C. en Egypte pharaonique) et à la célébration du jour de l'an ("Yennayer" au 12 janvier), il est de notre devoir d'apporter notre soutien à ces grandes décisions majeures à partir du moment où les choix unanimes adoptés par l'Académie Berbère et le CMA -Congrès Mondial Amazigh- permet d'assurer l'unité des peuples Amazighs (dans le monde et au Maghreb) autour d'une nouvelle vision de la gestion du temps qui leur est propre.
Les principes scientifiques et éthiques au fondement de la recherche académique nous obligent à rétablir les « vérités historiques» en dépassement de tout arrangement d’ordre politique.
Sur cette base (datation du point de départ du calendrier berbère en référence au pouvoir de Sheshonq 1er vers 545 avant J. C), les instigateurs de cette innovation (voire de la contre-innovation) ont tout simplement adopté la solution facile en enregistrant 12 jours de plus par rapport au calendrier grégorien universel d’aujourd’hui. Ils acceptent ainsi le principe gravissime qui fait de la gestion des temps amazighs hautement symboliques (ou calendrier amazigh) une simple donnée historique fondamentalement dépendante de la civilisation romaine. Comme nous le verrons plus loin, la transcription Tifinaghe subira les mêmes arrangements artificiels au sein de l’Académie Berbère de Paris avant leur adoption par le CMA et l’IRCAM.
Quant au choix arbitraire de l'année de prise du pouvoir en Egypte par Sheshonq 1er qui a été définitivement admise comme point de départ du calendrier berbère, nous devons affirmer sans détour que la nature du pouvoir politique et militaire ainsi que les raisons et les objectifs qui avaient été fixés pour cette conquête du moyen orient inscrite dans la durée n'ont aucun lien logique et organique avec la culture berbère et ce, pour les raisons suivantes :
-Sheshonq 1er avait occupé la Palestine pour s'emparer des richesses du pays et s'installer pour longtemps sans intégrer le territoire occupé à une éventuelle entité politique du Maghreb dont il fut issu, ce qui est contraire à la vision berbère du bon voisinage propre à l'histoire du peuple berbère;
-Il s'est érigé en pharaon qui fut depuis l'origine une sorte de Dieu-vivant, ce qui constitue une véritable antithèse de la conception du pouvoir berbère fondée sur la démocratie locale, la propriété collective des terres, la gestion communautaire des biens communs etc.
-L'occupation de l'Egypte et de la Palestine par ce dirigeant avait permis d'instaurer dans la continuité un régime politique et militaire hautement despotique et esclavagiste sans aucun effet positif sur l'évolution de la vie du peuple berbère de l'Afrique du nord. Sauf des dynasties pharaoniques non dotées de visions de développement pour les gouvernés, succédèrent à ce régime obscurantiste, à commencer par le successeur de Sheshonq 1er (Osorkon 1e) jusqu'à l'époque de la reine Cléopâtre (règne de 51 à 30 avant J. C.)
- Sheshonq 1er qui avait décidé de s’ériger en pharaon, a tourné le dos au peuple amazigh et a omis délibérément de faire profiter les peuples amazighs nord africains des connaissances et des acquis des civilisations du moyen orient et de l’Egypte. Nous ne voyons pas ce qui justifie la valorisation et la vénération de ce personnage obscurantiste et despotique pour qu’il soit retenu comme une référence historique de la datation du point de départ du calendrier amazigh. Pire encore, ce dirigeant militaire ne jouissait d’aucune vertu spirituelle, morale ou philosophique (à l’instar de ce que furent les fondateurs des religions monothéistes ou asiatiques) susceptible d’être retenue comme un élément de légitimation d’un tel statut honorifique.
- A tire de comparaison avec les rois berbères, Massissina jouissait des vertus morales et politiques indéniables qui sont rapportées et reconnues par tous les historiens des peuples de l’Afrique du nord amazigh. Il mérite à notre avis d’être retenu comme une référence historique pour la datation du départ du calendrier berbère (soit 202 avant J.C.).
Rappel : Massissina ( - Masnsen), (206/-148, mort à 110 ans). Fondateur du royaume de Numidie, il est le plus célèbre roi amazigh de l’antiquité. Il régna pendant 54 ans (de -202 à -149 avant J.C.). Tout en étant le roi de la Numidie unifiée, il est considéré unanimement par les historiens de l’antiquité comme le PREMIER UNIFICATEUR DU GRAND MAGHREB AMAZIGH après avoir chassé les Romains de l’ensemble du territoire de Tamazgha, imposé un embargo durable et total sur le pouvoir carthaginois et intégré le territoire du nord Ouest (Maroc actuel) qui était anciennement occupé (depuis la conquête des Phéniciens -1100 avant JC) par les Maures. Et la date de 202 avant JC aurait pu être logiquement retenue comme point de départ du calendrier berbère. Le peuple amazigh vivait dans la prospérité tout au long du règne de Massissina. Il édifia un Etat numide unifié, indépendant et bien structuré. Il fit frapper une monnaie et entretint une flotte qu’il utilisa pour protéger son royaume des assauts des armées de Rome et de Carthage.
Il faut rappeler que pour les croyants du judaïsme, le comptage des années commence 3 761 ans avant Jésus (en référence au premier livre de la Bible, correspondant au début à l’an -3761 du calendrier grégorien), et le mois de septembre 2019 correspond, selon le calendrier hébraïque luni-solaire au Nouvel An de 5780. Pour les croyants du christianisme, le point de départ du calendrier solaire est la date de naissance de Jésus Christ, alors que pour les croyants musulmans, la datation du point de départ de leur calendrier luni-solaire se confond avec la date de l’«expatriement» prophétique» (الهجرة النبوية) ou Hijra. Dans la tradition chinoise, c’est l'Empereur Huang Di (qui avait pu sauvegarder la grandeur de son pays contrairement à notre Sheshonq) en 2637 avant JC qui avait crée le calendrier luni-solaire, et c’est son année de naissance (-2697) qui est appliquée pour dater le point de départ de ce calendrier.
A tire de comparaison avec les plus célèbres chefs militaires de l’histoire, Alexandre le Grand avait apporté à la nation gréco-macédonienne dont il était issu tous les acquis scientifiques, artistiques et culturels de l’Inde ; les empereurs romains avaient dépouillé le Maghreb des Amazighs et l’Egypte (au temps de Cléopâtre) de toutes les richesses économiques et des trésors hérités de leurs ancêtres, à l’instar de ce fit Napoléon Bonaparte dans les cas de l’Angleterre et de l’Egypte. Sauf notre Sheshonq décida étonnement de tourner définitivement le dos à son peuple en assurant une continuité aux pouvoirs pharaoniques au cours de sa domination sur le moyen orient et l’Egypte.
-Quatrième raison : Le choix de la l'année 945 avant J. C. fait gravement table rase de l'histoire ancienne du peuple berbère ( – 10000 à – 4000 ans avant J. C.)
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