dimanche 26 avril 2020

Origine et évolution du calendrier amazigh

1°) Pourquoi fête-t-on le jour de l’an berbère un «yennayer» - 12 janvier ?- (puisque nous sommes (suivant ses instigateurs) non seulement en 2019 mais aussi en l’an 2969 du calendrier berbère )

Dans une première étape, la datation en mois lunaires avait subi une modification en l’an 708 au temps de Rome de Jules César qui avait harmonisé le calendrier lunaire par rapport au cycle solaire donnant ainsi naissance au calendrier Julien avec une année de 365 jours + 1/4.
Dans un deuxième temps, le pape Grégoire XIII (qui remarque un retard cumulé de 10 jours) apporte en 1592 une modification et décide à partir du jeudi 4 octobre 1582 de passer au vendredi 15 octobre de la même année, donnant définitivement naissance au calendrier julien.

2°) Abandon délibéré et injustifié du calendrier luni-solaire amazigh et adoption de la philosophie romaine de la gestion des temps :

Il est à préciser que le mot «Yennayer» revoit au mois de janvier qui vient du terme romain «januarius» retenu par référence au «dieu romain des commencements et des fins», alors que les onze autres mois de l’année portent des noms latins.
Ce qui est paradoxal, est que les instigateurs de ce «calendrier berbère» qui ont retenu le mois de janvier en référence à "Ianiarius" romain qui fut un mois dédié au dieu Janus qui symbolise le renouveau tout en exprimant la fête du Nouvel An romain, ne nous ont pas éclairé sur les raisons qui ont poussé les peuples berbères à abandonner le calendrier luni-solaire datant de l’antiquité, alors qu’ils détenaient l’écriture leur permettant de l’élaborer.
Au lieu de se référer au terme amazigh «yen-n-yur» qui veut dire premier jour de la lune, ils ont délibérément tourné le dos au calendrier luni-solaire islamique dit hégire (combinant le cycle annuel du Soleil et le cycle régulier des phases de la Lune avec une prise en considération des cycles de saisons agricoles par rapport au cycle solaire. A ce niveau problématique, le sentiment «arabophobe» voire islamophobe (par référence mécanique et non méthodologique aux effets dévastateurs de l’«invasion arabe» sur la culture berbère» au Maghreb) chez les instigateurs modernes du calendrier berbère (en l’occurrence les fondateurs kabyles de l’Académie Berbère et les organisateurs maghrébins du CMA – Congrès Mondial Amazigh-) l’a emporté sur l’objectivité et les normes de recherches historiques posant la nécessité de sauvegarder la spécificité de la culture amazighe.

3°) L’ignorance affichée et la négation du modèle de calendrier luni-solaire amazigh des dirigeants berbères Almohades

En l’absence totale de traces de transmission depuis l’antiquité, la présence actuelle du calendrier julien partout en Afrique du Nord revient aux agronomes andalous au temps des Almoravides et des Almohades qui ont préféré reprendre le calendrier solaire julien, car ils savaient qu’il était mieux adapté à l’agriculture que le calendrier lunaire musulman comportant 12 mois sacrés de 29 ou 30 jours, d’autant plus qu’il n’est pas admis du point de vue de la Sunna d’ajouter des jours supplémentaires pour rattraper l’année solaire puisque partout l’élaboration d’un calendrier a été d’origine religieuse (calendrier hébraïque, calendrier grégorien, calendrier hégire)

Autre proposition :

Les instigateurs du «calendrier berbère» aurait dû s’inspirer du modèle de calendrier luni-solaire (fondé à la fois sur le cycle annuel du Soleil et sur le cycle régulier des phases de la Lune qui permet en même temps de créer une correspondance logique entre cycle des saisons celui des mois). Le calendrier luni-solaire (à l’instar des calendriers des arabo-musulmans dit hégire, des anciens Hébreux et de la Chine impériale) est parfaitement adapté à la mobilité et à la célébration des dates des fêtes religieuses ou traditionnelles.

4°) Rappels des faits historiques antérieurs au choix de la datation du point de départ du calendrier amazigh :

* Liens anciennement établis de l’histoire amazighe avec la culture capsienne :

Il faut préciser que les grands spécialistes de l’antiquité, considèrent (grâce aux importantes œuvres d’art et traces archéologiques) que l’histoire des Amazighs démarre dans le cadre du développement de la culture capsienne qui s’étalait sur la longue période ( – 10000 à – 4000 ans avant J. C.), puisque des analogies significatives ont été relevées et établies entre les motifs artistiques de la culture berbère et les peintures et gravures capsiennes retrouvées principalement au Sahara maghrébin.
* Confrontations avec l’Egypte des pharaons : Les dirigeants de l’Egypte se sont heurtés aux populations amazighes depuis 3000 ans avant J. C. qui leur donnaient le nom des «Libou» ou Lybiens. Pour protéger le pays des assauts des Berbères, le pharaon Thoutmosis III (16ème siècle avant J.C) avait édifié des forteresses tout au long des côtes jusqu'à l'ouest du Nil. Elles seront renforcées par Ramsès II même s’il avait réussi à intégrer une partie de leur population dans son armée.
Au cours du règne du pharaon Mineptah (1224-1214 avant J.C), le Libyen Meghiey, fils de Ded, de la tribu des Lebu réussit dans une première étape à envahir la partie Nord-Ouest de l’Egypte pharaonique grâce à l’engagement des guerriers au nombre de 25.000 avant d’être refoulé et chassé du pays vers le désert.
L'Egypte échappait à la «libyanisation» qui aurait changé son histoire au temps de Ramsès III (1198-1166 avant J.C) avec l’invasion des Lybiens qui étaient menés par Mesher, fils de Kaper. La guerre se solda finalement par la défaite des Libyens et de leurs alliés ;
Malgré ces défaites, les invasions libyennes se poursuivirent tout au long des siècles.
Il fallait attendre l’an 945-950 avant J .C (date mentionnée dans la Bible sous le nom de Sesaq ou Shishak qui aura comme successeur Osorkon 1er) pour qu’un membre de la tribu Mashawash arrive à envahir l’Egypte pour s’ériger ensuite en pharaon, sous le nom de Sheshonq 1er en fondant la première dynastie d'Egypte dirigée par un chef militaire d'origine berbère. Il fut intronisé dans les terres du Delta du Nil en Egypte où il fonda la XXIIe dynastie avec comme capitale Boubastis. Sheshonq avait surtout réussi à unifier l'Egypte avant d’envahir la Palestine et s'emparer des trésors du temple de Salomon à Jérusalem suivant certains historiens de l’antiquité.
Il s’agit tout d’abord d’un choix arbitraire, en ce sens qu’il fait table rase de l’histoire berbère plus ancienne ( – 10000 à – 4000 ans avant J. C.) antérieure à cette date en tant que tribus «Libou» comme nous l’avons évoqué en haut avec les tentatives d’envahir l’Egypte pharaonique qui furent menées par des différents dirigeants berbères (Meghiey en tant que contemporain du Prophète Moïs –سيدنا موسى - vers 1200 avant J.C. ; Mesher vers 1180 avant J. C. entre autres). Selon Mohamed Chafik (NOTE 2), le peuple amazigh vit sur la terre d’Afrique depuis 9000 ans et porte depuis plus de 3000 ans le nom authentique d’Imazighen (les hommes libres).
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NOTES

(NOTE1) : la datation de la célébration du jour de l’an amazigh fut d’abord une proposition de Ammar Negadi, un militant de la cause berbère avant son adoption officielle par le CMA –Congrès Mondial Amazigh. Après son exil en France, il adhère à l’académie berbère dont il devient l’un des membres. Sur la base de nombreuses recherches, il choisit l’an 950 avant Jésus-Christ qui correspond à la date où le roi berbère Sheshonq Ier(ou Chachnaq) pour trouver la date zéro de son calendrier. Fondateur de l’Union du peuple amazigh –UPA- (Tediut n’Aghrif Amazigh) en 1978 et auteur de nombreux écrits sur l’Aurès et sur la culture berbère, il est considéré comme le créateur du calendrier berbère.
(NOTE 2) : Mohamed Chafik : Membre de l’Académie royale du Maroc, ancien recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM). Spécialiste de la langue et de la littérature arabe et berbère, il est l'une des grandes personnalités du mouvement culturel berbère. Œuvre principale sur l’histoire et la culture amazighes :
-Aperçu sur 33 siècles d’histoire des Amazighs, Alkalam, mohammedia -1989.
-Autre publication : Pour un Maghreb d'abord maghrébin, Centre Tarik Ibn Zyad -2000
(Voir la BIBLIOGRAPHIE en ANNEXE DU de notre ouvrage "le guide amazigh....")
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