La portée politique et sociale du mouvement des Gilets Jaunes: La France entre les contraintes budgétaires générées par le modèle de prise en charge sociale qui se combinent au niveau gravissime de la dette et l’impossible remise en cause des acquis sociaux garantis par l’Etat Providence


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TABLE

-TITRE I : Les mouvements des GILETS JAUNES (Novembre et décembre 2018), causes et implications sociales et politiques : Analyse et décryptage
1°) Constats préalables : aggravation des inégalités, contraintes de la dette publique et des recommandations restrictives européennes
2°) Remise en cause du mode de gestion étatique
3°) Les principales revendications des Gilets Jaunes
4°) Décryptage des intellectuels
-TITRE II : Election d’Emmanuel MACRON et ses implications politiques.
-TITRE III : les obstacles structurels spécifiquement français à la reprise économique et les initiatives théoriques et pragmatiques pour les dépasser et les solutionner

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TITRE I : Les mouvements des GILETS JAUNES (Novembre 2018 -  mai 2019): causes et implications sociales et politiques : Analyse et décryptage

1°)Problématique générale :

Vingt mois après l’arrivée de Macron à l’Elysée et à quelques semaines des élections européennes, comment appréhender la crise politique et sociale générée par les mouvements des Gilets jaunes ?                                                                 

Constat amère immédiat :  les gilets jaunes ont réussi à dénaturer l'essence même de l'élection historique de Macron puisqu'il a raté sa "révolution" qu'il voulait réaliser par le "réequilibrage des comptes de l'Etat"  fixé en tant qu'objectif suprême de son programme présidentiel.  Il est à rappeler que le coût des mesures prises à l'occasion de l'extension des mouvements des Gilets jaunes devrait atteindre  17 à 20 milliards d'euros payables par la dette (qui atteind le niveau dangereux de 2300 milliards d'euros soit 100% du PIB correspondant à 30000 € par habitant et qui augmente de 6000 € par seconde). Ce qui veut dire qu'ils seront  supportés nécessairement et inéluctablement par les générations futures.  Macron s'inscrit donc dans la lignée économique et financière de ses prédécesseurs qui ont toujours eu recours à la dette pour financer leurs mesures illusoires de réformes.                                     

 *Une nouvelle forme de manifestation et de contestation sans représentation structurée et unifiée et sans référence idéologique répertoriée et explicite.
Lancé au départ pour protester contre la hausse des prix des carburants, le mouvement des Gilets Jaunes rassemble des profils divers et des Français de toutes tendances politiques qui agissent sur l’ensemble du territoire de La France.
Emmanuel Macron réussira-t il à déjouer et à démobiliser le mouvement des Gilets Jaunes suite à l'annonce des mesures économiques et sociales en faveur des couches défavorisées et à l'occasion de l'organisation du "grand débat national" (qui débute mardi 15 janvier) ? Rien n’est moins sûr !!!!
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* Deux observations préalables non protocolaires :                                                    -La première :  Emmanuel  Macron doit faire preuve de plus d'imagination en cessant de "fonctionner" sur la base du seul "logiciel" "numérique et financiariste" de polytechnicien chevronné pour le compte de l'oligarchie de la Finance (la famille Rothschild en l'occurrence) qui l'a parrainé et accompagné dans son ascension exponentielle vers la haute magistrature de la France.                                                                                                                                          - Deuxième observation : Nous relevons à ce niveau le "non dit" dans les médias français. Le paramètre politique et idéologique qui explique l'ambiguïté de l'action violente et durable des derniers irréductibles Gilets Jaunes est fondamentalement lié au refus catégorique et ferme (durablement soutenu par les fondamentalistes d'extrême droite à coloration antisémite et une extrême gauche classique anti-système) de ce mode d'élection fulgurant  d'Emmanuel Macron en tant que produit des recommandations souterraines des ultra-riches incarnés plus particulièrement par les Rothschild!!!!! (Sans trop de commentaires)

* L'action des Gilets Jaunes dans leur ensemble : Une Remise en cause du mode de gestion étatique français :

Et ce n’est donc pas un hasard si les critiques exprimées par les Gilets Jaunes visent plus particulièrement :                          - La réforme de l'ISF ;
- La répartition égale de la charge de l’impôt ;
- Les politiques de consolidation budgétaire (ou restrictions budgétaires) qui touchent les classes moyennes et populaires ;
-L’arrogance (à caractère bureaucratique) et l’absence de la capacité d’écoute des hommes politiques en tant que caractéristiques despotiques de la monarchie républicaine ;
-L’absence de consultation des français sur des questions économiques et politiques fondamentales telles que l’immigration, les accords du libre échange, la transition écologique et énergétique..
-l’injustice fiscale perpétuée et amplifiée par le gouvernement ;
-la défiscalisation du capital et la sur-taxation du travail,
-le laxisme des pouvoirs publics vis-à-vis de l’évasion fiscale des riches et des multinationales,
-la non taxation des activités des géants du numérique etc.
Ces mouvements incarnent selon le célèbre politicologue Alain Duhamel une «crise de société, une crise de la démocratie représentative…Face à l’ampleur de ce mouvement, le gouvernement a été mauvais et l’opposition lamentable en cherchant à exploiter cette crise historique à des fins électoralistes..».
Effectivement, le mouvement (très hétérogène) marque un tournant dans le quinquennat d’Emmanuel Macron. Avec son intervention le soir du 9 décembre, il faut s’attendre théoriquement à une redéfinition relative du modèle de distribution des revenus dans le pays qui touche l’ensemble des Français ainsi que la difficile initiative pour développer une "démocratie participative" s’il veut déjouer la crise et démobiliser les Gilets Jaunes..
Avec les Gilets Jaunes, le contrat social au fondement de la stabilité politique vole en éclats. Il ne s’agit pas d’un mouvement né exclusivement de l’ultra-droite. Celle-ci tente simplement de le récupérer. C’est un mélange d’éléments minoritaires d’ultra-gauche, d’un grand nombre de militants d’extrême droite et des déçus du modèle économique français et de la politique menée depuis un an et demi par E. Macron et son gouvernement.
Il faut signaler que malgré le caractère légitime de leurs manifestations, les actions violentes (casses et pillages) des Gilets Jaunes qui se combinent aux revendications radicales et irréalistes telle que la demande de démission du président de la république génèrent le risque d’une remise en cause du système démocratique républicain. Ne s’agissant pas d’une population représentative, les Gilets Jaunes en tant que mouvement non encadré et formé dans la rue (dont le nombre ne dépasse guère les 130000 personnes) ne peuvent destituer le gouvernement et encore moins le président.
Selon le ministre de l’économie, il faut s’attendre à un «coût élevé difficilement rattrapable» de ce mouvement :
-Recul et perte de croissance de 0,1% ;
- Division par deux de l’augmentation du PIB (0,2% au lieu de 0,4% initialement prévue) ;
-Les dépenses probables de l’Etat pour financer les nouvelles mesures sont évaluées à 12 milliards d'Euros;
A ce coût exorbitant, s’ajoutent les lourdes pertes économiques (équipements publics et dégâts matériels provoqués chez les commerçants victimes de la casse et du pillage et qui voient leur chiffre d’affaires chuter en moyenne de 20%).

-la réforme de l’ISF (Impôt sur les Fortunes) : la restauration de l’ISF permet (selon les représentants des Gilets Jaunes) de financer une grande partie des mesures à prendre pour satisfaire les revendications.(environ 45 milliards d’euros !!) ;

2°-) Constats préalables (les obstacles structurels propres au modèle de développement économique et  sociale français):

*Premier constat : Une distorsion importante et significative dans la structure des revenus des français depuis la crise de 2008 En effet, il faut relever chez les français vulnérables une dégradation relative du pouvoir d’achat et un appauvrissement du patrimoine de l’ensemble des ménages. A l'opposé, la situation des ménages les plus riches s’est relativement améliorée, alors que les revenus et les ménages «ultra-riches» ont bénéficié continuellement d’une augmentation exponentielle de leur revenu et de leur patrimoine. Une telle distorsion est au fondement des mouvements des Gilets Jaunes. Elle légitime leur action et leurs revendications.

*Deuxième constat : les contraintes de la dette publique française. Les différents gouvernements se trouvent depuis des décennies coincés entre la nécessité de satisfaire les dépenses de prise en charge sociale (Rôle de l’Etat Providence) et l’augmentation sans cesse de la dette publique qui atteint un niveau alarmant :

*La dette s'établit à 2 299,8 milliards d'euros, soit 99% du PIB
*Comment définir une dette publique ?
Au sens du traité de Maastricht (c'est-à-dire la dette de toutes les administrations publiques), la dette publique (qui peut s'exprimer en euros comme en pourcentage du PIB) est égale à la dette :
-de l’ Etat (y compris les ODAC) ;
-des administrations de sécurité sociale,
-des administrations locales et organismes divers d'administration centrale.
*Il ne faut pas confondre la dette publique avec le déficit public, qui correspond au besoin de financement des administrations publiques.
*L’endettement public est épongé au cours des périodes de forte inflation, de forte croissance, ou de hausse des recettes publiques

*Troisième constat : Les contraintes des recommandations européennes : Au début de mai 2013, et eu égard au contexte de crise structurelle et au fardeau de la dette, la Commission européenne avait accordé un délai ferme et limité à la France pour corriger ses dérives budgétaires et ramener son déficit budgétaire à la barre de 3%.

Au-delà de cette restriction européenne, il faut rappeler que plus de 150000 Français ont des comptes dans les paradis fiscaux dont 1/3 en Suisse ( principalement à la banque UBS), totalisant un avoir évadé de 600 milliards d’euros (soit l’équivalent de 1/3 de la dette française).

* Quatrième constat : Selon Newsletter info, l’évolution des prix des produits et des services liés directement à la vie des Français est détaillée comme suit :
-Question 1 : Tout augmente? Vrai, mais... ?
« Carburants, eau, électricité, gaz : tout augmente.
À en croire les chiffres récoltés par l'économiste Philippe Defeyt, c'est vrai. "En 20 ans (entre 1998 et 2018), certains besoins de première nécessité ont augmenté bien plus vite que le revenu moyen. Par contre, certains produits, comme l'électroménager ou les télécommunications sont devenus beaucoup moins chers".
*Revenu disponible par personne : 1998 -->2018 : +66%
*Revenu d'intégration : 1998 -->2018 : +73%
*Carburants : +95,7%
*Gaz : +80,4%
*Électricité : +97%
*Matériel de téléphonie : -75%
*Gros appareils ménagers : -7%
*Service de téléphonie et de télécopie : -16% »
- Question 2 : «Les riches sont de plus en plus riches. Les pauvres de plus en plus pauvres. Vrai et faux. » ?
"Les riches deviennent effectivement de plus en plus riches. Les travaux de Thomas Piketty ont démontré que 1% des personnes les plus riches accaparent une part toujours plus importante des richesses. Par contre, il n'est pas fondé de dire que les plus pauvres le deviennent encore plus. Les minimas sociaux ont augmenté d'avantage que le salaire de la classe moyenne inférieure".

3°)* Revendications 

*-Au delà des revendications d'ordre économique ( la remise en cause de la réforme de l'ISF (Impôt sur les Fortunes), de la répartition inégale des charges sociales, des restrictions budgétaires en défaveur des classes moyennes et populaires, les Gilets Jaunes dénoncent :

-L’arrogance (à caractère bureaucratique) et l’absence de la capacité d’écoute des hommes politiques en tant que caractéristiques despotiques de la monarchie républicaine ;
-L’absence de consultation des français sur des questions économiques et politiques fondamentales telles que l’immigration, les accords du libre échange, la transition écologique et énergétique..
-la défiscalisation du capital et la sur-taxation du travail,
-le laxisme des pouvoirs publics vis-à-vis de l’évasion fiscale des riches et des multinationales,
-la non taxation des activités des géants du numérique etc.

*-Les revendications de nature sociale avancées par les Gilets Jaunes portent essentiellement sur :

-L’augmentation des salaires et la revalorisation du SMIC de 200 euros (fixé à 1300 euros) ;
-Un minimum vieillesse à 1200 euros. ;
-L’annulation de l’indexation des pensions de retraite ;
-La suppression de la taxe d’habitation ;
-La défiscalisation des heures supplémentaires
- la rehausse des retraites, la baisse des impôts et l'annulation des taxes (taxe à la pompe) ;
- la retraite à 60 ans et une augmentation générale des pensions ;
-Des prêts bancaires à 0% en faveur de la population lésée ;
- Des primes aux salariés à accorder aux français qui travaillent loin de leur domicile ;
-Une vie digne sur la base de leur travail et non seulement des revenus minimum (RSA) etc.
-Un «référendum sur l’initiative citoyenne» selon l’expression des militants radicaux des Gilets Jaunes.

4°) Décryptage du mouvement selon des intellectuels français


-* Jacques Sapir

« Le gouvernement semble avoir du mal à comprendre que le mouvement des Gilets Jaunes représente une insurrection non contre la fiscalité pesant sur les carburants mais contre la montée d’une pauvreté qui touche prioritairement ce que l’on appelle la «France Périphérique»

-* Aline Gérard :

  Professeur à Sciences-po Bordeaux : « Les Gilets jaunes, un mouvement «inédit dans l’histoire française» : « Rejet des chefs. Ce mouvement peut tout aussi difficilement être rapproché du «Mouvement 5 étoiles», parti anti-système, anti-élites et eurosceptique qui a fait imploser le clivage gauche-droite en Italie. Les Gilets jaunes sont-ils la version tricolore des Indignés, ce mouvement citoyen né en 2011 sur la Puerta del Sol, à Madrid ? « Sociologiquement, on n’est pas du tout sur les mêmes bases. Les Indignados étaient plutôt des jeunes urbains, diplômés, coincés dans leurs aspirations d’avenir »

-* Des Gilets Jaunes, bientôt dans toute l’Europe ? par REMY Ronald:

« Des initiatives du type Gilets Jaunes commencent à apparaître en Belgique, en Italie et même dans la riche Allemagne. Allons-nous voir émerger un phénomène revendicatif au niveau continental ? L’Europe économique telle qu’elle a été gérée jusqu’ici pourrait bien en être fortement influencée. L’avenir et les élections européennes diront dans quelle direction politique».

-* Pour Alexis Spire, sociologue au CNRS, 

 «Les Gilets jaunes n’appellent pas à attaquer les dépôts de carburant pour faire le plein gratuitement. C’est plutôt le constat que l’argent public est mal utilisé. Que l’argent ne va pas là où il devrait aller »

5-*Le sens d’une révolte, par Eric JUILLOT, professeur d’histoire-géographie au collège Arthur Rimbaud de Nemours :

« le mouvement des Gilets-jaunes a réussi en deux semaines à marquer de son empreinte profonde la vie politique de notre pays. Tout laisse à penser en effet qu’il va entraîner une réorientation majeure du cours de notre histoire, bien qu’il soit impossible à ce stade d’en préciser le rythme et les modalités ».

-* Gilets jaunes (Par Hector Allain) :

« 6 causes d’un désastre annoncé :
Il n’existe pas de société sereine sans discipline et respect »
«1-LA BAISSE DU POUVOIR D’ACHAT VIENT D’UN DÉFICIT DE TRAVAIL
2-«L’IGNORANCE DES RÉALITÉS ÉCONOMIQUES CRÉE DE LA VIOLENCE »
«3-L’EFFICACITÉ DES SERVICES PUBLICS DÉCROÎT ET NE VA PAS S’AMÉLIORER »
«4-MACRON FONCTIONNE AVEC UN LOGICIEL ÉCONOMIQUE DU PASSÉ »
«5-LES FRANÇAIS VIVENT DANS UN MONDE VIRTUEL »
«6-L’ABSENCE DE SANCTION MÈNE À LA VIOLENCE »

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*TITRE II : Election d’Emmanuel MACRON et ses implications politiques

Après la mise à l’écart des partis traditionnels, voire des deux pôles qui avaient dominé la vie politique française tout au long de la cinquième république ( pôle de gauche et pôle de droite), Emanuel Macron doit faire preuve de souplesse et d’imagination pour créer de nouvelles conditions politiques de «rassembler» et de «gouverner ensemble», c'est-à-dire en dehors des clivages politiques à l’origine du blocage des réformes profondes de la société française ;
- Suite à ces élections, il y’aura aussi une refondation de la fonction présidentielle dans de nouvelles conditions anti-clivages et anti-bipolarisation de la vie politique française ;
- Nous croyons que Macron ne peut laisser la France se couper en quatre (front Macron dit «République en marche», front de gauche, front de droite et front nationaliste de M. Lepen), il doit s’ouvrir aux différentes compétences (abstraction faite de leurs idéologies) susceptibles d’émaner de la gauche, de la droite et du centre.
- Emanuel Macron a donc une tâche historique considérable, celle de convaincre les différents pôles politiques de gouverner ensemble et de définir en commun accord une politique de réformes à caractère national, en créant et en gérant dans la durée un nouveau FRONT REPUBLICAIN (portant un réel pacte social) profondément attaché à l’Europe face à trois pôles politiques qui se dessinent fortement à contre courant du Parti Républicain et du Parti Socialiste, à savoir :
1- A la montée du FRONT NATIONALISTE (devenu FR–«Front Républicain»-) antimondialiste et anti-européen incarné par M. Lepen ;
2-A la popularité et à la détermination du Front de Gauche (« France Insoumise » dirigée par Mélanchon) ;
3-A l’important parti virtuel des absentéistes (ou non électeurs) qui sont lassés des partis politiques traditionnels anciennement polarisés en «Droite» et «Gauche».
Au-delà donc de la lourde pesanteur du modèle de répartition des richesses et des contraintes budgétaires générées par la dette et les recommandations européennes, Emmanuel Macron aura du mal à aller jusqu’au bout de son mandat face aux agissements de ces trois pôles politiques qui incarnent aujourd’hui les mouvements des Gilets Jaunes déclenchés en novembre et décembre 2018 (voir supra).

TITRE III : Rappel des obstacles structurels spécifiquement français à la reprise économique et les initiatives théoriques et pragmatiques pour les dépasser et les solutionner

Malgré les avantages sociaux du modèle de développement français (Etat Providence) qui subsistèrent jusqu’à l’avènement de la mondialisation économique, par rapport surtout à celui des Etats Unis, il faut rendre hommage à l’éminent théoricien de l’économie J.M. Keynes, qui estimait qu’on pourrait croire à une remise en cause du système capitaliste si les prélèvements obligatoires de l’Etat dépasseraient le taux de 25%. Dans le cas français, ils dépassent les 40%.
- Le deuxième obstacle structurel majeur de l’économie française, parallèlement au degré élevé des prélèvements obligatoires de l’Etat, est le coût élevé du travail en termes de charges (cotisations) sociales, qui pèsent énormément sur la capacité productive des entreprises (des PME en particulier), et donc sur leur capacité à affronter la concurrence internationale en ce temps de crise de la mondialisation ;
- Le troisième facteur structurel (en même temps conjoncturel) qui atténue sérieusement et paralyse relativement l’action de l’Etat français, est la dette exceptionnellement élevée (2 299,8 milliards d'euros, soit 99% du PIB, 30000 euros par habitant et 6000 euros d’augmentation par seconde), dont les charges de remboursements dépassent le budget du plus important ministère du gouvernement ( tel que le ministère de l’Education Nationale). A ce fardeau de la dette, s’ajoutent les contraintes du déficit de la Sécurité Sociale (Plus de 18 milliards d’euros) et les prévisions pessimistes sur le déficit de l’UNEDIC (Assurance Chômage) : plus de 4,60 milliards d’euros.
La France ne pourrait entamer la résorption de la dette qu’avec un taux de croissance supérieur à 3%, Compte tenu de ces énormes contraintes, il serait difficile, voire impossible pour la cinquième puissance économique du monde, de rembourser la totalité de la dette.
Il est à préciser que le recours aux schémas classiques pour solutionner la dette sont aléatoires à l’ère de la mondialisation et de l’intégration européenne, telles que : la rigueur budgétaire, l’option inflationniste à un taux minimal de 4% (en éjectant des liquidités dans la circulation), la « renationalisation de la dette » au moyen de nouvelles formes d’imposition susceptible d’être compensées dans l’avenir, et enfin la « mutualisation » élargie de la dette européenne (extension du rôle des euro-bands)..
Tout a été fait pour inverser la courbe du chômage, sans résultat, puisque les gouvernements successifs n’arrivèrent pas à trouver des solutions aux paradoxes suivants (liés essentiellement aux entreprises et aux ménages) :
* Paradoxe affronté par l’Etat face aux entreprises : Réduire les dépenses budgétaires ( pour remédier au déficit), nécessite l’augmentation des impôts, ce qui agit négativement sur la croissance. Alors que ce n’est qu’avec la croissance qu’on crée des emplois. D’où le caractère permanent du chômage. Ainsi, en l’absence de réduction des couts du travail ( réduction des charges sociales), les entreprises se trouvent dans l’impossibilité d’améliorer leur compétitivité et de créer donc des emplois marchands, ce qui atténue la popularité de la majorité et paralyse l’action du gouvernement qui ne peut assigner à l’Etat un rôle exclusif de remédier au problème du chômage .
Vue la situation de clivage politique dont souffre le pays, l’opposition gère paradoxalement la confusion politique qui frappe l’imaginaire des Français (généralement inconscients, fourmiliers et assistés) à savoir : la création d’emplois est une affaire qui concerne essentiellement les entreprises, alors que c’est la majorité politique qui encaisse les coups de l’impopularité ;
*Les ménages : les études fiables sur la consommation font ressortir que les Français maintiennent en permanence un reflexe d’épargnants, puisque environ 16 millions de familles ont un livret d’épargne. D’autant plus que le sentiment d’insécurité et la vision pessimiste des Français conduisent à relever un pourcentage élevé de l’assurance-vie dans le revenu global des ménages. Un tel reflexe spécifiquement français ne contribue en rien à la reprise économique ( possible relance de la consommation intérieure) et constitue un « casse-tête » pour toute majorité politique qui a l’obligation de relancer la croissance, de développer les investissements de renforcer la compétitivité et d’inverser la courbe du chômage .
La question qui s’impose à tout gouvernement est comment orienter cette épargne vers les entreprises et les activités plus productives et créatrices de richesse et d’emplois ?
C’est pourquoi les plus éminents économistes recommandent aux gouvernants d’élaborer des réformes structurelles qui doivent viser essentiellement cinq domaines de la société française :
1- La réforme de l’Etat providence, même s’il joue un rôle important dans le processus d’amortissement des secousses engendrées par les crises périodiques, mais sans avoir la capacité de mettre en œuvre une politique plus dynamique pour dépasser la crise et relancer la reprise économique ;
2- La réforme de la politique étatique vis-à-vis de l’entreprise, handicapée par le cout élevé du travail, le clivage syndicat-patronat (absence de flexibilité du marché du travail qui se combine à un code de travail compliqué et complexe), la faiblesse de l’esprit de la libre entreprise ;
3- La réforme de la politique étatique vis-à-vis des ménages : élaboration des politiques économiques qui favoriserait l’orientation de l’épargne des ménages vers des activités marchandes et productives ( l’essentiel de l’épargne des ménages français, soit environ 60%, n’est pas injectée dans l’économie : activités d’investissement et de création de richesses et d’emplois) : Face à une telle situation de chantage d’un peuple hautement assisté, c’est l’Etat qui paie aux ménages les intérêts de la dette.
4- Réforme du régime politique et des partis politiques, pour mettre fin à la polarisation et aux clivages politiques entre gauche et droite (entre majorité et opposition), entre syndicats et patronat, qui empêchent tout compromis, y compris sur des mesures d’intérêt national. Il faut préciser que ce sont des réformes de structures ( réalisées dans un esprit de compromis entre patronat et syndicats et entre les forces politiques diverses), combinées à la flexibilité du marché du travail et à l’investissement axé sur la recherche et le développement durable, qui ont permis à l’Allemagne de s’ériger en première puissance financière et économique de l’Europe.
5- Réforme des régions : Pour tirer des enseignements significatifs en matière de développement durable, il faut rappeler qu’au moins quatre concepts opératoires doivent être pris en compte pour servir de grilles d’appréciation de toute réforme structurelle liée à la décentralisation et à l’aménagement du territoire :
1* La proximité (gestion de bonne gouvernance et proximité);
2* La simplification (gestion administrative et procédures liées à la vie quotidienne des citoyens et des investisseurs)
3* La compétence ( des nouvelles structures en matière de développement d’infrastructures liées aux équipements sociaux, à la recherche et à la maîtrise des contraintes écologiques et énergétiques);
4* L’économie (ou maîtrise des dépenses et perfectionnement de la fiscalité locale ) : L’Etat français compte réaliser une économie globale d’au moins 15 milliards d’euros et de 8 milliards par la seule réduction du nombre des communes ( de 36000 à 5000) qui se conjugue avec la réduction du nombre de régions (de 22 à 13);
5- Le renforcement de la position de la France au sein de l’Europe ;
Le Grand problème structurel dont souffre la France depuis des décennies, c’est que l’ensemble des forces politiques eurent (dramatiquement et durablement) du mal à créer une unité nationale ( ne serait ce qu’au niveau de leurs prises de positions sur des mesures non politiciennes communes), pour faire face aux marchés, au monde de la finance et aux exigences de l’Europe, ou plus particulièrement pour affronter les anciens et les nouveaux puissants de la mondialisation économique et du capitalisme financier !
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