I- PRESENTATION : Pour une «relecture» de l’histoire des tribus rifaines de Gzenaya au nord du Maroc (intégrée en tant qu'étude de cas à notre ouvrage intitulé "le guide amazigh : contribution à la "reconstruction" de la civilisation amazighe" (à paraître au cours de l'année 2019)                                               

     Plan sommaire de l'étude de cas :

-Origine, mouvements migratoires et installation de la population( berbérisée d'origine arabe) du sud de Gzenaya

-Etude cartographique et géographique
-Statut de la propriété, conseil tribal local et rapports sociaux de production
-Pour une "relecture" de l'histoire de la résistance (Armée de Libération) de Gzenaya
-Quel modèle de développement pour la région de Gzennaya ? 

    *Quelques propositions de réforme et de développement fonctionnelles

    * Les "mines d'or" de la ville d'Aknoul (un patrimoine mal exploité et en déperdition)

     * Les enseignements à tirer d'un "modèle de gestion de la ville" en matière de modernisation et de gestion locale de bonne gouvernance : La ville d'Assilah (اصيلة) 

-Essai de reconstruction du patrimoine (matériel et immatériel) des tribus du grand Gzenaya 

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TABLE DES MATIERES DE L'OUVRAGE

INTRODUCTION   GENERALE Présentation de la problématique générale de la “question Amazighe »
PARTIE I- A propos du concept de «culture» - الثقافة- et son statut dans la pensée arabe : D’Ibn Khaldoun à Malik Ibn Nabi
PARTIE II : Rappel sommaire des thèses en présence sur l’origine et l’évolution de la civilisation amazighe :
A- les enjeux scientifiques et idéologiques de la question de l’origine et de l’identification génétiques des Amazighs 

B- Le caractère composite des ethnies amazighes
C- La civilisation amazighe est l’une des plus anciennes et des plus enracinées de l’histoire humaine
PARTIE III- La nécessité posée d’une relecture de l’histoire du Maroc pré-coloniale et des rapports antagonistes entre l’Etat central alaouite et les communautés amazighes
PARTIE IV : Langues et répartition géographique des Amazighs
PARTIE V: Rappel sommaires des grandes étapes historiques préislamiques de la civilisation amazighe
PARTIE VI : Les communautés amazighes et l’expansion arabo-islamique
PARTIE VII : La France appelée au secours du pouvoir arabe à l’encontre des droits légitimes et historiques des communautés amazighes du Maroc (19ème - 20ème siècle)

PARTIE VIII : Le coup d’Etat institutionnel de 1960 : De la décapitation de l’Armée de Libération Nationale - جيش التحرير- à la mise à l’écart des mouvements politiques de gauche
PARTIE IX : La question amazighe dans les pays nord africains contemporains
PARTIE X : Les raisons historiquement et politiquement légitimes du déclenchement des mouvements populaires du Rif 2016-2017;

PARTIE XI : Etude de  cas : l'exemple des tribus rifaines du grand Gzenaya au nord du Maroc

-Origine, mouvements migratoires et installation de la population du sud de Gzenaya

-Statut de la propriété, conseils locaux et rapports sociaux

-Pour une "relecture" de l'histoire de la résistance (Armée de Libération) de Gzenaya

-Quel modèle de  développement pour la région de Gzenaya ?

-Des "Palestiniens dans leur pays" entre le marteau et l'enclume (entre la cohésion tribale à caractère discriminatoire de type "segmentaire" et la politique de "recolonisation" makhzénienne

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ANNEXES
1°)- L’alphabet amazigh
2°)- Le calendrier et la gestion du temps amazighs
3°- Saisons et jours de la semaine

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Sans revenir ici sur la question de la crise de conscience de l’identité historique ressentie au sein de la communauté intellectuelle amazighe dont nous avons essayé modestement d’analyser les aspects sociologiques, historiques et politiques dans notre étude précitée (voir note 1), nous nous contentons de présenter brièvement les enjeux culturels et linguistiques de l’étude de cas portant sur les tribus rifaines du sud de Gzenaya tout en étant conscient des réactions de stupéfaction, voire de rejet qu’une telle étude provoquerait dans le milieu des intellectuels qui ne cessèrent de réclamer jusqu’ici leur appartenance à cette zone sud du grand Rif en tant qu’amazighs.
La contribution de recherches est axée sur l’étude de deux thèmes historiques puisée dans des documents d’histoire et reconstitués à partir des textes qui reviennent aux auteurs les plus fiables en matière d’études des phénomènes migratoires et leurs implications sur l’évolution de la culture berbère au Maghreb tels que:

 Ibn Khaldun - «Histoire des berbères»-, J.Berque, Charles André Julien, Gabriel Camps, Henri Basset, Bernard Lugan, Mohamed Chafik, Salem Chaker entre autres..)

-Premier thème : Mouvements migratoires et identification des populations amazighes à l'origine et des populations arabes berbérisées (le cas de Gzenaya).
-Deuxième thème de recherche : Eparpillement et unification des tribus de Gzenaya au cours des deux derniers siècles jusqu’à l’indépendance du pays, leurs liens complexes avec l’Etat central makhzénien alaouite et leur rôle réel dans la lutte contre le colonialisme
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II- METHODE, REFERENCES THEORIQUES ET MODELES D’ANALYSE (historique, dialectique et diachronique) de l'Etude de Recherche intitulée :       "le guide amazigh: contribution à la 'reconstruction' de la civilisation amazighe.."(voir détails ci-dessous).

Précision préalable : 

Nous ne sommes pas contenté de l'étude théorique et historique, mais nous avons mené depuis une dizaine d'années une investigation sur le terrain (recherches des vestiges historiques et collecte de témoignages directs etc.). L'exemple frappant de la communauté dite "Ichaweyenne" occupant le centre d'Aknoul est significatif. En effet, les personnes âgées (très représentatives de l'ensemble de la région de Gzennaya) qui sont nées à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle que nous avons interrogées (Fadhma Aâyyadha décédée à l 'âge de 105 ans au début de l'année 2018 et Omar Nadriwach à Aknoul, nous ont confirmé l'origine arabe des Ichaweyenne en lien avec le groupement dit "Ouled Haddou" (spécifiquement hilaliens) dont les plus représentatifs résident toujours dans la zone Nord Est de Casablanca. Alors que d'autres personnes dont l'âge dépasse un siècle telles que Mouloud Yaâcoubi à Khabbaba, Ahmed Outhfassith à Tasthit, Alkholani Si Mohamed Laâraj à Ikhawanen en l'occurrence, nous ont fourni des informations à caractère historique très significatives qui confortent notre analyse des tribus de Acht Âssem (de la région de Ajdir et de Boured), Âcht Younès et Âcht Mhand de la zone nord Est de Tizi Ouzli..
En ce concerne les références théoriques et historiques, l'analyse synthétique et comparative renvoient nécessairement à trois grandes écoles en présence sur l'histoire du Maghreb :

1-Méthodologie de la Sociologie et de l’ethnologie d’obédience anglo-saxonne (Ernest Gellner , Raymond Jamous, Evans-Pritchard en ce qui concerne l’apport de la "théorie de la segmentarité") .

2-Méthodologie d’obédience marxiste (modes de production et rapports de classe au sein de la formation sociale marocaine dans son ensemble qui opposaient les aristocraties makhzéniennes au pouvoir aux communautés paysannes à dominante amazighe particulièrement au cours du règne des Alaouites jusqu’au Protectorat).

2-Méthodologie khaldounienne des mouvements migratoires

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1°)En ce qui concerne la "théorie de la segmentarité"

Malgré ses outils d'éclaircissement et son apport théorique hautement significatif pour les sociétés maghrébines, la "théorie segmentaire" pose d’énormes problèmes méthodologiques : Tout en demeurant excessivement imprégné de formalisme, ce modèle privilégie la logique structuraliste sans prendre en compte les paramètres économiques et les rapports sociaux d'exploitation et de domination. D'où la nécessité posée de l'analyse marxiste (approximative).
Evans-Pritchard retient les concepts de «fission » et de «fusion» pour décrire une société segmentaire en tant qu’ "emboîtement hiérarchique des segments" et leur "opposition complémentaire" sans se soumettre à un pouvoir centralisé. Le statut généalogique est au fondement de l’appartenance de la personne, de la famille ou du clan à un segment. «Les points de références varient en fonction de la multiplication des niveaux de segmentation». Ce qui différencie la société segmentaire de type arabe de la société segmentaire de type berbère, est que celle-ci fonctionne fondamentalement sur la base d’un seul segment : l’opposition (ou «fission » selon le terme de Evans-Pritchard) du clan solidaire à d’autres clans, ou de la tribu à d’autres tribus qui se combine à la propriété collective des terres, à une forme de démocratie locale représentée par un conseil (au lieu d’un chef charismatique dans le cas du modèle arabe représentatif d’un pouvoir central) et une large libération de la femme par le travail.
Suite aux travaux d’Ernest Gellner et de Raymond Jamous, la théorie de la segmentarité a fait l’objet de référence pour étudier plusieurs sociétés du Maghreb.

Concernant le modèle segmentaire, voir les études de recherches suivantes :
- Abdallah Hammoudi, « Segmentarité, stratification sociale, pouvoir politique et saints, réflexions sur la thèse de Gellner », Hesperis-Tamuda - 1974)
- Raymond Jamous, Honneur et Baraka, les structures sociales traditionnelles dans le Rif, Cambridge University Press et M.S.H., Paris, 1981.
- Ernest Gellner, Saints of the Atlas, Londres, 1969.
- Edward Evans-Pritchard, The Nuer. A Description of the modes of livelihood and political institutions of a Nilotic people, Oxford, 1940

2°)Méthodologie khaldounienne: 

*Au delà de la problématique limitée de l'étude et à titre de rappel, il faut seulement préciser qu'Ibn Khaldun fait l’unanimité des sociologues et historiens non arabes comme étant le fondateur de la sociologie et de la philosophie de l’histoire et en même temps le premier penseur qui avait réussi à dégager des lois économiques et sociologiques à partir des faits et de l'évolution des sociétés contemporaines.
-Il attribue au concept de « Assabya »- العصبية- ( en tant que système socioculturel de cohésion sociale) deux aspects : l’un est spirituel et l’autre objectif et matériel. Il est retenu comme l’un des paramètres socioculturels qui expliquent la décadence des sociétés arabes.
- Ibn Khaldun (en tant que théoricien de la dialectique économique et sociale), rejoint ainsi la méthodologie philosophique qui fonde le matérialisme marxiste (interaction dialectique de plusieurs éléments et de causalité logique) où se combinent d’une manière complexe (suivant les spécificités propres à chaque société ) ce que le marxisme retiendra comme infrastructure et superstructure au niveau de l’étude des formations sociales et des modes de production.

*Concernant notre étude de cas, ce qui nous intéresse en premier abord, c'est la méthodologie khaldounienne portant sur les mouvements migratoires (facteurs économiques et géographiques déclencheurs des mouvements de déplacement et d'installation des populations, processus de "berbérisation" d'une partie de la population arabe et d'"arabisation" d'une partie de la population berbère etc.):

3°) Méthodologie d’obédience marxiste au sein du mode de production communautaire dominant au sein des "Qbilas" du Rif

La méthodologie marxiste porte sur l'étude des rapports de production directe au sein des tribus rifaines de Gzennaya autour du principal moyen de production (la terre) tout au long des quatre siècles de la consolidation de l'Etat-Makhzen alaouite, qui se combine à l'analyse des rapports conflictuels entre les Qbilas rifaines du nord de Gzenaya (qui vivaient en autarcie) et l'Etat Makhzen alaouite.
Sans faire l’éloge de l’égalitarisme tribal, nous relevons une coexistence de la propriété collective et des petites propriétés familiales en tant que principale caractéristique du système d'appropriation de la terre et de son mode de contrôle au sein des tribus berbères rifaines.

Mode et rapports de production au sein des tribus de Gzennaya (analyse marxiste approximative)  : 

a- Les rapports de production communautaires.

Ce sont les rapports de production dominants dans les communautés paysannes, et qui correspondent à la forme collective de la propriété de la terre (ou bled jmaâ ) dont jouissaient tous les membres de la Qbila.
Ils ne constituaient donc pas des domaines de rentes, et excluaient ainsi tout rapport de subordination et de domination personnelle.
Deux formes de propriétés coexistaient au sein des communautés paysannes :
- La propriété parcellaire qui constitue la règle générale et
- La propriété collective.
Sur cette structure tribale maghrébine M. SAHA écrit :
« Le pouvoir tribal repose sur une cohérence interne des rapports sociaux : allergie à la dispersion, respect d’une hiérarchie «horizontale» (partage économique, démocratie directe, djemââ sous l’égide d’un chef vénéré qui est tantôt l’homme des décisions, tantôt l’arbitre), lois de la descendance, du patriarcat, de l’appartenance spirituelle, morale et culturelle. A ajouter les cachets de la spécificité : traits psychologiques particuliers, et règles déterminant les compromis de la générosité, de la tolérance… la formation tribale, attachée à son autonomie, parfois vivant en autarcie, est par principe anti-étatique»

b- Rapports de production directs : moyens propriétaires/ producteurs paysans  

les propriétaires moyens ruraux n’étaient liés ni à des organisations religieuses (zaouya), ni à d’autres aristocraties qui étaient au pouvoir.
Leur rapport avec les paysans excluait toute relation de subordination et de domination.
Ces rapports se présentaient sous différentes formes :

*La forme «khammassat -ثاخماست -» :

 Le producteur ou le Khammès se présente contrairement à d’autre rapports de production comme un associé qui bénéficie du cinquième de la récolte annuelle en échange de sa force de travail. Le khammès -اخماس- qui est généralement propriétaire de sa parcelle de terre et de ses moyens de production, reçoit une avance, soit en argent, soit en nature. Le contrat de travail pour un an est renouvelable au gré des deux associés.
Ce rapport de production exclut donc ce que Marx appelle les «formes inférieures de la rente foncière», puisque le preneur propriétaire parcellaire, est un simple tenancier et non un «possesseur effectif».
Le tenancier tout en étant propriétaire de sa propre parcelle ne participe qu’au partage du produit. Dans ce cas, écrit Marx, «la part revenant au propriétaire foncier n’est pas de la rente pure», il ajoute qu’ «il est possible qu’elle absorbe tout le surtravail de tenancier, ou qu’il n’en laisse à ce dernier qu’une part plus ou moins importante, mais l’essentiel, c’est que la rente n’apparaît plus ici comme la forme normale de la plus-value tout court» (Marx)
Dans ce rapport, le Khammès est totalement libre et sa position vis-à-vis du propriétaire moyen au sein de sa communauté exclut toute forme de dépendance, par opposition à la position des producteurs qui travaillent sur les grands domaines de rente au stade du féodalisme européen.

*la deuxième forme est la «Rabaâ» -تارباعت- :

 Le producteur, en bénéficiant des mêmes conditions de travail que le Khammès, il reçoit la part de 1/4 de la récolte annuelle, puisqu’il fournit lui-même les instruments de production (moyens de travail et semence) tout en restant libre de toute contrainte, et demeure en principe propriétaire des ses parcelles de terre ;

*la «Mossakat»-يساوى- :

c’est une forme de contrat conclue annuellement entre le preneur et le propriétaire de la terre, par laquelle le premièr s’engage à assurer pendant une année ou au cours d'une seule saison l’irrigation des espaces cultivés en échange d’une partie de la récolte. Elle varie selon la fertilité de la terre irriguée. Le preneur assure cette tache en respectant les conditions fixées de la répartition dans le temps (Nouba- ثاسغاث-) de l’eau qui est une propriété collective.

*La «mougharassat»-ثازوط-  :

 Le paysan preneur, s’engage à planter des arbres sur un espace déterminé (oliviers, amandiers..), tout en continuant à les entretenir, en échange soit du droit d’usage de la terre, jusqu’à ce que les arbres porteront des fruits, soit d’un droit permanent sur une part fixe du fruit (généralement de 1/3).
Ce rapport de production entre les propriétaires ruraux moyens et les petits paysans, est l’une des formes dominantes des rapports de production du monde rural, et qui coexiste avec les rapports communautaires propres aux Qbilas.

*la moisson امجار- à l'instar du dépiquage -اصاوث- 

Elles constituent des formes de rapports de production saisonniers: le producteur qui reçoit une partie de la récolte (blé tendre, blé dur, orge) et fournit sa force de travail est rarement payé en espèce

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III- Thèmes de recherche :
1°-Premier thème :


 Mouvements migratoires et identification des populations arabes berbérisées à travers le cas de Gzenaya. Il faut simplement préciser que durant des siècles, certaines tribus berbères sont restées intactes dans les régions montagneuses du Grand Atlas et des deux zones nord et centre du Rif. L’étude approfondie des textes les plus connus sur les mouvements migratoires permet d’isoler les tribus berbères avoisinantes (celles du sud de Gzenaya) du couloir de Taza et des plaines orientales comme étant issues des populations arabes essentiellement hilaliennes. Il est à rappeler que les Hilaliens  (issus du sud de l'Egypte) avaient été engagées dans l’armée par les Fatimides (910-1049grég.) dans le but de consolider les forces militaires qu’ils avaient engagées contre les Amazighs du Maghreb. Les populations hilaliennes seront ensuite récupérées et réintégrées à l'armée régulière par les almoravides- المرابطون -(430-451H./1038-1146Gr.) et par les Almohades - المو حدون –(1147-1270). Après la défaite militaire de ces derniers contre les Mérinides (1269), les Hilaliens décidèrent tout simplement de s’installer définitivement au Maroc, et beaucoup d’entre eux se sont progressivement «berbérisés» au contact des tribus amazighes plus particulièrement au Maroc. C’est le cas des populations avoisinant la partie Est du Rif, alors que selon Ibn Khaldun, les tribus actuels de «Doukkala» "d’origine berbère" se sont totalement arabisées à l’instar de la majorité des «Jbala» avoisinant la partie Ouest du Rif. (pour n'évoquer que les plus cités par les grands historiens).
Il faut rappeler que suivant les études de A. Laroui et de Charles André Julien, c’est grâce à l’arrivée et à l’installation des Hilaliens originaires de l’Egypte (vers 1052) sous le règne des Fatimides, que fut réalisée cette symbiose culturelle exceptionnelle entre arabes et berbères (après une période de perturbation et de confrontation qui repoussèrent les Berbères loin des grandes plaines vers les montagnes).
Sur un plan plus général, Ibn Khaldun distingue deux grandes familles de berbères :
1. Les Berbères «Branès» qui avaient comme ancêtre un certain Barrnas ou Barrnoss ;
2. Les Berbères «Madaghis» en tant qu’ancêtres des «Zahhik» et des «Maknassa». Ibn Khaldun intègre aux Maknassa (en tant que descendants des Madaghis) les populations installées au nord et au centre du Rif, Tsoul, plaine de Guercif, bassin de Moulouya, le moyen et haut Atlas orientaux. Ainsi sont exclues les tribus du sud du Rif de la classification des anciennes tribus berbères qu’il avait minutieusement recensées en fonction des mouvements migratoires.
En partant des conclusions que nous avons arrêtées à partir de l’étude de cas, nous pouvons affirmer que l’installation des populations du sud de Gzennaya dans la zone qui sera appelée par le Protectorat «le Haut Msoun» (et qui donnera naissance au lendemain de l’indépendance à l’entité administrative du cercle d’Aknoul) est donc très récente, elle oscille entre la fin du 18ème et la fin du 19ème siècle. A notre connaissance, il n’existe aucun vestige historique ancien (ruines, cimetières, expressions artistiques et traces dans les grottes etc.) dans cette région de Gzenaya Sud, à part un cimetière juif totalement altéré et abandonné que nous avions identifié du côté de «Malal ou Marar». De même que les édifices d’habitation sont toutes récentes, ce qui consolide le caractère récent (18-19ème siècle) de la présence de cette population dans cette zone. Par contre, de nombreux vestiges anciens se trouvent au sein des tribus de «Acht Aâssem», plus particulièrement dans la région de Boured et au sein de la tribu dite «Iharrassen»…
L’ensemble de ces tribus («Aicht Aâssem» d’Ajdir et de Boured + «Acht Younès» de Tizi Ouzli et environ) situées au nord de la chaîne de montagne allant de «Chouyene» du côté de Ain Hamra et des «Ihachryenne» en se prolongeant vers «Azrou Akachar» du côté de «Braret», sont historiquement et culturellement séparées des tribus du sud de Gzennaya que nous avions citées précédemment (voir carte). Les premières sont historiquement tournées vers le nord et rattachées par des liens de sans aux tribus «Béni Ourieghal» du côté d’Alhoceima, «Béni Tawzine» entre autres. Il faut admettre qu’en ce qui concerne ces deux groupements de population du Rif (Sud de Gzennaya et les autres tribus tournées vers le nord précitées), diffèrent essentiellement à tous les niveaux : sociologique et linguistique : «scission» et «fusion» segmentaires, dialecte, mode de vie, gastronomie et l’essentiel du vocabulaire amazigh etc.

2°-Deuxième thème de recherche :

Eparpillement et unification des tribus de Gzenaya au cours des deux derniers siècles jusqu’à l’indépendance du pays, leurs liens complexes avec l’Etat central makhzénien et leur rôle réel dans la lutte contre le colonialisme
L’Armée de Libération a subi (au cours de la première période d’indépendance -1956-1961- (sur l’ensemble du territoire du pays) un traitement discriminatoire et éliminatoire de la part des différentes élites politiques au pouvoir (aristocratie politique formée autour du prince héritier Mlay Elhassan) et en dehors du pouvoir (dirigeants ultraconservateurs du parti de l’Istiqlal avant sa scission).
Nous nous contentons ici du traitement subi par la plus importante et la plus déterminante d’entre elles, à savoir l’Armée de Libération du Rif-Gzanaya qui était dirigée principalement par Abdelkrim Alkhattabi à partir de l’Egypte avec l’aide du FLN algérien ( grâce au rôle historique de Boudiaf et de Ben Bella) .
Il s’agit de l’axe de combat qui prit sa source au Caire avec l’initiative historique de Abdelkrim, par l’intermédiaire des deux fondateurs incontestés de l’Armée de Libération du Rif (Abdellah Senhaji et Abbass Lamsaâdi), avec l’aide des organisateurs locaux de la lutte armée des tribus Gzanaya (Châaib Laghmarti, Abderrahman Laghmarti, Aâyyad Laghmarti, Alghabouchi, Azzaki pour ne citer que les plus actifs d’entre eux), pour se terminer par le grand stratagème (dit «Triangle de la Mort») visant le démantèlement armé des Etats Majors français de Boured, d’Aknoul et de Tizi Ouzli qui poussa inéluctablement l’armée française à entamer son retrait définitif de la zone rifaine de Gzennaya.
Il faut préciser (à contre courant de l’histoire officielle), que cet axe de combat fut géré et organisé en dehors des contraintes politiques liées à l’exil forcé du Sultan Mohamed V. Plus précisément, la libération du Sultan ne faisant pas partie des revendications explicites ni des objectifs essentiels du Mouvement, tel qu’il fut parrainé par Abdelkrim Alkhattabi.
La récupération politique et la neutralisation de l’aile modérée de l’Armée de Libération du Rif par l’Etat Makhzen (à l’instar d’autres fractions nationales de résistance), ne devinrent effectives qu’après le retour du Sultan de l’exil et la création des Forces Armées Royales.
Le parti de l’Istiqlal (encore uni au lendemain de l’indépendance) a largement contribué à l’affaiblissement et à la mise à mort politique de l’aile radicale de l’Armée de Libération.
Les éléments irréductibles de l’AL furent emprisonnés, torturés, voire assassinés (cas de l’assassinat de la figure historique Abbas Lamsaâdi est hautement significatif) par les nouveaux services de renseignements de l’armée et du ministère de l’intérieur du premier gouvernement du Maroc indépendant. Même Ben Barka (étant président du Conseil Consultatif) avait lui-même tenté de jouer le rôle de médiateur entre le pouvoir, le parti de l’Istiqlal et les dirigeants de l’Armée de Libération afin de dissuader ces derniers à déposer les armes en échange de quelques miettes de dédommagement. Il eut été malmené et renvoyé bredouille par les combattants de Libération de Gzannaya lors de sa visite à Aknoul à la veille de l’assassinat de Aâbbas Lamsaâdi à Fès. Une telle coïncidence donnera l’occasion aux agents du Ministère de l’intérieur de créer un lien de cause à effet entre la visite de Ben Berka à Gzanaya et l’assassinat du leader de l’Armée de Libération du Rif. A ce propos, il faut préciser que la campagne calomnieuse contre le leader national M. Ben Barka, n'eut été orchestrée par les médias du Makhzen qu'après son assassinat intervenu en octobre 1965 dans le but de jeter du discrédit sur son rôle révolutionnaire au double niveau national et international.

3°- Rappel sommaire de l'Etude de cas du Grand Gzenaya :

Le GRAND GZENAYA englobe deux groupements de populations qui ne sont liés ni par l’histoire de l’émigration, ni par la culture, mais partagent la langue amazighe rifaine de leur région (VOIR CARTE et SITUATIONS GEOGRAPHIQUES détaillées des différents groupements de population ci-jointes)

1-Premier groupement : Populations (d’origine essentiellement arabe et hilalienne) tardivement berbérisées du SUD DE GZENAYA qui occupent la grande ceinture EST-SUD ayant émigré du sud vers le nord et de l’EST vers l’ouest. Nos recherches ont conduit à conclure que cette zone ne faisait pas partie du Rif amazigh puisque ces populations (d'origine arabe et hilalienne) ne parvinrent à s'y installer qu'à partir du début du 19ème siècle et ne sont intégrées à la région dite Gzenaya qu'avec la colonisation française.  la ZONE-SUD de Gzenaya est constituée de :
a-) ZONE SUD : Population qui avait émigré vers le nord (c'est-à-dire vers le sud de Gzenaya) à partir du couloir de Taza et de Braness (Feddan Lakbir, Malal, ELmarj, Tighezratine, Tacherbent, Ihammouten, Bouyesli, Ichawyen, Ouled Abdellah, Ouled Tawenza, Bouhdhoudh ;
b-) ZONE EST : Groupement de population qui avait émigré vers l’OUEST c'est-à-dire vers l’EST de Gzennaya à travers les plaines de Guercif et de Tawrirt ( Tizroutine, Salwan, Ibdharssen du côté de Mezguitem, Talghat, Béni Boujetto, Ikhabbaben, Acht M’hand, Timadhgirt).Ces populations font partie des "Arabes Hilaliens" originaires du sud de l'Egypte et du Soudan qui avaient été installés par les Almohades dans les plaines de Tawrirt-Mouloya avant de les intégrer dans l'armée et de les envoyer ensuite au sud de l'Andalousie pour faire face à l'offensive des croisés d'Alphonse II.  
2- Deuxième groupement : Tribus rifaines (amazighes à l’origine d’Izanayen par références historique et linguistique aux «Isenhadjen» ou «Izenagen»  (voir NOTE 2) en Lybie  (selon Ibn Khaldoun à l'instar des Amazighs kabyles en Algérie  et des descendants des Numides selon Léon l’Africain) du NORD DE GZENAYA constitués de :
a-) Acht Âssem de la région d’Ajdir et de Boured : Boured et Béni Bouâyyach, Inahnahen, Iharassen, Ikhawanen, Thamjount, Izekrifen, Ihachryen, Ain Hamra, Ikarouâan, Braret, Ayar Ouayahdhoudh..
b-) Du côté de Tizi Ouzli (Acht Younès de Taghilast, Achet Outhawzin et Acht Outhfassith situées sur la plaine à la limite de Quassita)
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IV- Quel modèle de développement pour la région Gzenaya ?

A- AXE A DE DEVELOPPEMENT de la zone Gzenaya et de la ville d'Aknoul: A propos de la gestion locale actuelle minée à la source en tant que «mode de gestion empirique de boutique» fondé sur les relations clientélistes à caractère tribal et non sur des critères de compétence

Remarque préliminaire :  

les obstacles (dressés à la source) au développement de la zone de Gzennaya gravement encadrés par l'administration régionale de l'Etat Makhzen. 

*Il s'agit en premier lieu d'une gestion locale conditionnée directement par le statut spécifique accordé par l'Etat makhzénien (en l'occurrence le ministère de l'intérieur et ses services de renseignement) à cette zone en tant qu'espace particulièrement sensible et dont la population doit être hautement surveillée à l'instar des provinces du Sahara Marocain!!!) . Un tel statut interdit par conséquent toute participation des compétences régionales (cadres de haut niveau de formation) à la gestion locale, partant (à la base et en amont) de l'organisation des élections législatives et communales qui demeurent durablement conditionnées par les rapports de clientélisme fondamentalement influencées par une poignée de notables et usuriers locaux (sans trop de commentaires);

*Deuxième obstacle : les réticences et la démotivation des cadres de la région (majorité silencieuse) qui n'ont pas réussi à se débarrasser d'une "culture" (ou penchant) "tribaliste" qu'ils ont héritée de leurs ancêtres hilaliens arabes à caractère conflictuel (de type segmentaire) à l'égard des Compétences intrinsèques issues du Grand Gzennaya. Il s'agit à titre de rappel du même paramètre sociologique qui fut à l'origine des distorsions entre les membres de l'AL (جيش التحرير) au début de l'indépendance (voir deuxième thème  de la présente Etude -infra ).

*Le Conseil local –المجلس البلدي- n’a pas réussi jusqu’ici à rationaliser les compétences et les attributions que lui garantit la loi plus particulièrement en matière d’aménagement du territoire (et ce, depuis la Décision communale qui fut élaborée par l’ex-Conseil Rural au cours des années 1990 portant sur un un programme de l’aménagement territorial de la ville d’Aknoul).
Il est à rappeler que du point de vue théorique, les compétences locales s’exercent dans plusieurs domaines : développement économique et social, finances, fiscalité et biens communaux, urbanisme et aménagement du territoire, services publics locaux et équipements collectifs, hygiène, environnement, équipements et actions socio-culturelles (en dehors du festival des amandes mal géré ), coopération décentralisée dans le cadre d’un accord de partenariat avec d’autres villes. Elles s’ajoutent aux compétences exercées au nom de l’Etat dans le cadre du mouvement de décentralisation : état civil, santé, gestion de l’eau, formation professionnelle et sauvegarde des monuments historiques. Mieux encore, les compétences doivent s’élargir vers la promotion et l’utilisation à bon escient des TIC (Technologies d’Information et de Communication) et services internet en faveur des jeunes cadres de la zone ou de la région.
*Une bureaucratie de gâchis anti-compétences régionales : Les cadres de la zone ont fait part de leurs difficultés à trouver un interlocuteur parmi les élus locaux et l’administration. Cette rupture se combine à l’absence d’une politique de ressources humaines, cela pèse lourdement sur la capacité d’innovation et d’initiative des cadres et des agents de l’Etat qui considèrent ne pas être suffisamment impliqués.
*Mode de gestion empirique, fractionné, incohérent et sans vision globale de développement durable pour la région
*Aucune prise en compte des paramètres historiques, géographiques et culturels spécifiques à la zone de Gzenaya
*Les élus locaux font preuve d’incompétence et d’ignorance en matière de politique de régionalisation avancée susceptible de redonner à la zone Gzenaya un rôle dynamique sur le plan économique, culturel et touristique
*Absence totale d’une politique de protection de l’environnement, de la préservation et de l’exploitation rationnelle du patrimoine forestier

*La gouvernance locale est centrée en permanence sur trois volets partiels et éparpillés de l’histoire et de la vie monotone des citoyens de la zone de Gzenaya, à savoir :
1-Un interminable discours obscurantiste et rétrograde centré sur la sacralisation de l’histoire de la «résistance» (المقاومة) intégrée à la vision restreinte de l’administration makhzénienne qui n’est fondée sur aucun paramètre scientifique et objectif qui permettrait de réhabiliter le rôle héroïque des vrais combattants de l’Armée de Libération du Rif gzenayi
2-L’élaboration et l’exécution des mini-marchés locaux et fractionnés qui ne répondent nullement aux besoins de la population et sans respect des normes minimales relatives aux travaux d’assainissement et aux objectifs ambitieux de la régionalisation avancée
3-Réduction gravissime du développement économique au seul «Festival des Amandes» (موسم اللوز) qui est loin d’être géré en tant que secteur central de développement. Cependant, dépendre d’une seule activité n’est pas prometteur. L’attractivité d’une ville se construit sur des facteurs économiques, géographiques, humains et culturels pour qu’elle émerge vers la modernité et le développement durable. De plus, la gouvernance locale de la ville doit s’inscrire dans la nouvelle approche de développement du pays et dans la dynamique actuelle de la montée des villes-acteurs au Maroc. la compétitivité d’une ville n’est possible que dans le cadre d’une mobilisation globale, bien réfléchie et concertée des différents acteurs de la ville

B- AXE B DE DEVELOPPEMENT : Quelques propositions fonctionnelles et concrètes pour dynamiser le développement durable de Gzenaya 

1°) Des commissions opérationnelles dotées de compétences régionales dans le cadre d’une Association intégrant les cadres de la zone de Gzenaya

Il est à rappeler que nous avions proposé dans le passé à l’occasion de l’élaboration d’un projet de création d’une Association pour la culture et le Développement de la zone de Gzennaya (digne de l’histoire héroïque des populations à dominante amazighe) un programme de bonne gouvernance qui prévoyait la création des commissions de travail, de compétence et de concertation avec les élus locaux et les représentants régionaux des différents ministères du gouvernement marocain, à savoir :

1-*-Commission:

  Composée d'artistes, littéraires, peintres et divers intellectuels originaires du Grand Gzenaya, chargée de promouvoir le projet ambitieux digne de la région : Créer, organiser et gérer un "Moussem International d'Aknoul" à l'image des Moussem culturels crées dans diverses "villes modèles" du Maroc tel que la petite ville d'Assila, dans le but :
-D'élargir l'espace du dialogue des cultures et civilisations;
-De créer une Université qui doit fonctionner comme une structure de formation certes, mais aussi comme le lieu d'organisation des Colloques autour des thèmes centraux liés à l'histoire et à la culture amazighes du Grand Gzenaya ;
-De développer les infrastructures culturelle (Bibliothèque, musée, salle d'exposition des arts), sociale (logements sociaux, services sanitaires) et historique (conservation du patrimoine matériel et immatériel de la zone Gzenaya) ;
-Créer et dynamiser une structure ambitieuse pour la jeune génération dont le rôle est axé sur l'usage et la maîtrise des nouvelles technologies (TIC -Technologies d'Information et de Communication-, internet)

2-*-Commission

 chargée de développer des relations de travail avec le tissu associatif de la société civile et d’encadrer des conférences et des réunions de travail de recherche dans divers domaines de connaissance auprès des cadres nationaux et de l’intelligentsia originaire de la zone de Gzennaya;

3-Commission

 chargée de nouer contact avec la communauté marocaine d’origine rifaine résidant à l’étranger en vue de l’aider et de la dissuader à drainer les avoirs financiers vers des projets de développement de la zone de Gzennaya;

4-Commission

 chargée de la protection de l’environnement et de la préservation du patrimoine forestier de la zone;

5-Commission

 chargée de l’élaboration et de la conception d’un centre culturel doté d’un musée portant sur le patrimoine matériel et immatériel amazigh des tribus rifaines de Gzenaya ;

6-Commission

 chargée de la réhabilitation et de la revalorisation du rôle de la femme et des jeunes de la zone

2°)-Nécessité de dépasser les obstacles internes d'une gestion locale obsolète :

Il faut de prime abord suggérer au conseil de rendre intelligible le concept de «gouvernance», en tant que nouveau mode de gestion multidimensionnelle, de planification stratégique et opérationnelle, et en tant qu’outil analytique et opératoire qui s’inscrit dans la modernité, en dépassement du mode de gestion empirique actuel non doté de méthodologie et d’efficacité.
- Favoriser une meilleure articulation des compétences administratives existantes
-Elaborer un programme commun élus/administration
- Une plus grande responsabilisation des cadres et une revalorisation de leur fonction, combinant une précision claire de leurs attributions, leur cadre de rémunération, leur rôle tant à l’égard des élus que de la population
- développement d’une politique de communication interne
- L’appui au développement économique, avec notamment la recherche de subventions et des moyens financiers pour la sauvegarde du patrimoine historique et culturel à dominante amazighe de Gzenaya

3°) développement régional, gestion des ressources et politique de proximité

- A titre de rappel, quatre concepts opératoires doivent être pris en compte pour servir de grilles d’appréciation de toute gouvernance locale et de l’aménagement du territoire :
* La proximité ( gestion de bonne gouvernance et de proximité) et volonté soutenue de procurer des appuis techniques experts à travers des réseaux denses de collaborateurs;
* La simplification (gestion administrative et procédures liées à la vie quotidienne des citoyens et des investisseurs) ;
* La compétence (définition des compétences des nouvelles structures en matière de développement d’infrastructures liées aux équipements sociaux et de transport, à la formation théorique et technique des jeunes et à la maîtrise des contraintes économiques et écologiques);
* Economie (maîtrise des dépenses et perfectionnement de la fiscalité locale) et affectation rationnelle des dépenses à des fins de développements économique et culturels.
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C-  AXE C DE DEVELOPPEMENT : Les "mines d'or" de la ville d'Aknoul (un patrimoine mal exploité et en déperdition) : Deux plans de drainage d'eau hérités de la colonisation (à réhabiliter en vue de faire d'Aknoul une "ville modèle" propre, écologique et touristique) qui s'ajoutent aux potentialités économiques du patrimoine forestier 

Présentation :

Il faut rappeler que tout le discours obscurantiste et irrationnel tenu par les autorités et les élus locaux est axé exclusivement sur ce qu'on peut appeler les "thèmes trompeurs de camouflage" à savoir, la sacralisation d'une histoire falsifiée de la "résistance" (تاريخ المقاومة) depuis la décapitation de l'Armée de Libération (جيش التحرير) et la réduction gravissime des potentialités naturelles et agricoles du grand Gzenaga au seul "festival des amandes"(موسم اللوز), alors que les autorités coloniales avaient crée toutes les infrastructures de base pour faire d'Aknoul une ville modèle futuriste dotée (au triple plan écologique, économique et touristique) d'infrastructure de base, partant du développement et de la préservation du patrimoine forestier d'un côté et de la mise en oeuvre d'un système de drainage d'eau durable et sophistiqué vers le centre de la ville de l'autre. 

Malgré le renouvellement naturel de l'essentiel de la végétation forestière en raison de la haute pluviosité dont profite la zone de Gzenaya, nous enregistrons un recul du patrimoine forestier sur une distance d'une dizaine de kilomètres si nous retenons au préalable comme base d'appréciation le diamètre d'un cercle dans lequel est inséré le village d'Aknoul.
Il faut signaler que les espaces du sol de «forêt» restant perdent de plus en plus leurs qualités naturelles formant et préservant l’écosystème. La dégradation a été relevée à son double niveau  du biotope (facteurs écologiques de développement des espèces) et de la biocénose (équilibre biologique des êtres vivants) ! ce ne sont pas les seuls arbres qui font la forêt mais plutôt ses qualités éco-systémiques et bio-systémiques!
Cette dégradation gravissime s'ajoute à une très forte pression de l’élevage sauvage sur la forêt et l’environnement (huit fois supérieure aux normes mondiales à l'instar des forêts de l'Atlas) et à la perte du capital faunistique constitué de mammifères, d’oiseaux (sédentaires et migrateurs) et de reptiles. Une richesse qui fut jusqu'au début de l'indépendance l’une des plus riches du Maroc. Elle se combine à l'abattage clandestin menaçant la destruction de l’ensemble de l’écosystème hérité de la colonisation.

La politique reposant sur une vision intégrée de conservation et de développement des ressources forestières qui a été mise en place par le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts reste lettre morte particulièrement dans le cas du patrimoine forestier de grand Gzenaya en raison de l'incompétence et de l'esprit usurier qui règnent chez les responsables administratifs et les élus locaux d'Aknoul.

* Le premier plan de drainage d'eau : Il s'agit du "plan-traçage" doté de bornes visibles qui prennent leur départ à la source d' "Elmarj" (Arma) et qui se terminent sur la colline avoisinante du "Douar Jdid" situé dans la partie nord de l'hôpital. Il avait été conçu par les ingénieurs topographes de l'armée coloniale française dans le but d'alimenter le village en eau potable. La réhabilitation et la réalisation effective de ce plan-traçage combinée à l'utilisation à bon escient de l'eau permettraient de révolutionner le développement de la ville d'Aknoul appelé à s'ériger en "ville modèle" propre, écologique et touristique (à l'instar de la  ville d'Ifrane ou d'Assilah) dotée de sa propre source d'alimentation et de distribution d'eau susceptible d'améliorer durablement la qualité de vie de la population, d'étendre des espaces verts et de préserver le patrimoine forestier qui encadre la ville d'Aknoul.
*Le deuxième plan de drainage d'eau hérité de la colonisation : la canalisation souterraine (bâtie et déposée sous la rivière d'Ichawyen) qui était parfaitement fonctionnelle depuis 1930 jusqu'au début de la décennie 1970. Il prend sa source (dite "Bouhadhi") au nord de la ville et qui surgissait du côte de l'ancien terrain du foot Bal à l'entrée du quartier dit "La base". Il  s'agit d'un système de canalisation qui était alimenté au moyen des puits superposés et placés à intervalle de 300 mètres les uns après les autres (dont la mobilité de l'eau était assurée naturellement par une pente de 4° environ). La négligence des autorités locales combinée aux constructions anarchiques sur fonds de l'incompétence, du clientélisme et de la  corruption, qui s'ajoutent  aux comportements égocentriques d'une nouvelle génération de population sans scrupules, ont conduit inéluctablement à la destruction pure et simple  de cette infrastructure écologique qui fut autrefois le poumon du "village modèle" conçu avec rigueur et persévérance par les autorités militaires coloniales d'Aknoul !!!!!!!!!!

*Autre mine d'or : le patrimoine forestier en déperdition et des espaces verts totalement détruits qui cèdent tragiquement place depuis l'"indépendance" au monde de la "matière morte" des constructions sauvages et du béton. Nous précisons à titre de rappel amère par exemple que la zone dite "La base" était dotée d'un espace vert qui comportait toutes sortes d'arbres fruitiers (pommiers, vignes, oliviers..) protégé durablement par une ceinture de roseaux contre les débordements des eaux de la rivière sur une longueur d'un kilomètre (partant de l'ancien cimetière jusqu'à l'école primaire). Elle avait été confiée au début de l'indépendance à Si Mohamed Laârej (voir détail ci-dessous) qui avait su la protéger et entretenir jusqu'à la prise en charge des affaires locales par les élus locaux au début  des années 1970 qui décideront (en accord avec les autorités provinciales) de la transformer en chantier à béton (sur fonds du clientélisme et de la corruption) que nous découvrons avec amertume aujourd'hui.

Cartographie du patrimoine forestier (image Google 2019) :

 Sur l'ensemble de ce patrimoine hérité de la colonisation, seules les quatre zones (représentant environ 10 à 15 %  de l'ensemble de la forêt du Grand Gzenaya) ont pu survivre à l'abattage clandestin et aux effets dévastateurs de l'érosion et de la négligence des autorités locales :

-Zone A : Au sud Ouest d'Aknoul, formant le triangle Bouhdhoud (بوحذوذ) -Elmarj (ارما) - Malal (مرار);
-Zone B : A l'Est d'Aknoul et de Wizekht (واويزخث), formant le triangle : Talghat (ثارات) - Ifayouyen (افايوين) - Tizrouthine (ثيزروثين). Elle est la plus touchée par l'abattage clandestin depuis l'indépendance et seul un éparpillement d'espaces verts ait pu survivre au massacre orchestré par les habitants de cette zone;
-Zone C :  Au nord Est d'Ajdir, au sein des tribus Acht Âssem (اشت عاصم) autour de Iyarwahdhoudh (اياروحذوذ) et d'Ikhawanen (ايخوانن);

- Zone D : Au nord Est de Tizi Ouzli appelée Réserve Beni Tawzin  (اشت اوثوزين)

*Il faut préciser à notre amère regret que seul un "ingénieur - artisan" ait pu veiller sur le renouvellement des qualités éco-systémique et bio-systémique du patrimoine forestier (ou de ce qui en reste)! : La pluie 

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C- AXE C DE DEVELOPPEMENT de la ville d'Aknoul:  Les enseignements à tirer d'un "modèle de gestion de la ville" (pour le développement d'Aknoul) en matière de modernisation et de gestion locale de bonne gouvernance : La ville d'Assilah (اصيلة)  

*Propreté, écologie, tourisme

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*Activités culturelles, Moussem international, rencontres, développement des arts

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*Conservation et rénovation du patrimoine


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V- Essai de réhabilitation (en images) des symboles du patrimoine amazigh des tribus Gzenaya

Nécessité posée de concevoir et de bâtir un musée  du patrimoine amazigh du Rif-Gzenaya au centre d'Aknoul

Le patrimoine des tribus du Rif acquiert un caractère matériel et immatériel (à l'instar des autres ethnies du Maghreb)

Rappel de la définition du patrimoine "matériel" et "immatériel" d'un peuple :
- Le patrimoine dit «matériel» : monuments, construction, sites archéologiques, objets d'art, richesses agricole et forestière, outils de travail,  etc.
- Le patrimoine immatériel : savoir-faire dans différents domaines, métiers, écrits et peinture, contes, chants, folklore et danse, connaissances écrite et orale, etc.

Nous relevons l'absence d'une étude spécifique sur la culture et le patrimoine amazighs du Rif-Gzenaya, malgré de nombreuses recherches qui portent sur la culture berbère à l'échelle du Maghreb en général. En raison du processus de déperdition et d'acculturation accéléré qui a frappé les tribus du Rif-Gzenaya au cours des quatre dernières décennies, nous considérons qu'il est de notre devoir de contribuer à la réhabilitation, à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine culturel (matériel et immatériel) au fondement de l'identité des populations rifaines tant soudées par les liens sociologiques et linguistiques historiquement constitués.

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Femme rifaine: habits, bijoux et ornement

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 thamakyasth Halakath Akharkhar   Image associéeImage associéeImage associéeRésultat de recherche d'images pour "images repression de la population du Rif 1958 et militarisation de la zone"Ghassoul 
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L'homme du Rif: habits, ornement

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Modèles de costumes du Rif (Mohamed ben Abdelkrim Alkhattabi ou l'incarnation de l'authenticité)

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Construction, artisanat et confort intérieur

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Instruments et moyens de production agricole

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Gzennaya gastronomie et accessoires de cuisine :

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Patrimoine végétal forestier 

Image associéeImage associéeImage associéeRbadjoudhRésultat de recherche d'images pour "chêne et pin du nord du Maroc  images"Rbadjoudh  Image associée Sasnou Résultat de recherche d'images pour "fruit les mûres du nord du Rif Maroc  images"Thabgha
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Patrimoine du Rif Gzenaya : Animaux et insectes de forêt

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Résultat de recherche d'images pour "animaux de forêt du nord du Rif Maroc  images" قطارا Image associée Perdrix (ثاسكورث)

 ثاسكورRésultat de recherche d'images pour "cigogne et hiboux Maroc  images"Image associéeثاذبيرث

 Image associéeLièvre sauvage  ( ثيازيزث)
 Résultat de recherche d'images pour "cigogne et hiboux Maroc  images" Le faucon du Rif (سيوان)



)Image associée Corbeau (ثباغرا )
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Le loup du Rif (اوشن



Résultat de recherche d'images pour "animaux sauvges  et renard de forêt du nord du Rif Maroc  images" Renard du Rif(اوهار)


 Cigogne (بلارج
Résultat de recherche d'images pour "cigale espèce animale images"La cigale du Rif (insecte chanteur) en extinction
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*Seul le sanglier ait pu résister au processus de disparition (extinction) des espèces animales de forêts, tout simplement parce sa viande est prohibée par la religion islamique

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Armes dans le Rif



Image associée


 Abbas Lamsaâdi (l'un des fondateurs historiques de l'ALN du Rif


   


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Instruments de musique et Folklore

Image associéeImage associéeImage associéeImage associée

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Image associéeRésultat de recherche d'images pour "gasba du Rif  Nador et Alhoceima images"Thamja (القصبة)

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NOTES :
(1)Etude de cas intégrée à notre ouvrage intitulé : «Contribution à la ‘reconstruction’ de la civilisation amazighe» - à paraître avant la fin de l’année 2019
(2)Selon les historiens de l’amazighité, les «Isenhadjen» ou «Izenagen», également appelés «Zenaga», est une grande fédération des tribus libyennes qui aura une influence majeure sur l’histoire de la Mauritanie, du Maroc, de l’Algérie et de l’Espagne. Suite à la conquête arabo-islamique, des tribus émigrèrent vers le nord en remontant jusqu’au Rif.
Les Sanhaja se considèrent eux même comme des Iznagen («les fils de Znag») en Amazigh. Les Sanhadja constituaient une des sept grandes et anciennes tribus des Branès suivant la définition d’Ibn Khaldun.
Emile Janier divise les Sanjajas en deux branches : les Kabylies (habitants des montagnes, ici Kabylie + Rif) et les «hommes au litham» (habitants du Sahara) tant décrits par le chroniqueur musulman Al Bakri.
Les fondateurs de la dynastie Almoravide sont considérés comme des descendants des Sanhajas. Ils règnèrent sur le Maghreb et sur l’Andalousie jusqu’en 1152 avant d’être défaits par les Almohades. Les principales variantes d’aujourd’hui de la langue Sanhaja sont : le Zénaga (en Maurétanie et au Sénégal), le Kabyle (en Algérie), le Rif, le Chleuh et le Sanhaja serait parlé dans le sud Ouest du Rif (au Maroc).
Quant à la thèse très équivoque de l’origine yéménite, arabe, voire cananéenne ou orientale des Iznagen, il faut faire les précisions suivantes : Cette thèse est issue du contexte qui était sous l’influence des Imams fanatiques et dogmatiques qui prônait la noblesse de l’affiliation à la personne du Prophète. Il n’est pas étonnant de voir des tribus islamisées vouloir accéder à l’élite sociale musulmane et être reconnues comme descendantes du Prophète. D’où cette tendance à vouloir falsifier l’histoire et à réduire la civilisation amazighe à celle valorisée au temps de l’expansion arabo-islamique au Maghreb. (A. S.)
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