-“ La production fondée sur travail crée d’une part l’industrie universelle, c'est-à-dire le sur travail en même temps que le travail créateur de valeur ;
et, d’autre part, un système d’exploitation générale des propriétés de la nature et de l’homme… Le capital commence donc à créer la société bourgeoise et l’appropriation universelle de la nature et établit un réseau englobant tous les membres de la société : telle est la grande action civilisatrice du capital. “(-KARL MARX-) (“Fondements de la critique de l’économie politique“)

-« Les racines de la notion de développement, peuvent être détectées dans trois courants qui on jailli de la pensée européenne à partir du XVIIIème siècle. Le premier de ces courants procède de la Philosophie des Lumières avec le concept de l’histoire comme une marche progressive vers la suprématie de la raison.Le second est lié à l’idée d’accumulation de richesse, pour laquelle l’avenir
est implicitement porteur d’une promesse de plus grand bienêtre.Le troisième, enfin, se rattache à l’idée que l’expansion géographique de
la civilisation européenne représente, pour les autres peuples de la Terre,considérés comme des « retardés » à des degrés divers, l’accès àdes formes supérieures de vie. L’apparition, au XVIIIème siècle, d’unephilosophie de l’histoirevision sécularisée du devenir social – assume avec l’Aufklàrung la formede la recherche d’un « sujet » dont l’essence se réalise à traversson propre processus historique. Les facultés attribuées parKantà la conscience du sujet transcendantal constituent le point de départ d’une vision globale de l’histoire, celle de la transformation du chaos en ordre rationnel. Avec Hegel,l’humanité assume le rôle du sujet, comme entité qui se reproduit selon une logique qui pointe dans la direction du « progrès ». Cette vision optimiste du processus historique, qui permet d’entrevoir le « futur possible » sous la forme d’une société plus productive et moins aliénante » (- CELSO FURTADO-)
(in « l’Internationale des Sciences Sociales » – UNESCO 1977 )

Rappel de l’explication marxistes de l’impérialisme et du développement inégal:

Développement inégal et sous-développement sont deux aspects du même procès global du capitalisme mondial.
Nous devons préciser de prime abord que nous refusons de nous incliner devant la prédominance idéologique hautement aliénante orchestrée par les instigateurs de la "Consommation de Masse" qui cherchent à créer l'amalgame entre le caractère scientifique et immuable de la théorie marxiste d'explication des lois du capitalisme (en tant que Mode de Production planétaire) d'un côté, ET l'évolution des rapports de domination capitaliste au stade de la mondialisation et du capitalisme financiarisé de l'autre.
Il s’agissait pour Marx de démystifier les formes d’aliénation et l’illusion monétariste (camouflant les rapports sociaux) qui caractérisent le capitalisme (considéré comme un «ordre naturel» par ses prédécesseurs fondateurs de l’Economie Politique, tels qu’Adam Smith et Ricardo), d’où la nécessité de définir les lois du fonctionnement du mode de production capitaliste permettant en même temps d’expliquer les possibilités de crise.
Selon Marx, les «catégories de l’économie bourgeoise, consistent en de telles formes (valeur, monnaie etc.), ce sont des formes de pensée qui expriment avec une validité sociale les conditions et les relations d’un mode de production défini, déterminé historiquement.».
Le marxisme s’est présenté comme un ensemble de concepts opératoires, en rupture avec la science économique bourgeoise (science statique ).
Cela dit, si le capitalisme mondial dans le contexte concurrentiel et du libre change a fonctionné sur la base des formes de régulation par les mouvements des marchandise (celles d’avant la première guerre 1914-1918), par contre les formes de sa régulation au stade proprement impérialiste articulent mouvements des marchandises et mouvements des capitaux en vue de dépasser les crises engendrées par la tendance à la baisse du taux de profit .
En effet l’approfondissement de l’intégration des économies anciennement colonisées dans le système capitaliste mondial, et leur insertion dans la sphère et l’orbite des impérialismes (français et anglais en l’occurrence ), n’ont intervenu que tardivement, coïncidant avec les nouvelle contradictions du capitalisme au stade impérialiste.
L’insertion de ces formations sociales dans l’orbite de l’impérialisme , s’est réalisée dés le début de la phase que Lénine définit comme phase du passage à l’impérialisme, malgré le ‘’retard’’ relatif de l’impérialisme français sur le plan de l’exportation des capitaux à l’époque d’avant 1914.
Sur cette étape charnière de la transition à l’impérialisme, Lénine écrit :

‘’les étapes principales de l’histoire des monopoles peuvent se résumer comme suite :
1-Année 1860-1880 : point culminant de développement de la libre concurrence…
2)-Après la crise de 1873, période de large développent des cartels…
3)Essor de la fin du XIXe siècle et crise de 1900-1903 : les cartels deviennent une des bases de vie économique tout entière. Le capitalisme s’est transformé en impérialisme’’.

Au cours de cette étape, la formation du capital financier va opérer des changements qualitatifs dans le développement des formes de régulation du mode de production capitaliste.
Ne se contentant pas de simples mécanismes du libre échangisme, le capital financier exige de nouvelles interventions au niveau du procès de production pour la production de la plus-value, en faisant intervenir les actions conjuguées de l’Etat et des groupes financiers.
Comme l’écrit fort bien Rudolf HILFERDING,

‘’L’idéologie de l’impérialisme apparaît comme une victoire sur les vielles idées libérales. Elle raille leur naïveté’’

Le capital financier se place à un niveau différent par rapport aux conditions historiques de la mise en valeur du capital dans la transition du capitalisme concurrentiel au capitalisme industriel.
Il articule les mécanismes de la mise en valeur du capital dans les colonies et l’intervention de l’Etat et des cartels internationaux, sans abandonner les mécanismes favorables à l’accumulation du capital créées par l’exportation des marchandises.
Il se place à un niveau différent aussi, en subordonnant le pouvoir politique pour lever les barrières et différentes contradictions qui s’opposent à son expansion dans les colonies.

Rudolf HILFERDING :

      
Il avait bien montré le rapport du capital financier avec l’Etat capitaliste dans le processus de reproduction sur le plan intérieur et extérieur :

‘’Ce que veut le capital financier, ce n’est pas la liberté, mais la domination, il n’a aucune compréhension pour l’indépendance du capital individuel. Mais il exige qu‘il soit lié, et il a horreur de l’anarchie, de la concurrence et réclame l’organisation afin de pouvoir engager la lute pour la concurrence à une échelle toujours plus élevée. Pour parvenir, il a besoin de l’Etat qui doit lui assurer sa politique douanière, le contrôle du marché intérieur et la conquête des marchés extérieurs. Il a besoin d’un Etat fort qui n’ait pas à tenir compte de sa politique commerciale, des intérêts opposés d’autres Etats, qui fasse prévaloir ses intérêts à l’étranger, un Etat qui puisse intervenir partout pour transformer le monde, entrer en sphère de placement, mener une politique d’expansion et conquérir de nouvelles colonies’’ ( Le Capital financier »-Editions de Minuit 1970 ).

Il faut signaler qu’à cette époque déterminante de l’histoire de la crise et de la régulation du capitalisme, nous assistions au développement de l’influence politique et économique des monopoles internationaux, et le capital financier n’agissait pas seulement dans un cadre national : l’affrontement entre groupes anglais, français, allemands, était essentiellement déterminé par la contradiction principale de l’impérialisme à cette époque, préparant les conditions du déclenchement de la première guerre impérialiste de 1914 – 1918 .

Lénine :


Il avait montré que la crise 1900-1903 qui se trouvait au cœur de cette phase eut été provoquée ‘’essentiellement sous le signe des cartels’’ et par le rôle montant et qualitativement nouveau des monopoles, créant tantôt ententes, tantôt conflits pour le partage du monde. Il définit l’impérialisme comme expansion spatiale du colonialisme et comme résultat de la suraccumulation du capital. Celle-ci étant une caractéristique du capitalisme monopoliste d’Etat.
Sur l’impact de l’impérialisme sur les pays sous-développés, il écrit :
« tant que le capitalisme reste le capitalisme, l’excédent de capitaux est consacré non pas à élever le niveau de vie des masses dans un pays dominé, car il en résulterait une diminution des profits pour les capitalistes, mais à l‘augmenter par l’exportation des capitaux à l’étranger, dans les pays sous-développés » ( in « l’impérialisme stade suprême du capitalisme »- Editions sociales- 1971- page 86)

Les conflits survenus entre les puissances européennes avaient été réglées superficiellement par la voie diplomatique particulièrement entre 1880 et 1914, alors que les contradictions réelles qui allaient aboutir au premier conflit mondial, s’expliquaient par des mécanismes profonds de la sphère des rapport économiques et politiques unissant et opposant les classes dirigeantes des différents pays industrialisés, et en particulier la bourgeoisie industrielle britannique à l’ensemble du prolétariat et de la paysannerie dans le monde.

Rosa Luxemburg :




L’extension du capitalisme vers les secteurs et les pays non capitalistes, est une question de réalisation du produit social ( accroissement des débouchés), plus particulièrement de la plus-value, et qui répond donc à une sorte de négation des contradictions internes du capitalisme.

«L’impérialisme, écrit elle, est l’expression politique du processus de l’accumulation capitaliste se manifestant par la concurrence entre les capitalistes nationaux autour des derniers territoires non capitalistes encore libres " (in « l’accumulation du capital »- Maspéro – page 115)  

Il s’agit donc pour R. Luxemburg, d’un transfert de plus-value des pays dominés vers les pays développés à travers les échanges internationaux, dans les conditions d’inégal développement.
La relation d’exploitation de la force de travail (prolétariat et producteurs paysans) qui fonde l’essence même des rapports entre les pays capitalistes et les colonies, est liée surtout à cette tendance interne et inhérente au capitalisme à imposer le développement inégal
Impérialisme et mondialisation

L’ensemble de ces nouvelles conditions d’intégration mondiale et la financiarisation du capitalisme, conjuguées au processus de dématérialisation de la monnaie et de l’interconnexion informatique (interconnexion des banques et des marchés), imposent la nécessité de revoir les anciens schémas théoriques explicatifs des relations économiques internationales, des motivations méthodologiques d’élaboration des politiques économiques nationales et du sous-développement sur la base des critères classiques de la dépendance et de l’opposition Centre / Périphérie etc.
La mondialisation contribue ainsi au regain d’intérêt pour les théories englobant l’ensemble des paramètres financiers, technologiques et écologiques, qui s’ajoutent à la déconnexion entre l’espace économique mondialisé et l’espace politique propre à l’Etat-Nation.
Si les Etats du Centre capitaliste perdent de plus en plus de capacités à s’imposer à la « tyrannie des marchés » (en l’occurrence les marchés financiers), et à contrôler les flux des capitaux et les gestions impitoyables à haute rentabilité des Multinationales, il devient encore plus difficile, voire impossible pour les Etats en voie de développement d’élaborer librement et rationnellement des politique économiques (encore moins des politiques d’industrialisation) dans les nouvelles conditions de régulation du capitalisme financier, et de gestion des relations internationales à l’ère de la mondialisation .
A ces nouvelles conditions d’intégration mondiale et de la financiarisation du capitalisme, s’ajoutent l’importance de plus en plus grandissante du processus de dématérialisation de la monnaie, de l’interconnexion informatique et des mesures draconiennes liées à la « sécurité économique » dans la gestion de l’économie mondiale, au-delà des attributions de l’Etat-Nation.
Avec l’intervention massive de l’Etat, et le rôle de plus en plus important des monopoles et des sociétés multinationales dans la seconde moitié du vingtième siècle et du début du vingt et unième siècle, se développèrent de nouvelles formes de régulation de type inflationniste et de nouvelles formes d’exploitation de la force de travail qui s’épuisent avec la crise qui viennent de s’ouvrir en 2008 dans de nouvelles conditions de financement et d’endettement.
Ce sont les formes de régulation suivies généralement de métamorphoses structurelles qui connaissent des changements significatifs, particulièrement au stade actuel de capitalisme financier (caractère inflationniste et rôles des apports financiers étatiques et extérieurs, retour des politiques économiques d’obédience keynésienne, délocalisation du capital, changement dans les rapports de force dans les relations économiques internationales etc.).
    
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