samedi 6 juin 2020


A propos du modèle de développement : Présentation
Nos recommandations sont adressées plus particulièrement aux grands décideurs (صانعي القرار) de l’Etat et au «Comité d’experts» (مجلس الخبراء) souhaité par le Roi qui sera chargé d’identifier et de désigner les nouvelles «compétences» nationales dans le cadre des réformes à entreprendre pour corriger la nature et la trajectoire du modèle de développement adopté par le pays depuis l’indépendance.
Le présent texte comporte essentiellement des outils de réflexion d’ordre méthodologique sur les enjeux politiques, économiques, financiers et technologiques pour le Maroc futur à l’horizon 2030.
Dans le cadre d’une large concertation entre Etat, partenaires sociaux, syndicats et associations de la société civile, le nouveau modèle de développement doit prendre en compte les volets essentiels suivants :
-Volet politique ;
-Volet économique ;
-Volet social ;
-Volet Recherches et Développement ;
-Volet fiscal

I- LE VOLET POLITIQUE :

*Sans chercher à nourrir naïvement l’illusion d’un Maroc nouveau et démocratique apte à entrer sérieusement dans l’ère de la modernité et du développement susceptible d’être miraculeusement crée par simple décision formulée au plus haut niveau de la pyramide du pouvoir, nous devons avoir le courage d’affirmer qu’il ne peut y’avoir de réformes structurelles (politiques, économiques et sociales) réelles sans une volonté politique qui garantirait la mise en œuvre d’une réelle MONARCHIE PARLEMENTAIRE en dépassement de la MONARCHIE EXECUTIVE actuelle, qui se conjugue à la formation d’une réelle MAJORITE POLITIQUE issue légitimement de la volonté du peuple et apte à instaurer l’Etat de droit qui combine la double fonction d’ETAT INSTIGATEUR DE DEVELOPPEMENT et d’ETAT PROVIDENCE capable d’assurer une prise en charge sociale en faveur de larges couches de la population du pays.
* Avec l’obligation de désigner les dirigeants de l’Etat au sein des partis politiques incompétents et bureaucratiques, la montée en puissance des lobbys et des holdings privés coiffés par une poignée de familles richissimes, l’affaiblissement de l’institution du gouvernement incapable de s’ériger en véritable instigateur de développement, la mauvaise gouvernance qui frappent les élus locaux et le retour du pouvoir exécutif (marquant le retour de l’article 19 de l’ancienne constitution) épaulé par un gouvernement inefficace et incohérent, c'est l'immobilisme politique et l'accentuation des mouvements sociaux qui s’imposent inéluctablement à l’horizon.
A ce niveau d’analyse structurelle et fonctionnelle, nous pouvons déduire que les réformes constitutionnelles de 2011 en matière de séparation des pouvoirs (Roi, gouvernement, parlement) deviennent obsolètes et sans effets sur la démocratisation et le développement économique du pays.

II-) LE VOLET ECONOMIQUE :

1°- Réajustement structurel et profondeur du salariat public et privé en vue de l’amélioration de la Demande Globale et l’expansion du marché intérieur, création effective d’un Revenu Minimum Universel de Subsistance (RMUS) en faveur des couches défavorisées. Mesures concrètes de défiscalisation du capital des PME et des prestations sociales, valorisation des salaires plus particulièrement du revenu minimum, élargissement de la prise en charge sociale.
2°) Consolidation de l’appareil productif en dépassement de la gestion de non croissance et de désinvestissement, création des conditions financières et administratives favorables à la relance des investissements..), bref, remédier efficacement à la faible capacité productive de l’économie engendrée par la faible part de la FBCF (Formation Brute du Capital Fixe) reflétant ainsi un faible effort d’investissement dans des activités de haute technologie génératrices de richesse et créatrice de valeur et d’emplois
3°)- Réforme en profondeur du système financier en obligeant d’une part les banques à développer un modèle de gestion à caractère réellement social (facilités accordées aux citoyens de bénéficier des taux d’intérêts proches de zéro pour tout service à caractère social et des formes de crédit adaptées tel que le microcrédit non contraignant et.), et de l’autre part, de prendre en charge les frais inhérents au crédit destiné la formation et à l’acquisition des logements
4°)- Prendre des mesures volontaristes qui obligent les familles richissimes à rapatrier leurs avoirs à l’étranger ( y compris dans les paradis fiscaux) en vue de les investir dans des activités de formation et de recherches génératrices de valeurs et de richesses et créatrices d’emplois : Pour le rappel, les familles marocaines fortunées possèdent 1/3 de leur richesse à l’étranger, dont l’essentiel dans les paradis fiscaux et le montant annuel de fuite des capitaux du Maroc est estimé à 1,5 milliards de dollars, soit environ 15 milliards de dirhams ( Selon le Rapport de Global Financial Integrity – GFI-)

III-) LE VOLET SOCIAL :

1°) Elaboration d’un programme ambitieux du gouvernement au moyen de politiques économiques axées sur une réelle prise en charge sociale,
2°) Conception des structures fonctionnelles pour lutter contre les inégalités territoriales, économiques et sociales, élaboration d’un programme ambitieux pour aider les populations qui vivent dans des situations précaires dans les campagnes et dans les villes,
3°) Redéfinition des programmes de l’INDH en passant de l’état de l’assistanat au stade de l’incitation à investir et à créer des valeurs ajoutées, de la création et de l’investissement productif).
4°)- Solutionner durablement les problèmes de pauvreté et réduire significativement les inégalités en élaborant sérieusement un FNAS (Fonds National d’Aide et de Solidarité) élargi, centralisé et continuellement audité par des Autorités compétentes et certifiées. Il doit être financé plus particulièrement sur la base de mesures légales de prélèvements obligatoires sur les grandes fortunes , l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, les avoirs financiers stagnants en banques, les activités spécifiquement non productives et superflues non créatrices de richesses et d’emplois ( jeux, alcool en l’occurrence),
3°) Politique volontariste, non discriminatoire et transparente en matière de recrutement des cadres de l’Etat : Il faut nécessairement cesser le recrutement des cadres du pays au sein des partis bureaucratiques et de la seule sphère familiale et clientéliste, en s’ouvrant sur les compétences nationales issues du peuple

IV-) VOLET Recherches et Développement :

1°)- L’affectation d’un budget significativement efficace pour les Recherches et Développement (au moins 4% du PIB) si le pays aspire à rattraper le retard en matière d’industrialisation et de développement de nouvelles technologies, y compris dans les nouveaux domaines mondialisés relatifs aux technologies numériques, au digitale et à l’intelligence artificielle ;
2°)- Faire entrer les jeunes dans la «société du savoir» et dans le monde des T.I.C. (technologies d’Information et de Communication) issues de la T.N. (Technologie Numérique) en tant qu’utilisateurs à bon escient (aux fins de développement durable) du savoir hautement technologique dans des activités efficacement opérationnelles, telles que le digitale, l’intelligence artificielle, l’I.E. (Intelligence Economique), la S.E.(Sécurité Economique), la biotechnologie et le langage à caractère universel de l’interconnexion informatique etc.

V-) LE VOLET FISCAL :

1°)- Mettre en place un dispositif fiscal qui dissuaderait les riches à payer assez d’impôt ( au moins 3/4 de l’Impôt sur le Revenu), à l’instar des fortunés français : 10% des revenus les plus élevés en France apportent 74% de l’impôt ; 1% des personnes les plus riches apportent à l’Etat 37% de l’Impôt sur le Revenu ) ; l’Impôt Sur les Fortunes (ISF) assurent assez de recettes à l’Etat pour lutter efficacement contre les situations précaires, les inégalités et la pauvreté : Plus de 350000 riches en France paient annuellement en moyenne 145000 euros chacun. Ces prélèvements hautement significatifs en matière de justice sociale constituent des compléments du modèle de distribution qu’incarne l’Etat providence
2°) Diminution des impôts sur les bas revenus et redéfinition des barèmes de prélèvements de l’Impôt sur le Revenu en faveur des bas salaires, exonérations de paiement d’impôt pour le salaire minimum..

(Ahmed SAIDY)

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